Marceline ou le monde des autres de Marc Desaubliaux

Certains auteurs ont vraiment un style à part et c’est le cas de Marc Desaubliaux. Pour cet écrivain parisien passionné par son art, il importe de dénoncer et d’exposer les faits. Soucieux de retracer avec fidélité la vie réelle et ses problématiques, l’auteur présente un nouveau roman poignant appelé Marceline ou le monde des autres.FOND COUS LITTERATURE

Dans cet ouvrage épais, le lecteur suit plusieurs destins qui s’entremêlent.

Un récit poignant et criant de vérité, qui met le doigt sur le clivage entre les classes sociales en France. Tout débute par un cambriolage : des jeunes s’en prennent à une luxueuse demeure, appartenant à la famille Frémy. L’écrivain raconte brillamment l’Histoire de Rougemont, la fracture entre les communautés riches et pauvres. Deux mondes qui finalement sont appelés à entrer en connexion, l’un avec l’autre. Les chapitres se suivent et ne se ressemblent pas, car Marc Desaubliaux a le don d’entretenir le suspense et de semer des indices sur le chemin qu’il souhaite glaner. Le lecteur est emporté dans le quotidien de personnages différents, voués à se rencontrer. Chez Jean-Patrick et France Frémont, l’alcoolisme fait des ravages. Une nuit, Madame disparaît, tandis que son mari panique. En diagonale, le lecteur suit le quotidien de la jeune Marceline, issue des quartiers populaires… Les points de vue s’alternent, créant une dynamique très intéressante sur différentes couches, à la manière d’un délicieux baklava. Les deux fils Frémont, Henri et Paul sont privilégiés. Ils vivent dans une demeure bien entretenue, descendent d’une famille bien vue à l’église. Et pourtant… L’épouse s’est exilée à Paris, ville dans laquelle elle se sent plus vivante qu’à la campagne, qui détruit son moral et son équilibre intérieur. Cette famille qui suscite des jalousies est donc dysfonctionnelle, très éloignée de l’image lisse que les habitants lui prêtent. En parallèle, un lourd secret de famille semble sur le point de sauter : un ancêtre qui aurait pactisé avec l’ennemi…

Malgré ses origines modestes, Marceline est une jeune fille qui a soif d’apprendre la vie.

Elle se rend à la bibliothèque, souhaite travailler et étudier, tandis que ses parents attendent d’elle qu’elle puisse ramener un salaire supplémentaire à la maison. Marc Desaubliaux retrace avec brio l’ambiance qui règne chez les plus pauvres, avec un regard compatissant, jamais pathétique. L’auteur réussit le pari fou de s’attaquer à des sujets sensibles, sans tomber dans le mauvais goût. En parallèle, les enfants de France et Jean-Patrick Frémont se rendent bien compte des problèmes d’addiction de la mère, toujours volatilisée. Reviendra-t-elle à la maison ? A-t-elle réellement délaissé ses enfants pour toujours ? Dans ce tourbillon d’évènements dramatiques, Marc Desaubliaux exploite à fond la tension qui règne, et surtout l’horreur derrière les non-dits. Les secrets de famille se muent en fardeaux, qui sont enchaînés comme des boulets aux pieds des descendants et héritiers. A Rougemont, les jeunes adolescents rencontrent leurs premiers amours, commettent leurs premiers péchés… 

Une immersion réussie dans des classes sociales opposées

Avec des personnages très crédibles et réalistes, l’auteur sait également émouvoir, surtout en retraçant la première romance de jeunesse de Jean-Patrick. Un personnage qui incarne l’archétype parfait de l’homme blanc, bourgeois, chrétien mais résolument humain. Pour ce père de famille abandonné par sa femme et malmené par les bêtises de ses fils, le lecteur ressentira irrémédiablement une grande empathie. Au beau milieu de son intrigue moderne, l’écrivain retrace des souvenirs de guerre qui semblent plus vrais que nature. La force de ce roman est sa crédibilité et le niveau très précis de chaque détail. Finalement, chaque piste avancée par Marc Desaubliaux est soigneusement exploitée. En fait, les pièces du puzzle s’assemblent petit à petit, pour prendre une forme glaçante. D’ailleurs, la famille de Marceline semble détester le clan Frémont pour une raison inconnue… Cet élément central est la clef de l’intrigue. 

Une critique sous-jacente

Il semblerait que la profondeur du propos de Marc Desaubliaux vise avant tout à critiquer le silence qui règne et les mensonges dissimulés depuis trop longtemps. Ces sinistres affaires qui remontent à la surface comme des cadavres qu’on aurait cherché à faire disparaître. Les gens sont manipulateurs à tout âge. Malgré leur jeunesse, les personnages les plus insouciants ou innocents peuvent se révéler plus sombres que jamais. Le constat est dramatique : le récit prend des airs tragiques. 

Le site de l’auteur : https://www.marc-desaubliaux.fr/