Les Facétieuses • Clémentine Beauvais

Les Facétieuses • Clémentine Beauvais

Un ovni littéraire qui investigue l’Histoire des Marraines La Bonne Fée. Bluffant!

╰☆ Résumé ☆╮

L’héroïne Clémentine Beauvais autrice jeunesse déprimée par une série d’échecs littéraires et amoureux trébuche sur une curieuse énigme historique : qui était la marraine la bonne fée du petit prince Louis XVII fils de Louis XVI et Marie-Antoinette ? Comment cette fée – dotée comme toutes ses consoeurs de l’époque de pouvoirs magiques puissants – a-t-elle pu abandonner le petit prince à une mort atroce ? Plus étrange encore pourquoi a-t-elle disparu des archives de l’Histoire après la Révolution ? Et si derrière ces mystères se trouvait la clef d’un autre encore plus grand : Que s’est-il passé le jour où la magie s’est évaporée ?

✿ Mon avis ✿

Attention, ovni littéraire en vue. Je ne m’attendais pas à cela mais j’ai passé un très bon moment auprès de Clémentine et de sa folle enquête. Ou devrais-je parler d’essai ? de fiction ? de fantasy ? C’est à la fois tout cela et autre chose totalement… D’où la parfaite définition d’ovni. Clémentine se met en scène en étant propre narratrice de son roman où elle mentionne bien d’autres personnes réelles. Des auteurs, des éditeurs, des personnages historiques… On se met à imaginer son récit comme si c’était un extrait de sa propre vie. Enfin, jusqu’à un certain point. Car peut-on réellement croire à l’existence des Marraines La Bonne Fée ?

D’après Clémentine, celles-ci ont existé il y a quelques siècles. Elles étaient surtout protectrices des rois, des riches, des aristocrates… bref, de la partie bourgeoise et noble de la société française (et d’ailleurs !), ceux qui avaient les moyens de leur payer une rente pour que ces dames veillent sur leurs filleul(e)s tout au long de leur vie. Des gens qui sont devenus rois, inventeurs, écrivains, présidents… Le pouvoir des Marraines est très puissant !

C’est un roman (appelons-le comme ceci même si le terme n’est peut-être pas le plus approprié) qui m’a surprise par son thème, sa tournure, sa mise en scène mais aussi par sa profondeur puisque Clémentine Beauvais attaque également la politique, le capitalisme et la sociologie (avec plusieurs mentions de notre cher Bourdieu). La différence de classes et l’égalitarisme sont taclés de mains de maitre, sans trop prendre le pas sur la fiction drôle et originale qu’elle nous déballe.

Le point d’origine de son histoire est celui-ci : qui était la Marraine du roi Louis XVII, petit dauphin mort en cellule bien trop jeune ? De quoi nous donner envie d’investiguer le décès de cette personnalité historique disparue à l’âge de 10 ans seulement. Cependant, ce n’est pas spécialement ce sujet qui fait la force du récit. L’autrice aurait pu écrire sur n’importe quoi je pense. Sa force, son originalité, c’est avant tout le format de son discours, la patte de sa narration si authentique tout en restant fictive ainsi que la formule d’enquête avec coupure de presse, extrait d’ouvrages (le tout noté dans d’autres polices de caractères) et échanges de mails/messages avec divers protagonistes. De quoi nous laisser sur le bord de notre chaise, dans une situation de suspense. Qu’elle est la part de vérité dans son récit ? Jusqu’où part son imagination ? On se le demande constamment.

Un ouvrage qui laisse une trace et qui ne s’oublie pas. Grâce à son côté farfelu aussi bien dans le fond que dans la forme, Clémentine Beauvais imprime sa marque dans le cœur et la tête de son lecteur. De quoi passer un moment remarquable avec une autrice qui n’hésite pas à attaquer des points de société forts à travers un texte que l’on pourrait aussi bien classer dans le rayon fiction que fantasy ou enquête mystère. Bluffant et accrocheur !  

Un grand merci aux éditions Sarbacane et à la masse critique Babelio pour cette découverte. J’avais déjà lu Clémentine avec son Songe à la douceur et je suis maintenant en admiration devant sa plume si versatile. Une lecture ado qui mérite le détour ! 

 CHRONIQUE #792 – Décembre 2022

  • Parution : 2022
  • Editeur : Sarbacane
  • Nombre de pages : 320 pages
  • Genre : Ado / Fantastique