Je dois cette lecture à une opération Masse critique privilégiée du site Babelio en partenariat avec les éditions Pocket et je les remercie pour cette lecture très sympa.
En avant-propos, Tatiana de Rosnay raconte la genèse de cette histoire, explicitant que celle-ci fut écrite il y a très longtemps (quand elle débutait dans l'écriture), que le manuscrit avait été refusé par sa première maison d'édition, qu'il a ensuite dormi pendant un certain nombre d'années et que c'est au détour d'un grand déballage de cartons qu'il s'est rappelé au bon souvenir de son autrice, puis de ses éditeurs actuels qui se sont empressés de la motiver à publier. Comme quoi, une même histoire peut avoir deux destinées totalement différentes, liées aux humeurs du moment (l'acceptation d'un écrit aux facettes multiples comme Jane Eyre à son époque), à la renommée confirmée de son auteur peut-être aussi.
Quoi dire de plus : Célestine du Bac au titre explicite et très bien choisi présente un tandem à la Momo-madame Rosa de La vie devant soi de Romain Gary, en version bobo parisien en décrochage scolaire-clocharde à l'esprit éclairé. Mais Célestine du Bac ne se résume pas qu'à cette rencontre improbable. Elle offre une galerie de portraits , chacun se connectant aux autres. Cette œuvre est multiple et nourrie : à la fois par son fond narratif (roman qui penche soit dans le linéaire, le sulfureux et l'érotisme, le fantastique et le conte initiatique, la carte postale... chaque période se succédant à l'autre sans transition et surtout sans grande rupture), par son scénario et les valeurs qu'il porte : la mue du héros passe par la quête d'un souvenir et une réconciliation avec lui-même.
Techniquement, l'histoire tient la route si on l'accepte comme un écrit imaginaire. Littérairement, il y a quand même des couleuvres à passer (celle d'une sans domicile fixe qui sait changer l'ordre des choses) et des coïncidences quand même heureuses (d'un autre côté, en ces temps difficiles, il n'y a pas de mal à se faire du bien).
Mine de rien, Tatiana de Rosnay aborde la capacité humaine de résilience, le deuil, le quotidien violent des exclus de la société. Elle y parle aussi d'amour (beaucoup) et des relations homme-femme, de la quête d'accomplissement. Avec intelligence et à l'aide d'une plume à la fois simple, efficace et redoutablement accessible, Tatiana de Rosnay offre une histoire universelle qui peut plaire au plus grand nombre. En tout cas, j'ai passé un moment sympa de lecture.
Editions Pocket