Après le plaisir que nous avions pris à écrire notre article sur Colette, on a décidé de réitérer l’expérience. Dans l’idée de découvrir la bibliographie d’auteur.ices en profondeur et de rétamer notre PAL, nous avons donc passé le mois d’août en compagnie de Paul Auster. Et laissez-moi vous dire que ça n’a pas toujours été de tout repos !
Notre rencontre avec Paul Auster remonte à notre licence de Lettres. Nous avions alors eu la chance d’étudier Léviathan, un ouvrage qui nous avait beaucoup plu à l’époque mais dont on doit dire qu’on ne sait pas ce que l’on en penserait aujourd’hui ! Suite à cela, au fil des ans, nous avons accumulé les livres de l’auteur dans notre PAL au détour de boîtes à livres surtout. Prise du syndrome de « j’avais bien aimé un livre de cet auteur et ce livre est mis gratuitement à ma disposition dans une boîte à livre, donc pourquoi pas ! », nous en avons accumulé trois, dont nous vous parlons aujourd’hui. Zéparti.
Pour rappel, l’objectif de ces articles est de lire des livres d’auteur.ices de manière très rapprochée afin de voir lesdits livres dans un ensemble plus large, d’en dégager des obsessions, des thématiques redondantes.
Afin de garder le meilleur pour la fin, nous avons choisi de lire les livres du moins bien noté au mieux noté sur Livraddict (comme présenté ci-dessous). Bonne idée ou non, on vous laissera en juger avec la suite de l’article …
La difficulté de ce genre d’article étant de parler de trois œuvres bien différentes tout en restant concises, on vous propose de revenir rapidement sur les résumés des trois livres en question avant d’entamer la partie plus « analytique » (c’est un bien grand mot!) de l’article. Pour celles et ceux qui connaissent déjà ou ne souhaitent pas particulièrement lire les résumés, on vous invite donc à sauter l’intertitre suivant ! 🙂
3 œuvres, pour résumer
Sunset Park (2010)
Parce qu’il s’est toujours senti coupable de la mort accidentelle de son demi-frère, Miles s’est banni de sa propre histoire. Il a quitté sa famille, abandonné ses études, et travaille, en Floride, à débarrasser les maisons désertées par les victimes des subprimes. Amoureux d’une fille trop jeune, passible de détournement de mineure, Miles fait bientôt l’objet d’un chantage et est obligé – encore une fois – de partir. Il trouve alors refuge à Brooklyn où son fidèle ami Bing Nathan squatte une maison délabrée, en compagnie de deux jeunes femmes, elles aussi condamnées à la marge par l’impossibilité d’exprimer ou de faire valoir leurs talents respectifs. Désormais Miles se trouve géographiquement plus proche de son père, éditeur indépendant qui tente de traverser la crise financière, de sauver sa maison d’édition et de préserver son couple. Confronté à l’écroulement des certitudes de toute une génération, il n’attend qu’une occasion pour renouer avec son fils afin de panser des blessures dont il ignore qu’elles sont inguérissables…
Le Livre des illusions (2002)
Comment reprendre goût à la vie lorsque les êtres que l’on aime sont morts de façon tragique ? Pour David Zimmer, ce sera par l’écriture : il entreprend tout d’abord d’éditer une monographie sur les comédies en noir et blanc d’un acteur du muet, Hector Mann, tombé en désuétude, avant de s’atteler à la traduction des Mémoires d’outre-tombe, de Chateaubriand. À mesure qu’il ressuscite ces deux artistes, lui-même s’éloigne des rives alcooliques du chagrin et de la pitié. Et quand Alma la bien nommée veut l’amener au chevet d’Hector Mann, sa vie prend alors une bien surprenante allure…
Mr Vertigo (1994)
« Tu ne vaux pas mieux qu’un animal. Si tu restes où tu es, tu seras mort avant la fin de l’hiver. Si tu viens avec moi, je t’apprendrai à voler. » Ainsi le vieux Yehudi s’adresse-t-il à Walt, neuf ans, un gamin misérable des rues de Saint Louis. Il tiendra sa promesse. à l’issue d’un apprentissage impitoyablement cruel, Walt deviendra un phénomène célèbre dans toute l’Amérique. Et c’est elle – cette Amérique violente et misérable, sauvage et naïve des années vingt et trente – que le romancier de Léviathan nous convie à découvrir sur les traces de ses étranges héros. L’Amérique du Ku Klux Klan et du jazz, des gangsters et du cinéma. Revisitée par un écrivain qui, sans cesser d’être lui-même, reprend ici la tradition de Mark Twain et de Steinbeck pour nous raconter une histoire captivante – juste assez étrange pour que nous ne puissions l’oublier…
« Un hasard extraordinaire dans un monde de hasards extraordinaires »
Les histoires de Paul Auster touchent souvent au rocambolesque. Chez lui, le hasard, les coïncidences et le destin sont des thématiques primordiales. Celles et ceux qui ont déjà lu un de ses livres l’auront probablement déjà remarqué mais il nous plaît de défoncer des portes ouvertes… Alors oui, nous allons évoquer cette obsession de l’auteur puisqu’elle est tout simplement présente dans les trois livres que nous avons lus successivement en ce mois d’août 2022.
