Danya : Les deux Royaumes - Olivier Erol

Par Khiad

Un univers riche, des personnages attachants et une conspiration machiavélique.

Le royaume de Linaria a toujours vécu en paix, sous la bienveillance de la déesse Laria. Le couronnement d'Ystar, fils du Tiane, représentant divin de la déesse, approche. Tous se préparent et entament le long chemin pour célébrer cet événement.
De son côté, sa sœur Via a d'autres soucis en tête. De terribles cauchemars l'assaillent et de puissants pouvoirs se développent en elle. Serait-elle une anomalie ? Ou pire, un monstre ?
À l'est, l'Elfe Lildrille, au sang maudit à la naissance, est interdit d'assister à la cérémonie. Il ne pourra passer du temps avec Via, qu'il aime secrètement. Alors qu'il fuit pour la rejoindre, une guerre familiale intestine fait échouer tous ses plans et le transforme en criminel.
Plus au sud, indisposée par une jambe cassée, la reine Cassiopée se terre dans son antre. Une terrible tragédie remet en cause son amour pour la déesse, alors qu'un attentat meurtrier avorte la cérémonie de couronnement.
La paix en Linaria survivra-t-elle ?



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Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Olivier Erol pour m'avoir proposé et envoyé son livre en SP via le site SimPlement.

J'en profite pour valider la catégorie n°96 Concernant la couverture, je la trouve parlante et attirante. On saisit tout de suite le contexte dans lequel va avoir lieu l'histoire. Je dois avouer que j'ai été intriguée, parce que j'ai eu peu de lectures sur la Rome antique (il me semble que la dernière date du collège avec Concernant la plume, je l'ai trouvée fluide et agréable mais, paradoxalement, un peu indigeste durant les quatre-vingt-dix premières pages. En effet, l'histoire se situe dans un monde fantasy, mais basé sur le modèle de la Rome antique. Il est donc normal que l'auteur plante son décor, à savoir le background de son univers, son fonctionnement et la présentation de ses personnages. Mais j'avoue avoir trouvé cette partie assez longue (il y a beaucoup de personnages !), même si intéressante. Le Royaume de Danya est divisé en deux : Danya-Ouest etLe livre commence d'ailleurs avec lui et son inquiétude envers la sécheresse qui dure en Zery, commençant à affamer la population. Son Conseil l'a convaincu d'aller demander de l'aide au Roi, son père, et c'est à Danya-Ouest qu'il se rend, dans la Maestria des Atessy où voilà longtemps qu'il n'avait pas remis les pieds. S'il a entrepris ce voyage, c'est aussi parce qu'il craint une nouvelle attaques des Mèdes, plutôt imminente d'ailleurs. C'est un personnage que j'ai beaucoup apprécié et auquel je me suis attachée. Il a au fond de lui un bon cœur, il est juste, mais peut aussi se montrer impulsif et arrogant. Oui, personne n'est parfait. lol J'ai beaucoup aimé ses relations avec ses frères Jengo (plus posé, plus calme, plus réfléchi, je l'ai bien aimé aussi, bien qu'il m'ait déçue sur la fin) et Pencry (plus jeune, pas pas idiot pour autant) ainsi que celle, plus conflictuelle, qu'il a avec son père Iguitta Ier (à qui il ressemble beaucoup au niveau des traits de caractère, d'où leurs discussions houleuses). Mais tout ne va pas se passer comme prévu, vous vous en doutez. Outre le fait que Jayko arrive en pleine période de préparation des Jeux qui sont imminents... Mais...? Stop ! Les Jeux ?Nous disions donc que Jayko débarque durant cette période sportive un peu sous tension, puisque l'on espère la victoire. La pression est encore plus grande du fait que Danya-Ouest a perdu les quatre derniers Jeux...
(Livre dans lequel il y a une compétition sportive) du Défi Lecture 2022. Je pense que les Jeux remplissent tout à fait cette catégorie.
Les calendes de septembre d'Anne de Leseleuc) et aucune dans le genre de la fantasy.
J'ai apprécié les cartes de Danya en début d'ouvrage, ainsi que l'arbre généalogique des Atessy (même si c'est écrit très petit, enfin cela m'a permis de baptiser ma loupe lol). J'aurais peut-être juste aimé avoir une petite note prévenant qu'il y avait un lexique des personnages à la fin du livre.
Avant de vraiment commencer, situons le contexte.
Danya-Est. Chacun possède son propre roi (Iguitta Ier Atessy pour l'Ouest et Henry II Cressy pour l'Est) et ses sous-royaumes, appelés Maestrias, qui sont gouvernées par les Cartels, des familles puissantes soumises à l'autorité de leur roi. Bien entendu, ces deux Royaumes sont ennemis. Plus au sud, une fois la mer franchie, se trouve l'Empire Mède et la Zery. Si les premiers sont hostiles et ont été repoussés à l'Est, les zeryens sont les alliés des danyens. C'est d'ailleurs Jayko Atessy, fils aîné de Iguitta Ier, qui gouverne ce territoire.
Vous vous en doutez, des soupçons ne débloquent pas une armée. Il faut beaucoup plus que ça et Jayko va devoir mettre de l'eau dans son vin s'il veut pouvoir obtenir ce pour quoi il a traversé la mer.
Kézako ? Pour faire simple, on peut les rapprocher de nos Jeux Olympiques, mais juste entre deux nations et avec cinq épreuves : la course montée (à cheval donc), la course d'armes (course à pied, mais en tenue de guerre bien lourde), le javelot (ça vous connaissez), le tahtib (combat au bâton d'origine égyptienne) et le pugilat (combat à main nue).
Vu que les deux Royaumes sont ennemis, autant dire que chacun envoie ses meilleurs athlètes pour espérer rafler le plus de médailles et ainsi montrer sa suprématie sur l'autre. Oui, ce n'est ni plus ni moins le moment de montrer qui a la plus grosse, pardonnez-moi l'expression. lol

