Térébenthine, Carole Fives, Gallimard, 2020, lu en poche, 191 pages.
« Un bon peintre est un peintre mort. »
Lorsque la narratrice s’inscrit aux Beaux-Arts de Lille, la peinture est considérée comme obsolète. Il faut à tout prix utiliser les médias, les nouvelles technologies, l’art est conceptuel et sûrement pas esthétique. On parle de performances, on ne dessine plus, on laisse de côté les tubes de peinture. Alors comment faire lorsqu’on souhaite peindre ? On est relégué dans les sous-sols de l’école… et on est la cible de moqueries…
Voilà un livre qui se lit d’une traite avec jubilation. Le style est enlevé, les nombreux dialogues apportent du dynamisme à l’ensemble. Autobiographique sûrement, peu importe, c’est une critique acerbe des écoles des Beaux-Arts qui imposent une vision de ce que doit être l’art, à ses étudiants. Le texte est à la seconde personne du singulier ou du pluriel quand il s’agit des trois compères, Luc, Lucie et la narratrice. Cela donne vie aux personnages et crée une complicité avec eux pas inintéressante, on est en leur présence, on les observe de près et on a l’impression de vivre ce qu’ils vivent. Et en même temps, cela permet à l’auteure de prendre une distance avec sa narratrice. On éprouve de l’empathie pour ces trois étudiants. Leurs débats sur l’art, leurs façons différentes de le représenter sont passionnants.
J’ai appris plein de choses, j’ai eu envie de découvrir plein d’artistes, de fouiller cette histoire de l’Art. C’est passionnant et touchant. J’ai particulièrement aimé le chapitre dans lequel la narratrice présente les artistes femmes que le professeur n’avait jamais évoquées.
C’est de cette expérience que naitra l’auteure… les mots remplaceront peu à peu la matière picturale.
C’est une surprise pour moi, je ne m’attendais pas à apprécier ce texte de cette manière. Il m’a été conseillé par une libraire et je l’en remercie.