Présent toujours, mais pas forcément dans une mesure égale, le hasard n’en reste pas moins un élément central aux récits que nous propose l’auteur.
Dans Sunset Park, c’est la rencontre de Miles avec une jeune fille trop jeune pour lui (nous reviendrons là-dessus plus loin dans l’article…) qui vient bouleverser sa vie et précipiter son départ vers Brooklyn. Dans Le Livre des Illusions, c’est là encore un hasard qui va mener le narrateur de cette histoire au veuvage, d’une manière qui relève presque du tragique. De même, c’est toute la vie de Walt, protagoniste et narrateur de Mr Vertigo qui est dicté par un simple acte, ou plutôt par un non-acte :
« Je pourrais filer par la porte de derrière, et l’homme en noir ne saurait jamais ce qui s’est passé. Mais je ne filai pas, et de ce choix découle toute l’histoire de ma vie. »
Mr Vertigo, Editions Babel, 1995, p. 17.
De ces décisions initiales vont découler des récits qui seront, par la suite plus ou moins influencé par les choix de ses protagonistes. Tandis que ses personnages voient l’image d’un destin dont il est impossible de s’extirper, nous voyons la main de l’auteur les manipuler à sa guise : il est le destin.
Si la main du hasard est, somme toute, assez peu présente dans Mr Vertigo, elle occupe cela-dit une place de choix dans les deux autres ouvrages dont il est question ici. Les récits de Paul Auster se construisent d’une manière quasi circulaire, des évènements se déroulant dans les premiers chapitres raisonnent avec des évènements se déroulant plus tardivement dans l’histoire.
Des récits circulaires
Parfois, la coïncidence et la circularité de l’œuvre tiennent à peu de chose. C’est le cas par exemple dans Sunset Park où le film Les Plus belles années de notre vie est un véritable fil rouge reliant les personnages, à leur insu. Le film revient comme une rengaine dans des conversations entre des personnages, connaissances de connaissances, qui n’ont pourtant jamais eu d’échange direct à ce sujet.
On peut d’ailleurs noter le contraste entre ce film, les descriptions qui nous en sont faites par Alice, qui écrit sa thèse à son sujet, et ce qui arrive aux personnages. Il y a une forme d’ironie dans le titre de ce film des années 40. Mais la tonalité des Plus Belles années de notre vie semble également s’opposer à celle du livre dans une certaine mesure (je n’ai pas vu le film donc je me fie aux descriptions faites dans le bouquin). Bien que Les Plus Belles années de nos vies paraissent mâtinées d’épreuves pour ses protagonistes, revenant tout juste du front, un espoir (ou l’illusion d’un espoir plutôt) semble persister dans cette société américaine post Seconde Guerre Mondiale.
« Il avait fini par regarder Les Plus belles années de notre vie qu’il avait déjà vu une fois, il y avait longtemps de cela, et qu’il avait donc complètement oublié, un film qu’il avait trouvé agréable et bien joué par les acteurs, un charmant ouvrage de propagande destiné à persuader les Américains que les soldats rentrant de la Seconde Guerre mondiale finiraient par se réadapter à la vie civile – certes non sans quelques cahots, mais au bout du compte tout s’arrangerait parce qu’on est en Amérique et qu’en Amérique tout finit toujours par s’arranger. » (p.159)
Sunset Park, Editions Babel, 2013, p. 159.
A l’inverse, dans Sunset Park, Paul Auster nous montre une société américaine frappée de plein fouet par la crise des subprimes de 2008. Le rêve américain prends fin sous la plume d’Auster, il n’y a plus d’espoir pour les personnages dont il nous raconte l’histoire.