Cependant un autre évènement va venir perturber la compétition, puis encore un... et nous, lecteur, allons voir mis en lumière un affreux complot en vue de renverser le pouvoir en place. Mais à qui faire confiance ? Cela va être la grande question pour nos héros.
C'est en place du pouvoir ainsi qu'en temps de guerre que l'on peut le plus se rendre compte de l'avidité et de la cruauté humaine. Cela ne fera pas exception dans ce livre, au contraire. Certains personnages commettront des exactions qui soulèvent le cœur. Peut-on encore parler d'être humain à ce stade ? Personnellement je pencherai plus pour les déchoir de ce statu et de juste les considérer comme des monstres. Vouloir à tout pris emporter la victoire ne donne pas pour autant le droit de commettre de telles atrocités, souvent sur des gens qui n'ont rien demandé...
J'ai apprécié les fortes valeurs morales chez les uns, la volonté chez les autres, parfois (mais pas toujours) la manipulation pour la bonne cause. D'autres m'ont tout simplement horrifiée et dégoûtée. Je ne suis pas fan des intrigues politiques dans le présent (je suis allergique aux hommes politiques et à leurs mensonges), mais j'aime bien dès que cela touche des temps passés et/ou de la fantasy. Ici je suis servie et cela n'a pas été sans me faire avoir une petite pensée au monde de Game Of Thrones pour la complexité des intrigues au sein de la couronne et du pouvoir qui gravite autour. Mais j'ai aussi eu une pensée pour Gladiator, qui est aussi pas mal niveau intrigue politique, meurtres et tout le toutim, même s'il n'est pas question d'esclaves dans ce roman (ça m'a donné l'envie de le revoir lol). Sans vouloir vulgariser ce livre, je dirais que nous avons un petit mix des deux univers. Attention, je ne parle pas du tout de plagiat (l'univers de Danya lui est propre !), mais plus d'une ambiance générale et d'un ressenti personnel.
La femme est assez en retrait dans ce monde patriarcal, mais elle n'est pas inexistante pour autant ni n'est juste représentée par de la légèreté, de l'insouciance et des batifolages. Preuve en est de Lina, la femme de Jayko, qui sait prendre les choses en main quand il le faut et de ses Amazones guerrières, comme Clara.
J'ai été un peu perturbée par le mélange des prénoms. En effet, on croise beaucoup de prénoms à consonnance française tels que Hector, George, Thomas, Henry, Maurice, Gaspard, Christophe, Alexandre, Clara... Mais aussi d'autres qui sont plus "exotiques" comme Jayko, Jengo, Pencry, Igitta, Semil, Baktiar... J'ai fini par m'apercevoir que les premiers étaient des prénoms danyens alors que les seconds étaient zeryens, mais qu'ils avaient été adoptés dans la culture danyenne, preuve d'une belle ouverture d'esprit et de respect. Enfin pour certains, parce que l'ambiance a beau être antique, le racisme n'est malheureusement jamais très loin...
La fin est pleine de promesses quant à la suite, qu'il me tarde de connaître pour voir comment, je l'espère, l'odieux complot des méchants va être révélé et ces derniers vaincus et punis par les gentils (oui, je vis encore parfois dans un monde de Bisounours lol). Mais à quel prix ? Telle est la question...
En résumé, passé les quatre-vingt-dix premières pages de présentation qui m'ont parues un tantinet longues, bien qu'intéressantes, l'histoire s'emballe, nous emprisonne pour notre plus grand bonheur jusqu'à la fin et nous livre un complot machiavélique, complexe et savamment tissé. J'ai adoré cet univers fantasy basé sur la Rome antique, son fonctionnement, son développement, ses intrigues et ses personnages forts tels que Jayko, Orel Mero, Clara, Jengo, Anthony, Patrick Groënne...

Pour le dévorer, c'est par ici .