Thomas Bronnec, né à Brest, est journaliste. Il a vécu au Vietnam et y a réalisé de nombreux reportages dont il s’inspirera pour écrire un premier roman policier, publié en 2012. Il est aussi l’auteur d’enquêtes et de documentaires pour la télévision. Collapsus son nouveau roman vient de paraître.
En France, demain ou aujourd’hui. A la surprise générale, Pierre Savidan, gourou écologiste dans son Finistère natal, s’est fait élire Président de la république en surfant sur la vague populiste. Immédiatement il lance un programme de mesures drastiques pour enrayer le réchauffement climatique. Instauration d’un « scoring écologiste individuel » où chacun se voit attribuer un nombre de points pour ses actions non respectueuses du climat, au-delà d’un certain seuil on est envoyé dans un camp de redressement ; limitation des voyages en avion, loi sur la commercialisation de la viande, limitation des naissances, etc. A ses côtés, dans l’ombre, Fanny Roussel, ex-alcoolique handicapée et ex-maîtresse du président, son âme damnée, l’exécutrice de basses œuvres ne reculant devant rien. Elu pour son écologisme assumé, ses méthodes autoritaires le muent en dictateur et la fronde parmi les défenseurs de la liberté et des règles constitutionnelles commence à gronder en dépit des morts suspectes dans leurs rangs…
Un excellent roman car très dérangeant.
Je n’entre pas trop dans le détail de l’intrigue, l’enthousiasme des uns pour ce programme, la levée de boucliers des autres face à cette atteinte aux libertés individuelles, les sanctions qui tombent et freinent les ardeurs, les lâchetés et compromis, les dissentions familiales, l’attitude des journalistes et celle des grands corps de l’Etat (Conseil constitutionnel etc.), les vengeances permises aux nouveaux hommes/femmes forts du régime… Des scènes de sexe explicites m’ont paru bien racoleuses.
Venons-en à l’essentiel. Comme l’indique le titre du bouquin, il s’agit d’envisager les conséquences de la collapsologie : « la théorie de l'effondrement global et systémique de la civilisation industrielle, considéré comme inéluctable à plus ou moins brève échéance. » Si on accepte ce postulat, seules des mesures drastiques pourraient éventuellement freiner le processus et c’est ce que fait Savidan. Mais qui dit mesures drastiques, implique restrictions des libertés, « état d’urgence climatique ». D’où la question qui nous est posée : Faut-il laisser l’humanité disparaître, en restant libres, ou en sacrifier la moitié et nos libertés, pour en sauver une partie ? Vous avez peu de temps pour rédiger votre devoir…
Dérangeant donc, mais aussi agaçant, Savidan ressemble à certains hommes politiques que nous connaissons en France comme à l’étranger, mais il n’est jamais l’un exclusivement. Le lecteur, en fonction de sa sensibilité politique lui trouvera son alias.