Waubgeshig Rice, né en 1979, est un auteur anishinaabe originaire de la réserve de Wasauksing, aux abords de la Baie Georgienne au Canada. A 17 ans il quitte sa communauté du nord de l’Ontario afin de prendre part à un échange étudiant au nord de l’Allemagne. Il écrira alors pour des journaux canadiens sur son expérience en tant qu’Anishinaabe dans un pays européen. Aujourd’hui, son œuvre reste largement construite à partir de ses expériences en tant qu’Autochtone ici et ailleurs, mais aussi d’éléments d’histoires racontées par les aînés de sa communauté. Diplômé en journalisme il a travaillé pour différents médias canadiens avant de devenir vidéo journaliste pour CBC News à Ottawa. La Lune de l’âpre neige vient de paraître.
Au nord du Canada, dans une petite réserve indienne anishinaabe, on chasse et on stocke des vivres à l’approche de l’hiver. Une panne d’électricité générale survient, suivie d’autres pannes rendant impossible tous les moyens de communication avec l’extérieur et la diminution des stocks de nourriture fait monter la tension. L’inquiétude s’installe. Le conseil de la tribu tente de gérer la situation. Des clans se forment. Puis des étrangers viennent chercher refuge dans la réserve : le monde semble avoir sombré dans le chaos. Les mois passent, les conditions climatiques se durcissent, les premiers décès adviennent. L’affolement gagne du terrain. Les habitants comprennent que la plus grande menace ne vient pas du dehors mais de la communauté elle-même.
Ce résumé de l’éditeur est comme la bande annonce de nombreux films, un montage serré mettant en avant les points forts du machin, sauf que le film visionné, vous constatez que ces points sont tellement noyés dans un vide consternant qu’ils en sont devenus quasi invisibles.
Et c’est vraiment regrettable car il y avait matière à pondre un bon roman ; le pitch de départ est excellent, tout ce qui fait notre monde moderne s’arrête : internet, téléphone, électricité etc., une société aux origines ancestrales sensée se retrouver face à cette épreuve aggravée par les conditions climatiques extrêmes auquel viendra s’ajouter un élément extérieur, un petit groupe d’étrangers venus se réfugier là pour fuir le chaos furieux de la grande ville et faire exploser la cohésion fragile de nos autochtones ? Sympa, non ?
Hélas, Rice ne fait qu’aligner des banalités les unes derrière les autres. Comble, même les traditions anishinaabe sont escamotées ! Aucun sentiment, aucune émotion, les faits qui pouvaient donner des scènes grandioses sont réduits à des ellipses au point que parfois j’ai pensé avoir sauté des lignes ou des pages. Un vide abyssal désolant. Un roman qui ressemble à un plat sans saveur et que vous devez manger froid !
Pour conclure moins méchamment, un gentil bouquin pour les gentils lecteurs peu friands de sensations fortes…