Une grande actrice - Stefan Liberski
Onlit éditions
Parution : 13/10/21
Pages : 212ISBN 978-2-87560-141-4
Illustration de couverture : Olympe Tits
Couverture : studio alvin
Prix : 18 €
Présentation de l'éditeur
À défaut d’exister, Jacqueline Boulanger peut jouer tous les rôles. Elle joue bien. Elle séduit tout le monde. Son mari. Ses enfants. Ses amis. Les hommes de son entourage.
Le vide qui la ronge la pousse toujours plus loin dans sa quête d’une image flatteuse d’elle-même. Un jour, contre toute attente, Jacqueline tombe sous le pouvoir d’une autre femme, Josyane, une sorte d’ogre, un monstre hanté comme elle par le néant. Un livre violent, terrible et drôle.
Stefan Liberski
Stefan Liberski est écrivain, réalisateur et comédien. Il a publié de nombreux romans depuis G.S, écrivain tout simplement chez Albin Michel (1995) jusqu’à La Cité des femmes chez le même éditeur en 2018, en passant par Des Tonnes d’amour chez Niffle-Cohen ou Le Triomphe de Namur, à La Muette/Le Bord de l’eau. Au cinéma, on lui doit, entre autres Bunker Paradise et Tokyo Fiancée. Sa plume humoristique au sein des Snuls, de JAADTOLY ou encore de Froud et Stouf, a fait rire plusieurs générations.
Mon avis
Jacqueline Boulanger a trois enfants, deux filles Nanou et Jadwiga, et un fils Roman. Elle a toujours séduit tout le monde; ses amis, ses enfants, les hommes de son entourage.
À la mort de son mari, elle se libère. Elle va acheter un vieux moulin qu'elle va retaper, et c'est comme ça qu'elle rencontre Josyane qui va l'aider pour les travaux et dans ses finances !
Josyane est une sorte d'ogresse, le "Tas" comme Jacqueline la surnomme, toujours vêtue d'un pantalon en jersey noir et un chemisier beige en lycra. Elle est masculine, a 30 ans de moins que Jacqueline, a terminé polytechnique. Elle va peu à peu s'installer dans la vie de Jacqueline.
Jacqueline, c'est la mère castratrice, féroce avec ses enfants, dominatrice. Elle les écrase mais aussi les séduit, elle est toujours en représentation, toujours tout sourire dehors, elle joue ses rôles... et surtout elle parle et ses enfants, enfin surtout Roman a intérêt à l'écouter !
Avec Josyane, elle va parcourir le monde, consommer, sans rien en garder. On visite et on oublie...Prendre l'apéro est un rituel et parcourir les restaurants gastronomiques son presque quotidien au pointde ne plus apprécier et de se transformer physiquement, grossir de plus en plus pour par mimétisme ressembler à Josyane...
Humour féroce, cruauté, jalousie sont les ingrédients de ce conte cruel. C'est la folie qui est racontée, la supercherie car tout ce que joue Jacqueline est faux.
Sait-elle encore qui elle est ? Cette mère incarne le statut de l'imposture.
L'écriture est juste, épurée. C'est vraiment magnifiquement écrit.
Ma note : 8.5/10
Les jolies phrases
Pour elle, tout le monde était un imposteur.
Elle n'a plus que ça : payer. Payer lui fait plaisir. On peut lui laisser ça, quand même. La force imaginaire de Jacqueline Boulanger qui organisait ainsi son théâtre intime, cocasse et déchirant, plongeait son fils dans un tourbillon d'émotions impossibles et contradictoires. Seuls les très grands acteurs réussissaient à susciter, pile en même temps, le rire et les larmes.
Sa mère n'était pas coupable. Roman avait reçu une vie comme elle en avait eu une. Ses parents avaient été ce qu'ils pouvaient être. Sans doute aurait-il préféré s'aimer mieux, c'eût été plus facile. Plus confortable, plus efficace. Mais après tout il ne pouvait s'en prendre qu'à lui. L'homme était libre, n'est-ce pas ? Ces banalités et ces fausses évidences le frappaient comme des révélations dans l'ascenseur qui le ramenait à l'étage, elles le giflaient et le griffaient comme les scènes de rédemption dans les films. Au détour d'un couloir où il titubait, une affiche était punaisée sur laquelle Benoît Poelvoorde souriait, sa mère à ses côtés. Il était écrit : "Bien vieillir, c'est pas du cinéma! "