Résumé
En 1972, la Cordillère des Andes fut le cadre d’un effroyable fait divers. Un funeste vendredi 13 du mois d’octobre, un avion qui transportait une équipe de rugby se crasha dans un lieu inaccessible, au cœur des montagnes. Pendant de longs jours, les survivants allaient devoir résister au froid, à la faim, à la soif et au désespoir de se voir abandonnés. Pour survivre, ils finiront par se nourrir de chair prélevée sur les corps gelés des morts… Rien, dans cette incroyable aventure à la limite de l’humain, ne leur sera épargné : ni l’absence de médicaments et de matériel de survie, ni la mort de leurs proches, ni le blizzard, ni même une avalanche… Et pourtant, ce sont bien eux, les héros malheureux, qui raconteront un jour au monde entier leur invraisemblable épopée.
Notre avis
Le 13 octobre 1972, un avion militaire affrété par une équipe de rugby uruguayenne, le vol Fuerza Aérea Uruguaya 571, s’écrase au coeur des Andes, à 3.500 mètres d’altitude (Impact sans perte de contrôle, déchirure des deux ailes dans des collines et écrasement dans une grande plaine enneigée). L’avion transportait une soixantaine de personnes : l’équipe de rugby, leurs familles et leurs amis. L’équipage et une dizaine de passagers meurent sur le coup, mais le reste des occupants survit miraculeusement au choc. Pour survivre dans ces conditions climatiques extrêmes, les rescapés sont contraints de recourir à l’anthropophagie. 50 ans plus tard jour pour jour, une bande dessinée raconte cette extraordinaire aventure humaine où l’horreur devient une question de survie. Les 22 et 23 décembre, plus de deux mois après l’accident, les secours récupèrent finalement les 16 survivants. Basée sur les récits des survivants de cette épopée humaine, la question de la survie à tout prix a ouvert des débats éthiques et philosophiques dans la droite ligne de celles posées à l’homme du xxe siècle. Dans des tons sépia, sur un album de très belle facture, on redécouvre ce que fut la réalité de cette catastrophe aérienne qui n’aurait pas dû avoir de survivants. Pascal Nino utilise certaines teintes en fonction des ambiances ; dans un décor blanc et gris, apparaissent ainsi, au détour d’une page, les neiges rouge sang des Andes. Les plus vieux d’entre nous ont probablement vu d’ailleurs le film éponyme. Ici le lecteur accompagne les naufragés aériens au plus près de l’action, presque en nous impliquant dans les moments délicats entre espoir et désespoir. C’est bien dessiné, fidèle à la réalité des événements et finalement nous interroge sur ce que nous aurions pu faire à leur place. Plongée dans l’immensité vide de la Cordillère, la BD tend vers la réflexion philosophique qui a poussé les survivants à commettre ce geste inconcevable de cannibalisme (lequel leur vaudra même d’être absous par le pape – NDLR) inconcevable pour les catholiques pratiquants des Olds Christians, devenu un geste salutaire. Une très belle œuvre, richement developee, comme un hommage aux occupants de ce vol tragique où les âmes des vivants côtoient celles des morts. On notera la préface de l’ambassadeur Uguayen à Paris, Jorge Luis Jure.
En deux mots
Au delà de la mort, il reste toujours un espoir. C’est ce qui fait notre humanité.
Jean-Claude Attali
Lien vers la page des Editions Tartamudo et de l’album « 1972 Des Ombres sur la Glace. ».
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