C'est un temps que les novices ne connaissent pas, une période où l'univers cosmique Marvel se reposait sur les épaules d'un géant comme Jim Starlin. Les années 1990 ont été marquées par plusieurs histoires hautement symboliques, qui ont d'ailleurs fini par donner naissance au plus grand film de super-héros de tous les temps sur grand écran (Infinity War). Nous parlons là d'Infinity Gauntlet, c'est-à-dire le défi de Thanos, incontournable jalon Marvel. Starlin ne pouvant tout faire tout seul, il avait l'habitude de se reposer sur quelques hommes de confiance, dont Ron Marz, un autre des grands architectes des sagas de l'espace, connu aussi chez la distinguée concurrence, pour être l'homme qui a créé le Green Lantern Kyle Rayner. Du côté des dessinateurs, l'époque était à un certain Ron Lim. Toujours appliqué, son trait ultra lisible et reconnaissable, tout en rondeur, a fait la joie de nombreux lecteurs. Sa prestation sur la série Silver Surfer reste à ce jour le sommet de sa carrière. Tout ceci est d'actualité aujourd'hui, puisque Panini propose une mini-série inédite en 5 volets, qui rassemble les deux "Ron" et nous replonge directement dans les événements de l'époque que je viens d'évoquer, à une période indéfinie de l'histoire, mais qui ramène sur le devant de la scène tous ceux qui étaient alors les stars des mensuels cosmiques. Forcément, les anciens se réjouissent à l'avance. Je veux dire, ils sont tous là, Thanos bien entendu, mais aussi le Valet de cœur, le fils du Captaine Marvel originel (Genis-Vell) et même un certain Tyrant, qui fut autrefois un des hérauts de Galactus et qui avait eu droit à quelques épisodes hauts en couleur et dramatiques, dans la série du Surfeur d'Argent, au temps où elle était publiée en petit format dans Nova. Vous avez dit nostalgie ?
Bien entendu, puisqu'il est question de tout ce que je viens de citer, il sera aussi fait mention des gemmes du pouvoir, notamment celle de la réalité, qui a été confiée à Thanos à l'insu de tous, par Adam Warlock. Le hasard faisant bien les choses, vous avez probablement lu ces épisodes il y a peu de temps, dans l'intégrale 1992-1993 d'Adam Warlock, où est publié la série Warlock & the Infinity Watch. Et bien ici, à défaut d'être une suite directe, nous avons affaire à des épisodes apocryphes qui se déroulent justement à cette époque-là. On retrouve également Nebula, qui passe un sale moment avec celui qu'elle considère comme son père, c'est-à-dire notre cher titan Fou, outre les habituelles machinations de ce dernier, qui à défaut d'être devenu fréquentable, passait alors pour une sorte de super vilain fataliste et philosophe à deux doigts de se réformer définitivement, mais dont tout le monde se méfiait en raison d'un potentiel maléfique inné et incontrôlable. C'était l'époque où on le retrouvait tel un bon fermier, assis sur le pas de la porte, en train de deviser sur le sens de l'existence et la vanité des grands objectifs qu'on ne peut jamais atteindre. Ce serait bien sûr exagéré de dire que le scénario de Ron Marz est d'une originalité à toute épreuve et qu'il s'agit là d'un album à la hauteur de ce que nous pouvions lire dans les années 1990. C'est par contre un bonbon nostalgique qu'on peut réserver à ceux qui ont connu l'époque en direct, et qui comprennent ce que les deux artistes sont en train de faire, et également quelle est en outre la portée symbolique de leur présence sur ces pages. Attention toutefois, la plaie n'en finit plus de se rouvrir à ce sujet. Prenez Thanos, par exemple. Tant qu'il apparaissait sporadiquement, voire même disparaissait pendant longtemps de la scène, avant de revenir sous forme d'un Titan ultra puissant, prêt à annuler la moitié de l'univers, il était nimbé d'un prestige exceptionnel, qui lui a permis de devenir ce personnage à part. Aujourd'hui, après avoir été exploité à toutes les sauces et battu régulièrement par un peu tout le monde, qui peut encore avoir la même idée de Thanos, qui peut encore autant trembler qu'à cette époque où il endossait enfin le gant du pouvoir? Si pour vous le vrai cosmique Marvel, ce sont les années Jim Starlin, je vous recommande tout de même de jeter un œil à Silver Surfer Rebirth. Ça semble taillée pour vous, cette sortie-là!