Angleterre en 1967. La famille Fischer mène une vie tranquille dans la banlieue bourgeoise de Londres. Roger, haut fonctionnaire dans un ministère, Phyllis son épouse, la quarantaine, " possédait toujours une beauté animée et pleine d'attente " et " elle aimait les hommes, c'était plus fort qu'elle ". Leur fille Colette, 15 ans, pas très gironde, a soif de liberté et son petit frère Hugh collectionne les papillons. Et puis. Roger invite à dîner Nicholas (Nicky), le fils de ses vieux amis, et Phyllis tombe amoureuse du jeune homme !
Nicky se voudrait écrivain mais dans l'immédiat, il rédige des articles pour des fanzines et journaux révolutionnaires. Gagné par l'esprit de l'époque, il a renoncé à un avenir " brillant " comme on dit, et vit dans une piaule d'un quartier populaire de la capitale, où Phyllis doit ruser avec ses proches pour le retrouver. Voyage en terre inconnue pour elle ! Immeuble délabré, locataires " pittoresques ", néanmoins elle finit par sauter le pas, elle quitte sa famille et part vivre avec Nicky dans sa turne...
Sans aller jusqu'à crier au génial, il s'agit globalement d'un bon roman.
L'époque 1967/1968 est révolutionnaire que ce soit dans les mœurs (libération sexuelle), dans les arts (le rock entre en force) ou socialement (tous les mouvements féministe, écologique, etc. d'aujourd'hui y ont pris naissance). La société craque, une page de l'histoire se tourne. Le guindé s'effondre sous les coups de boutoirs de la jeunesse. Inconsciemment, Phyllis le ressent et s'y abandonne, découvrant un monde qui lui était totalement inconnu et Tessa Hadley glisse des scènes et réflexions sur la société défavorisée tandis que Roger, étonné mais imperturbable tente de sauver la face avec ses enfants ou ses connaissances. La désertion de leur mère dégoutte le fils, Colette, elle, cherche à comprendre et mène son enquête, tiraillée par ailleurs par la poussée d'hormones de son adolescence.
L'intrigue est riche en rebondissements, pour n'en citer qu'un, Phyllis va tomber enceinte de Nicky et une surprise de taille va être révélée...
Le roman est très bien écrit. Les excès de l'époque restent néanmoins très feutrés ici et dans l'ensemble on pourrait critiquer ou se féliciter (?) de ce contraste, une révolution en marche mais des acteurs décrits " pépèrement ", sur un ton intimiste mêlant mélancolie nostalgique et flegme tout britannique pour ce roman psychologique.
" Je me croyais vraiment follement amoureuse de lui. Nul doute que tout cela te semble exagéré. Tu penses forcément que c'était une illusion romantique, ce qui était le cas au début, je suppose. Maintenant, les choses sont différentes. Nicky ne voulait pas de cet enfant, tu sais. En plus, il couche par-ci par-là. Il est très jeune. Je sais ce que tu dois être en train de te dire, tout cela est très prévisible. De ton point de vue, je me suis ridiculisée : même sans cette dernière complication, je veux dire. Mais je ne regrette rien. Pour moi, tout a changé. "
Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Hannah Faure