Dès qu'elle a été enceinte, Tiny a su que les choses ne se passeraient pas comme à l'accoutumée. La grossesse puis la naissance lui ont confirmé que sa fille était une enfant chouette. Une rapace. Sauvage, imprévisible, brutale, invivable la plupart du temps. Incomprise, effrayante, mal aimée. Sauf d'elle, sa mère qui, contre vents et marées, fait tout pour la respecter, l'aider à vivre comme elle est. Qui la choie et la protège sans vouloir la changer, la "modifier", le vœu du père, largement partagé par la famille et les proches. "Chouette" est le récit porté par une extraordinaire fiction de ces années d'amour absolu et désintéressé, de veille continue. Un roman bouleversant comme on en rencontre peu. Claire Oshetsky s'explique dans un avant-propos à lire avant de commencer le livre. Elle a été la mère d'un enfant chouette, dont la "dysphasie de réception" a heureusement été diagnostiquée assez tôt et qui fut bien entourée dans son enfance difficile. "La situation a quand même fini par s'arranger", écrit-elle. "Ma fille a grandi. Elle s'est calmée." Elle est aujourd'hui musicienne et a donné sa permission au livre.
Un livre d'amour et de colère contre le système qui exclut au lieu d'aider. Une réflexion aiguë sur la maternité. Une œuvre de fiction où l'imagination a le pouvoir de transformer un quotidien éprouvant en situations allégoriques, portées par une écriture addictive, fort bien traduite. C'est simple, on trouve dans "Chouette" une des raisons d'être de la littérature.
Pour lire en ligne le début de "Chouette", c'est ici.