Publié aux éditions Bragelonne, 2022, 720 pages. Quinze années se sont écoulées depuis la fin de la guerre contre les chtoniens, ces créatures des ténèbres qui traquaient les humains chaque nuit depuis des temps immémoriaux. Les héros du conflit sont devenus des êtres de légende, et les survivants ont bien du mal à sortir de leur ombre. Olive Papier et Darin Bales ont grandi dans un monde en paix. Pourtant, même si les démons ont été quasi anéantis, les écueils ne manquent pas pour les descendants des héros. Une vie toute tracée attend Olive, princesse du Creux, qui doit succéder à la duchesse Leesha. Plus sa mère cherche à contrôler son existence, plus la jeune fille se rebelle contre le rôle qui lui est assigné. Darin est confronté à des défis différents. Libre de choisir sa voie, il croule pourtant sous le poids de son héritage. Pas facile d'être le fils de l'homme qui, de l'avis de tous, a sauvé le monde. On attend de Darin de véritables exploits, lui qui n'a toujours été bon qu'à une chose : se cacher. Mais en franchissant les runes un soir, le duo découvre que les démons ont survécu et sont résolus à assouvir leur vengeance. Alors que leur vie est menacée, Olive et Darin tentent l'impossible pour sauver le monde à leur tour. Et pour cela, ils doivent y trouver leur place. Le Prince du désert est un premier tome de fantasy très dense. Je n'avais jamais lu Peter V. Brett qui a écrit une autre saga se déroulant dans le même univers, plusieurs décennies auparavant et je vous avoue que l'entrée en matière fut rude. En effet, l'auteur nous plonge directement dans un monde qu'il connaît bien, celui du royaume d'Olive, jeune princesse du Creux. On la suit d'abord évoluer dans son palais où elle suit aussi bien des cours de magie que des cours de combat. Parallèlement, le lecteur suit Darin, un jeune homme dont le père est une légende. Il a beaucoup de mal à assumer cette ascendance qu'on lui rappelle sans cesse. Peu doué, Darin se sent nul et en échec. Pourtant Darin et Olive vont devoir faire alliance car le monde de paix dans lequel ils évoluaient jusque-là vacille lorsque des démons réapparaissent... Comme je le disais au début de cette chronique, la prise en main de ce roman n'est pas aisée. Peter V. Brett a construit un monde très dense et très riche dans lequel il n'est pas forcément facile de se repérer. C'est aussi ce qui fait sa force parce que cette densité apporte beaucoup. Les relations entre les personnages sont complexes, les tensions entre les royaumes montrent un véritable sens politique dans ce livre. Il aborde aussi des questions auxquelles je ne m'attendais pas. Sans spoiler (on le sait très vite), Olive est désignée comme étant une femme mais elle possède également des attributs masculins. Cette question du genre balaye tout le roman et cela m'a beaucoup plu car l'auteur l'a traitée de façon originale. Le côté fantasy est également très développé par l'univers qui nous est présenté. Les démons attaquent de toutes parts et c'est pas toujours " joli joli " à voir. Il y a parfois des côtés young adult dû à l'âge des protagonistes mais il est vite contrebalancé par des scènes de combats et de batailles plutôt sanglants. Ce premier tome est vraiment réussi et nous plonge dans un univers très dense auquel il faut accrocher. Les novices en fantasy auront peut-être des difficultés à se plonger dans cette intrigue fournie. En revanche, les aficionados seront comblés.