Auteur : Meryma Haelströme
Éditions : Auto-édité
Paru le : 29 juin 2022
492 pages
Thème : Fantasy
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Fait partie de la trilogie
J'ai adoré !
Résumé
« Depuis 1000 ans, le culte d'Enora est banni du continent. Pourtant, sur l'île Dramung, les mages rebelles continuent de prier la déesse créatrice. Alors que le dernier dragon se meurt, Siobhan, puissante pyromancienne à la tête de l'Ordre d'Enora, décide de revenir sur le continent pour confronter l'empereur et mettre fin à l'esclavage de ses frères et sœurs élémentalistes. En chemin, elle rencontrera des alliés inattendus pour affronter leurs ennemis de toujours et changer le cours de l'Histoire. » Ma chronique
J'avais eu l'occasion de découvrir la plume de l'auteur lorsqu'elle m'avait proposé de découvrir le préquelle de cette trilogie. Je la remercie pour m'avoir donné l'opportunité de découvrir le premier tome. La couverture est sublime et on sent bien la patte de Nicolas Jamonneau, j'adore ! Le monde a été coupé en plusieurs parts inégales de telles sortes que certains sont devenus des esclaves de part leur particularité : ce sont des mages. Bloqués par des pierres de démons, ils sont devenus des esclaves pour le peuple de l'Empereur grâce à des sorcières qui travaillent avec lui. Un compromis qui ne plaît pas à tout le monde dans le monde des sorcières, mais surtout qui obligent certains et certaines à servir jusqu'à la mort des gens qui se fichent éperdument de leur vie. Ils ont des dons ? Ce sont forcément des monstres, ils sont dangereux. Mais dans ce cas que dire des sorcières qui travaillent avec le continent ? Est-ce qu'un simple bout de papier arrive à tenir tout ce petit monde ? Shiobhan, pyromancienne et Première Magistère de l'ordre d'Enora tente avec Meridan son meilleur ami et enseignant dans leur académie de contrer l'Empereur en sauvant des esclaves et en les aidant dans leur condition : retrouver leurs dons et savoir sans servir sans devenir un danger pour soi et autrui.
C'est bien plus que cela également, Shiobhan veut que tous puissent vivre ensemble, sans crainte. Bien entendu il y a toujours des mauvais dans chaque lieu, mais faire des sacrifices et des concessions de tous pourraient apporter un monde meilleur. Elle décide avec Meridan d'aller voir l'Empereur afin d'exposer ce qu'elle voit. Mais entre son dragon qui va mal et le fait qu'ils sont bannis, le chemin prévu risque d'être périlleux. Comment faire comprendre à un homme, un peuple entier qu'ils ne sont pas dangereux, qu'il faut du temps pour comprendre ce qu'ils sont et surtout que le danger ne vient pas des dons, mais de la façon dont ils sont regardés ? Le récit démarre sur un rêve, celui de Shiobhan lorsqu'elle a perdu sa compagne. Nous ressentons toute la tristesse et l'angoisse de recommencer à voler sur Jakar. Son dragon se laisse dépérir depuis cette catastrophe et le monde va de plus en plus mal. Shiobhan fait le choix d'aller sur le continent afin de défendre les siens et ceux qui sont encore sous le joug des familles. Avec Meridan, c'est une profonde amitié qui ne date pas d'hier. Le fait que la jeune femme l'aie sauvé il y a une dizaine d'années d'un maître a renforcé les liens entre eux. Leur combat, le fait d'être complémentaire et de pouvoir tout se dire les a rapproché tel des frères et sœurs. Tous deux, ainsi qu'une partie des mages de leur île vont effectuer le voyage qui doit rapprocher tout le monde sans asservir quiconque.