Dans Mr Vertigo, ce besoin de circularité s’exprime chez le protagoniste comme un besoin de réparer un acte manqué. Lorsqu’une situation similaire à celle qu’il a vécu par le passé survient, il souhaite agir de la bonne manière, quitte à commettre un crime injustifiable.
Ouais on sait ce que vous vous dites, le cliché est absolu.Les personnages, et Paul Auster à travers eux, semble pris d’un besoin irrépressible de « boucler la boucle » à chaque fois. On peut en dire de même du Livre des illusions, qui propose également un récit « en vase clos », si l’on peut le formuler ainsi. Le protagoniste se retrouve ni plus ni point qu’à son point de départ une fois l’ouvrage terminé, illustrant l’adage : « Ce n’est pas la destination qui compte mais le voyage »
Brouillard sur le réel
La frontière entre la fiction et la réalité se brouille bizarrement chez Paul Auster et ses histoires aussi peu vraisemblables qu’elles soient, pétries de « hasards extraordinaires » en deviennent plus vraies que nature.
Par exemple, nous n’avons pu nous empêcher de Googler Hector Mann, tant l’auteur est parvenu à nous faire douter du fait que ce personnage était sorti de son imagination. On ressent une sensation souvent étrange à la lecture des livres de Paul Auster. Son œuvre vous rappelle à quel point le réel peut parfois dépasser la fiction. Ses histoires sont si irréalistes et improbables qu’elles en deviennent plausibles… On se fait un peu des nœuds au cerveau en essayant de nous expliquer mais on espère que vous aurez compris l’idée !
C’est surtout le cas dans Le Livre des Illusions dans lequel Paul Auster se plaît à brouiller les frontières du réel. Le personnage d’Hector Mann est insaisissable, plein de duplicité et l’on ne peut s’empêcher de lui imaginer une existence réelle. Pour résumer, Hector Mann, qui nous paraît réel, est un personnage fictif qui, dans la fiction « s’acharn[e] à se fabriquer un passé fictif. » Paul Auster procède à un véritable jeu de poupées russes qui est tout à fait plaisant autant que déroutant pour ses lecteur.ices.
Si on se laisse volontiers emporter dans les histoires que nous raconte Paul Auster, c’est aussi grâce à sa plume. A ce stade on peut parler d’hypnose parce que Dieu sait que Sunset Park nous a horripilés, et pourtant, on a poursuivi notre lecture… Et que dire de Paul et ses digressions… Parfois passionnantes, parfois trop présentes, elles auraient pu nous pousser à abandonner certains de ses livres. Mais la façon dont il écrit le sauve. Enfin, notre transition est un peu pataude… Mais ces digressions, parlons-en !
Des digressions en veux-tu, en voilà
Une image inédite d’un appel téléphonique avec Paul, insistant pour nous parler de sa passion pour le base-ball.Paul Auster fait partie des auteurs qu’on pourrait qualifier de totalement obsessifs… Et c’est peu de le dire ! Au-delà de son goût prononcé pour le hasard sous toutes ses formes, il a également la particularité de ne pouvoir s’empêcher de parler de ses sujets de prédilection : la littérature (ok, on approuve), le cinéma (ok, pas de soucis, plutôt chouette même) et… le base-ball (laisse-nous tranquille Paul, par pitié.)
Côté « arts », Le Livre des illusions est centré autour du cinéma et plus particulièrement d’Hector Mann, vedette déchue du cinéma muet. Sunset Park qui explore le point de vue de différents personnages évoque pas mal la littérature, le monde de l’édition, le cinéma et de manière plus générale l’art contemporain. Seul Mr Vertigo fait un peu figure d’OVNI dans notre sélection. Le narrateur nous parle certes brièvement de son amour du cinéma, et plus particulièrement du cinéma muet (quand on vous dit que Paul Auster a des obsessions et que ses œuvres se répondent les unes aux autres), mais ça ne va pas beaucoup plus loin. Il serait faux de dire que l’art est totalement absent de Mr Vertigo cela dit. Le livre, qui évoque la vie de Walt, se penche plutôt sur le monde du spectacle et de la « prestidigitation » (si vous avez lu le livre, les guillemets font sens. Sinon, faites nous confiance).
Cette passion pour l’art s’exprime chez Auster à travers l’emploi d’une figure de style de manière très récurrente : l’ekphrasis.
