1928 à Perdido. Alors que le clan Caskey se déchire dans la guerre intestine et sans merci que se livrent Mary-Love et sa belle-fille, et tandis que d’autres crises – conjugales, économiques, existentielles – aux répercussions défiant l’imagination se profilent, dans les recoins sombres de la maison d’Elinor, la plus grande de la ville, les mauvais souvenirs rôdent et tissent, implacables, leurs toiles mortelles.
Pourquoi ce livre ? Je n'ai pas attendu trois ans pour me plonger dans cette série feuilleton. C'est presque un miracle. La publication originale étant de toutes les deux semaines, et étant une rebelle par nature, je lis un tome par mois (parce que c'est compliqué d'enchaîner les tomes d'un univers en tenant un blog).
La Maison est un tome différent des précédents. On ne peut pas dire qu'une réelle intrigue, un objectif final, émerge de ce troisième opus. Ainsi, si vous trouviez déjà les tomes précédents un peu minces en termes de rythme, ce n'est pas ici que vous verrez la situation s'améliorer. Le titre est représentatif du contenu. Déjà parce qu'on quitte très peu les deux maisons les plus belles de Perdido, celle de Mary-Love et celle d'Oscar. Ce dernier écoute sa femme Elinor et tente enfin d'obtenir les papiers mentionnant qu'ils sont les propriétaires. C'est une lutte discrète mais acharnée, à l'image de la relation bouillonne entre Elinor et sa belle-mère. La Maison, c'est aussi l'endroit où quelque chose de terrible, si je puis dire, va survenir. Le décor occupe ainsi une place centrale dans le récit, au détriment de la rivière par exemple, un peu plus discrète. Bref, pour en revenir au grand événement qui va chambouler l'avenir de tous, je ne m'y attendais tout simplement pas. Même plus tard dans les tomes, je ne pensais pas qu'un tel renversement serait possible. Pire encore, je ne comprends pas que certains ne se doutent de rien sur les causes de chambardement, alors même que c'est le pire ennemi qui faisait la veille. Bref ça m'a tellement scotchée que, n'eut été la langueur des premiers chapitres, cet événement aurait suffi à ce que ce tome soit un coup de coeur. Et maintenant, je suis bien curieuse de voir comment la suite peut bien se dérouler avec un tel trou dans les liens sociaux.
J'ai adoré retrouver les personnages. C'est un fait très étrange car je ne suis pas forcément attachée à eux. C'est surtout les relations mêlées à cette ambiance moite qui me plaisent tant. D'ailleurs, en parlant d'ambiance, le fantastique reste une petite goutte dans ce fleuve pas si tranquille, d'autant plus que l'horreur progresse toujours un peu plus dans le frisson.
Pour en revenir aux personnages, c'est fou comme l'intrigue tourne Mary-Love en la méchante sorcière. Je me rends compte que l'auteur manipule nos sentiments par le regard de tous les autres personnages qui la jugent et ça fonctionne parfaitement parce que j'ai vécu sa mise à l'écart comme un soulagement (ce que ma tolérance refuse de faire en général). En dehors de ça, j'avoue rester détachée des autres personnages. C'est un plaisir de suivre leur petite vie paisible mais on ne peut pas dire que j'éprouve de réels sentiments, en dehors d'Oscar, la compassion, et de James, le papa gâteux.
Ça se lit toujours merveilleusement bien. J'adore me plonger dans cette lecture à la plume légère et à l'ambiance étouffante. Le style, pourtant des années 60, se lit très facilement. C'est vraiment une pépite qui me fait penser que la traduction des vieux textes n'est pas forcément datée pour tous.
Le meilleur tome de la saga jusqu'à maintenant, alors même qu'il s'y passe moins de chose. On a en effet une intrigue moins rythmée mais très intense dans ces deux moments forts. J'adore toujours autant les relations entre les personnages, l'ambiance unique, le style d'écriture très agréable. Le clash final est juste horriblement magique, j'ai hâte de voir ce que la suite va maintenant nous réserver. Une lecture marquante !
18/20
Les autres titres de la saga :
1. La Crue
2. La Digue
3. La Maison
1. La Guerre
2. La Fortune
3. Pluie
- saga terminée -