Ils n'ont pas rigolé ce jeudi matin parisien pluvieux, les jurés du 120e prix Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires français. Dix personnes, sept hommes et trois femmes. Ils avaient choisi leurs quatre finalistes mardi dernier à Beyrouth (lire ici):
- Giuliano da Empoli, "Le Mage du Kremlin" (Gallimard)
- Brigitte Giraud, "Vivre vite" (Flammarion)
- Cloé Korman, "Les Presque Sœurs" (Seuil)
- Makenzy Orcel, "Une somme humaine" (Rivages)
"Nous récompensons une femme écrivain qui a déjà derrière elle une carrière forte, et un livre qui sous une apparence d'être très simple pose une question très grave, celle du destin", a justifié Didier Decoin. "Je défendais depuis le début le roman de Brigitte Giraud et nous avons eu des discussions vives. Le roman d'Empoli est un excellent roman également, plus immédiat et actuel, mais moins romanesque, moins fascinant. Je suis toutefois extrêmement content qu'il ait eu le prix de l'Académie française, ce livre ne va pas s'arrêter là et va continuer de monter très haut", a-t-il ajouté.
Pour "Vivre vite", Brigitte Giraud s'est inspirée du drame de sa vie, survenu le 22 juin 1999 à Lyon. Claude, son compagnon, a démarré trop vite à un feu, avec une moto trop puissante qui n'était pas la sienne. Il est tombé et ne s'est jamais relevé. Il avait quarante et un ans. Le couple venait d'acheter une maison où vivre avec leur petit garçon de huit ans. Dans le livre, vingt ans plus tard, elle fait le tour de la maison, avant d'en rendre les clés et pose chaque fois la question "si". Si elle n'avait pas fait ça, si il n'avait pas fait fait, s'ils n'avaient pas fait ça. Une terrible scansion qui rythme le récit et en fait la beauté.
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Jury: Didier Decoin (président), Eric-Emmanuel Schmitt, Pascal Bruckner, Paule Constant, Patrick Rambaud, Tahar Ben Jelloun, Camille Laurens, Françoise Chandernagor, Philippe Claudel et Pierre Assouline.
Les treize femmes lauréates du Goncourt2022 Brigitte Giraud, "Vivre vite" (Flammarion)
2016 Leïla Slimani, "Chanson douce" (Gallimard)
2014 Lydie Salvayre, "Pas pleurer" (Seuil)
2009 Marie Ndiaye, "Trois Femmes puissantes" (Gallimard)
1998 Paule Constant, "Confidence pour confidence" (Gallimard)
1996 Pascale Roze, "Le Chasseur Zéro" (Albin Michel)
1984 Marguerite Duras, "L'Amant" (Minuit)
1979 Antonine Maillet, "Pélagie la Charrette" (Grasset)
1966 Edmonde Charles-Roux, "Oublier Palerme" (Grasset)
1962 Anna Langfus, "Les Bagages de sable" (Gallimard)
1954 Simone de Beauvoir, "Les Mandarins" (Gallimard)
1952 Béatrix Beck, "Léon Morin, prêtre" (Gallimard)
1944 Elsa Triolet, "Le premier accroc coûte 200 francs" (Gallimard)
Le prix Renaudot a été décerné ce même jeudi et au même endroit à Simon Liberati pour "Performance" (Grasset, 252 pages). Un écrivain vieillissant saisit au vol les dernières bribes que la vie lui accorde, un livre à écrire, un amour à vivre.
Pour en lire le début en ligne, c'est ici.
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Jury: Dominique Bona (présidente), Frédéric Beigbeder, Patrick Besson, Georges-Olivier Châteaureynaud, Franz-Olivier Giesbert, Cécile Guilbert, Stéphanie Janicot, J.M.G. Le Clézio et Jean-Noël Pancrazi.