Pour celles et ceux qui ne sortent pas de la filière des sans avenir (lettres modernes, dont nous sommes issues), on vous explique ce terme barbare (et pas bien compliqué) de suite dans une parenthèse sponsorisée par le wiktionnaire :
« L’ekphrasis désigne l’évocation d’un objet ou d’une œuvre d’art, réelle ou fictive, description souvent enchâssée dans un récit. »
Merci Jean-Michel Wiktionnaire. (Désolée, on arrive en fin d’article et on commence à être en roue libre.)
C’est donc en toute logique LA figure de style à laquelle Auster s’adonne le plus. C’est le cas dans Sunset Park, truffé de descriptions précises de scènes appartenant au film Les Plus belles années de notre vie, mais aussi dans Le Livre des illusions et, dans une moindre mesure, dans Mr Vertigo (on peut penser aux passages décrivant les spectacles de Walt, p. 240 de notre édition.)
Dans Le Livre des illusions, ce procédé permet à Paul Auster de plonger ses lecteur.ices dans l’univers et la filmographie imaginaire d’Hector Mann, renforçant l’illusion du vrai en allant jusqu’à décrire les courts-métrages avec précision. L’ekphrasis permet d’imaginer ces œuvres d’art comme si elles se trouvaient devant nos yeux, mais a aussi pour désavantage de sortir les lecteur.ices de l’histoire qui leur est racontée pour s’attarder sur cette « histoire dans l’histoire ». Pour faire simple, ces scènes sont des pauses dans le récit qui, parfois s’entremêle avec fluidité avec ce dernier et qui, parfois, le freinent et créée tout bonnement l’ennui. Trop d’ekphrasis, tue l’ekphrasis si vous voulez qu’on vous le dise bêtement !
Enfin, nous allons consacrer une dernière partie de notre article au base-ball…
Le base-ball et Paul Auster
Non faut pas déconner non plus. Juste, soyez prévenu.es, Paul Auster ADORE le base-ball. Il en est pas mal question dans Sunset Park tandis que le sujet est brièvement abordé au détour des deux autres œuvres que nous avons lues. On a même presque cru que Mr Vertigo atteindrait la perfection en n’évoquant pas le base-ball mais c’était sans compter la détermination de Paul à nous en parler encore, au dernier moment, en fin d’ouvrage comme ça en loucedé.
Et si ce n’était que le base-ball qui nous avait fait grincer les dents. Mais non, malheureusement, notre rendez-vous avec Paul Auster n’a pas été un franc succès et on vous explique pourquoi dans cette dernière partie où nous tenterons d’être brèves.
Rendez-vous avec le cringe
L’irruption des fantasmes et des scènes de sexe nous à bien souvent sorties de notre lecture. Source d’énorme malaise, ces descriptions nous ont semblé dénoter des fantasmes de l’auteur. Entre la prostituée qui propose de faire le concours du plus grand nombre de baise d’affiler dans Le Livre des illusions, les séances de peinture qui se termine en éjaculation faciale dans Sunset Park et l’attrait dérangeant de certains personnages pour des enfants, on a souvent retenu notre envie de dégobiller. Voilà qui nous a rendu Paul Auster un peu moins sympathique …
On peut d’ailleurs constater que dès le résumé de Sunset Park, ça sentait le roussi… Enfin, on ne va pas épiloguer et on va tout simplement vous donner un florilège des moments qui nous ont particulièrement déplu. Accrochez-vous les ami.es, c’est une rencontre du 4e type, un rendez-vous avec le cringe :
« Elle voit les seins énormes et encombrants des grosses femmes, les pénis minuscules des jeunes garçons, les poils pubiens naissants des enfants de treize ans, les vagins roses des mères qui promènent leurs bébés dans des poussettes, les trous du cul des vieillards, les parties génitales glabres des petites filles, des cuisses débordantes, des cuisses maigrichonnes, des fesses vastes et tremblotantes, des poils de poitrine, des nombrils rentrés, des mamelons inversés, des ventres portant les cicatrices d’une opération d’appendicite ou d’une césarienne, des étrons qui glissent hors d’anus dilatés, de la pisse qui coule de longs pénis partiellement en érection. Elle est révoltée par ces images, elle est épouvantée de constater que son esprit est capable de fabriquer de telles saletés, mais une fois qu’elles commencent à lui venir, elle est incapable de les chasser. Parfois elle va jusqu’à s’imaginer de s’arrêter pour glisser sa langue dans la bouche de chaque passant, de tous ceux et celles qui tombent sous son regard, jeunes ou vieux, beaux ou difformes, de s’arrêter pour lécher chaque corps nu de haut en bas, d’introduire sa langue dans des vagins humides, de mettre sa bouche autour de gros pénis durcis, de se donner avec une égale ferveur à tout homme, femme ou enfant dans une orgie d’amour non discriminatoire et démocratique. Elle ne sait pas comment mettre un terme à ces visions. »
Sunset Park, Editions Babel, 2013, p. 117.