Un voyage qui ne sera pas de tout repos. S'il n'y avait que la magie et les méfiances cela serait déjà pas mal, mais s'il faut en plus rajouter des peuples différents qui se méfient les uns des autres, des alliances qui n'en sont pas vraiment, des objectifs divers qui sont prêts à tout pour modifier le monde (et pas forcément en bien, surtout lorsque nous voyons quelles créatures pourraient revenir), des traîtres dont nous ne connaissons pas encore les noms... Oui, Shiobhan et Meridan avec leurs compagnons vont devoir s'infiltrer dans divers lieux et agir comme ceux qui y vivent (les femmes ne sont que des femmes, incapables de faire ce qu'elles veulent, parler quand on leur dis) et surtout ne pas se faire repérer. La magie est présente en chaque personnage, que se soit par le biais d'un don, comme l'un des éléments, ou la sorcellerie, ou même le physique (car nous avons une belle surprise pas loin du cercle des sorcières que nous découvrons en même temps que Shiobhan). Et puis il y a également ceux qui n'ont pas de dons particulier, mais ils sont magiques malgré tout, celui de vouloir aider son prochain, de protéger les plus faibles. Et bien entendu, nous avons ceux qui se servent sans vergogne de leur pouvoir pour jouer avec la vie, le physique de leur esclave même si c'est interdit. Il existe des lois à ne pas enfreindre qui sont aussi vieilles que le changement de vie des mages qui protègent chaque individu. Malgré tout, comme dans toute civilisation, des hommes et des femmes sont capables de les enfreindre pour leur propre plaisir malsain.
L'auteur ne détaille pas ces fameux plaisirs malsains et c'est tant mieux. Nous savons qu'ils existent, que le fouet aussi sert, mais ce n'est pas détaillé de manière à rentrer dans des détails qui nous mettraient mal à l'aise. Nous savons qu'ils existent, que certains personnages l'ont subi et que d'autres les font subir. Par contre l'auteur nous laisse l'imagination afin de stopper comme bon nous semble. Le combat ne se fait pas en un claquement de doigts. Imaginer que nos héros vont réussir à arriver sans encombre jusqu'à l'Empereur est une bonne blague. Les rencontres qu'ils vont faire vont leur apporter de tout : soutien, tendresse voire plus, amitié. Les personnages secondaires comme Alice, Olerian, Ethen, Alya, Kherya, Amalia et Dara ont une grande importance, comme la plupart d'entre eux. Tellement qu'ils en deviennent des personnages principaux. Nous en suivons certains, tel Dara et Amélia, mais aussi Olerian dans leurs fonctions. Les doutes, les espoirs, la tristesse, l'envie de mourir après avoir tout perdu, chacun d'entre eux apportent un petit plus non négligeable à l'histoire. Certains rapprochements se font, tandis que d'autres se défont. Tous vont vivre une aventure hors du commun et tous n'iront pas jusqu'au bout de l'histoire. Il ne faut pas s'attendre à que de la joie. Le monde crée n'est idéal pour personne, et le peuple commence à se poser des questions. C'est là qu'il faut commencer à faire bouger les choses et Shiobhan va trouver en plusieurs protagonistes l'occasion d'entrer dans le "palais", de réussir l'impossible en tentant un reversement de situation. Ce n'est pas une seule femme, ou un seul homme qui le pourra, c'est un ensemble, une cohésion de groupes d'individus tous différents, tous d'horizons divers qui va permettre le début d'un changement.
Ce premier tome n'est pas passé loin du coup de cœur. Deux petits bémols qui sont essentiellement de mes gouts. Le premier est le fait de suivre les personnages et d'avoir une coupure après plusieurs chapitres pour découvrir un autre durant un certains nombres de chapitres et revenir aux autres. J'ai un peu de mal quand c'est aussi long. Je m'explique, lorsque c'est un chapitre chacun, je ne suis pas plongée complétement et donc il est facile pour moi de changer d'interlocuteur. Quand c'est avec autant de chapitres, j'ai du mal à oublier les personnages d'avant et je dois dire que l'histoire de Dara m'est passée complètement à côté, malgré son histoire très intéressante (je n'ai pas ressenti d'émotions vives pour elle dans ce début de récit). Le second point est juste qu'à un moment donné 4 personnages sont enfermés, mais ils travaillent à attraper un personnage important pour un dirigeant, mais ils sont de nouveau enfermés ? (Je pense que j'ai du me perdre juste à cette situation) Comme je l'ai indiqué, il s'agit vraiment de deux détails, dont le 1er est une affaire de gout. Le récit est prenant et l'envie de savoir comment tout cela va se terminer est important. Les peuples décrit donnent envie de les rencontrer, ainsi que les fameuses créatures autres que les dragons. Un soupçon de steampunk avec Alya et ses machines volantes (J'adore !) L'auteur nous régale de plusieurs éléments qui mis bout à bout donne une originalité et une aventure très complète et complexe.
