MARAUDE(S) | Dilem & Bri
Par Sabrina Calvo
Chez La Volte (Eutopia)
Les forces de l’ordre sont aux portes du quartier, mais les habitant·e·s du quartier s’organisent. Deux membres de la Commune libre de Belleville arpentent les différents secteurs du territoire.
À travers les pérégrinations de Bri et dilem, c’est l’autonomie d’un quartier assiégé – acquise à la fois en puisant dans ses racines historiqueset en se projettant dans les pratiques alternatives d’une logistique humaine un peu folle – dont il est question. Non pas seulement une utopie mais un terrain surréaliste ancré dans un contemporain urbain aux questions bien réelles : comment nourrir une population, comment composer les amitiés, comment interroger les structures de domination liées au genre et à la classe, aussi bien dans la société qu’au sein des espaces de militance. Comment vivre au quotidien l’enfer d’un futur répressif ?
Les utopies réalistes, c’est un peu ma came. On les couple avec un peu de science-fiction (mais pas trop, parce que les utopies réalistes peuvent débarquées demain) et c’est bon, le moi-lecteur est content ! MARAUDE(S), y’a de tout ça et c’est vraiment chouette.
Sabrina Calvo, elle traine dans ma pile à lire depuis un petit moment avec Melmoth Furieux – lui aussi une utopie réaliste. Lire MARAUDE(S) est pour moi une entrée douce jusqu’au roman car tous les deux se passent dans le quartier de Belleville, commune où on vit en liberté, loin des forces facho du reste du monde.
Et vous savez quoi ? Ça fait un bien fou de lire une petite nouvelle pareille ! Le monde de Dilem et Bri n’est pas idyllique, ce serait pas réaliste sinon. Les forces armées se pressent contre les barricades, il y a toujours la maladie qui rode, le vieillissement des icônes ou tout simplement les affres de la vie en société. Les deux narrateurs nous emmènent en maraude dans les quartiers de cette Commune, iels nous présentent ses piliers, son fonctionnement, ses défauts aussi.
C’est une nouvelle pleine d’espoir, rafraichissante même si elle nous décrit qu’un éclairci au milieu de la tempête de changement. Je craignais ne pas tout comprendre, n’ayant pas (encore) lu Melmoth Furieux, mais c’est bien tout le contraire ! Je veux en lire plus, je veux lire l’histoire de la Commune de Belleville, je veux en rêver, m’en inspirer.
Sabrina Calvo a réussi ce tour de main de nous faire rêver d’une cité eutopiste avec ces soixante pages de pérégrinations, sans perdre celles et ceux qui n’ont pas lu l’ouvrage premier. C’est une nouvelle que je vais conseiller à tous mes ami-es rêveureuses !