Le genre d’extrait qui peut tout à fait vous donner des cauchemars si vous voyez ce que je veux dire !
Et l’enfer ne s’arrête pas là, même si sur ce point, Sunset Park est carrément le plus gênant des trois, on retrouve d’autres fantasmes et délires chelous notamment dans Le Livre des illusions. Paul Auster retranscrit des fantasmes vraiment très masculins et souvent un peu hors contexte en plein milieu de ses bouquins, du type, cet extrait qui nous a fait nous dire « MAIS DANS QUEL MONDE PAUL ?? DANS QUEL MOOOOONDE ? » :
« Les putes n’offrent pas leurs services gratis, et elles ne lancent pas de défis à la virilité de leurs clients. Ça, c’était le fait de spécialistes du fouet et de celles qui haïssent les hommes en secret, celles qui font trafic de la souffrance ainsi que d’humiliations bizarres, mais Meers lui faisait l’effet d’une fille insouciante et enjouée, et elle avait moins l’air de se payer sa tête que d’essayer de le persuader de se prêter à un jeu. Non, pas exactement à un jeu, plutôt à une expérience, à un examen scientifique de l’endurance à la copulation de son membre deux fois épuisé. Peut-on ressusciter un mort, semblait-elle demander, et, si oui, combien de fois ? Deviner n’était pas admis. Pour arriver à des résultats concluants, l’étude devait être soumise aux plus strictes des conditions de laboratoire. »
Le Livre des illusions, Editions le Livre de Poche, 2004, p. 211.
Enfin, on va vous épargner les extraits et évoquer juste brièvement les relations inappropriées envers des mineurs. Dans Sunset Park, Miles qui a la vingtaine est en couple avec une jeune fille de 17 ans, va la chercher au lycée, etc. Et en tant que lecteur.ice il nous est demandé de nous apitoyer sur son sort parce que, le pauvre, il a été dénoncé par la sœur de sa copine (pour des raisons malhonnêtes, certes) et qu’il risque d’avoir des problèmes avec la justice.
Déso les gars mais on a vraiment du mal à avoir de l’empathie pour les pointeurs par ici, c’est pas le genre de la maison ! Et alors quand EN PLUS on nous parle de leur pratique de la sodomie, franchement CA VA TROP LOIN PAUL !
Les scènes gênantes sont beaucoup moins présentes dans Mr Vertigo, même s’il y a quand même un court passage où une femme adulte tripote les parties génitales d’un enfant de 12 ans… Donc bon, aucun des trois ne semble échapper à ce genre de scène et laissez-nous vous dire que si vous aimez pas les personnages masculins dont le surplus de virilité justifie la misogynie, vous risquez d’avoir du mal avec certains des personnages de Paul Auster …
Mais alors, qu’est-ce qu’on lit?
Si l’on devait en garder 1 ?
Vous l’aurez probablement deviné si vous avez lu notre charabia jusqu’ici, c’est clairement Mr Vertigo qui nous a le plus plu. Des trois, c’est assurément le moins Paul Auster des Paul Auster qu’on ait lu jusqu’ici … Mais que voulez-vous, ce livre possède tout ce dont on pourrait attendre d’un grand roman américain : des grands espaces, sur un fond historique entre jazz, KKK, gangsters et monde du spectacle au début du XXème, des personnages attachants et une véritable aventure sur les routes des États-Unis. Que demander de plus? (Pas de base-ball pour la prochaine fois Paul, écoute nos prières s’il te plait.)
Quand on voit que Mr Vertigo est le plus ancien des trois, on ne peut s’empêcher de se demander …
Et si Paul Auster c’était mieux avant?
Voilà, s’en est tout pour aujourd’hui ! J’espère que cet article vous aura plu ou tout simplement appris des choses au sujet de cet auteur que vous le connaissiez ou non.
De notre côté cette expérience mitigée nous fait nous demander si Paul Auster c’est toujours fait pour nous ! Dans notre Wish-list se trouve Brooklyn Follies, 4321 et Moon Palace… Si certain.es d’entre vous ont lu ces livres, devrions-nous retenter le coup ?
éé