Les personnages sont travaillés, surtout celui d'Olérian. Pour Shiobah, je pense que le prequelle est un gros plus pour mieux la comprendre, même si l'auteur lâche des informations pour mieux la suivre. Enora est une entité particulière qui semble voir tracer un destin pour nos personnages et je ne vois pas comme Ethen ce qu'elle apprend au final. Je vois cela plus comme un cadeau pour des êtres qui ont déjà tant perdu, que ce cadeau est précieux pour eux et leur rendre un avenir plus radieux avec toutes les épreuves qu'ils ont subi. Des thèmes comme la peur de la différence est plus qu'évoqué et mis en avant, tout comme le fait que les hommes gouvernent et qu'il est inadmissible pour une femme de prendre une place importante au sein d'un conseil, sauf dans le cercle des sorcières où tout est inversé. Les créatures évoquées, montrées et mises en avant sont à la fois terrifiantes et fascinantes. Les mages ont réussi l'impossible : concilier la nature profonde de chacun d'entre eux, de donner une chance à tout le monde, de vivre en harmonie, de ne laisser personne sur le carreau. C'est un récit qui est dense avec quelques rares moments pour souffler. Il met en avant des personnages et leur vie de telle manière que nous comprenons facilement ce qui les motivent à faire tel ou tel choix. L'ajout de la nécromancie, le dégout de certains pour leur propre don, l'auteur nous emmène dans les pensées de chaque personnage et nous montre également les forces et les faiblesses. Être un mage ne veut pas dire être tout puissant.
En conclusion, un premier tome qui a énormément de qualités. Le monde crée est magique de part les personnages, les histoires, le passé, les lieux bien décrits et la plume de l'auteur. Le mélange des créatures avec les humains, le fait d'avoir un passé riche en événements et un épilogue qui nous fait passer 3 ans après les péripéties est un sacré plus. Les combats sont nombreux, les cachettes aussi. J'ai adoré suivre l'évolution de Olerian et voir le cœur d'artichaut de Meridan en action. Il faut savoir ruser et rester sur ses gardes pour avoir une chance de se faire entendre. Des thèmes évoqués plus haut dans le malsain, comme les viols ou la pédophilie sont juste évoqués et mis en avant d'une certaine manière que nous n'ayons pas les descriptions glauques et c'est parfait ! Avoir des alliés est crucial et savoir à qui parler également. Oh, j'allais oublier, chaque peuple a son propre "nom", ses caractéristiques, sa magie et bien d'autres choses encore. Je regrette de ne pas avoir vu que l'auteur avait fait un ulule pour lui, car j'aurai été plus que ravie d'y participer, comme je le fais de temps en temps pour des lectures qui sont dans mes thèmes préférés. Franchement, si vous ne connaissez pas et que vous aimez la fantasy, foncez !
Extrait choisi :
« – Cours, Olerian ! Le Narameidh est ta seule chance ! Cours !
Il aperçut une silhouette gigantesque émerger de terre et des flammes fuser en tous sens. Dans son dos, il entendit des voix qui l’appelaient. Il hésita une seconde, mais il ne voulait pas décevoir sa nouvelle amie. Alors, il se précipita vers le mur d’enceinte sans demander son reste. Une ouverture lui tendait les bras sur la droite et il s’effondra contre la pierre. Des mains chaudes l’attrapèrent pour le tirer à l’intérieur et il fut englouti par l’obscurité. Sa dernière pensée fut pour Siobhan avant de sentir une vive brûlure à l’épaule gauche. »