Blanche Cerquiglini est responsable des collections "Folio classique" et "Folio théâtre" chez Gallimard après avoir été secrétaire de rédaction de la revue Critique aux Editions de Minuit et travaillé pour la Bibliothèque de la Pléiade. A ce titre, elle est spécialiste de littérature classique. En parallèle, elle est aussi critique littéraire depuis 2009, publiant principalement des articles sur le roman français contemporain. Ses essais questionnent la société à partir de la littérature.
Proust-Monde - Quand les écrivains étrangers lisent Proust vient de paraître en poche. Il s’agit d’un recueil de 83 textes, dont 20 dans une première traduction, rédigés par des écrivains étrangers. J’ai bien dit écrivains et non critiques ou universitaires. J’ai conscience que cet ouvrage ne va pas intéresser tout le monde mais pour tous ceux qui placent Marcel Proust très haut dans leur panthéon littéraire, sachez que parmi la masse de livres parus cette année sur l’écrivain, à l’occasion du centenaire de sa mort, ce bouquin mérite largement d’être lu.
Pour vous donner une idée de son contenu, le mieux est de vous en donner les titres des principaux chapitres : Traduire Proust (« La complexité de la phrase proustienne, si souvent soulignée par les lecteurs, est redoublée dans la traduction ») Ses premiers lecteurs (Rainer Maria Rilke, Edith Wharton, Stephan Zweig…), Grandeur et longueur de Proust (Yukio Mishima, Vladimir Nabokov…) Anti-Proust, Pastiches et réécritures, Proustophilie (Roald Dahl, Haruki Murakami, Umberto Eco…), Ecrire après Proust ? (Virginia Woolf, Kazuo Ishiguro, Milan Kundera…)
A la lecture de ces titres, vous constatez déjà qu’un minimum d’objectivité assure un bon niveau au bouquin puisque même ceux qui n’aiment pas l’auteur, sont cités (Jorge Luis Borges, D.H. Lawrence, Aldous Huxley…) et ça ne manque pas de sel. Et si on y ajoute le casting du générique que je viens d’esquisser, vous comprenez que c’est tout le gratin mondial de la littérature qui est passé par Proust, qui l’a disséqué, analysé, commenté.
Un bouquin qu’on peut lire en piochant selon son humeur ou comme moi, en allant d’abord directement voir ce qu’en disent vos écrivains préférés. Un excellent document.
« Proust ! C’est quoi Proust ? Telle est la jérémiade des non-initiés autour de nous. A ces personnes, qui ne veulent pas être instruites, on répond que Proust est une mode – une maladie – et qu’un proustien, soi-disant, est un mangeur d’opium. Mais, pour ceux qui le connaissent et qui l’aiment, il est un Prospero sage et rusé dont la baguette est le style, et Combray une île enchantée – c’est-à-dire Ferdinand, pas tellement Miranda, mais plutôt Caliban, les marins ivres et tous les autres. » [Violet Hunt]