Auteur : Nicolas Jacquemin
Éditions : Baudelaire
Paru le : 02 septembre 2021
164 pages
Thème : Fantasy
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Fait partie de la série
J'ai aimé :)
Résumé
« Au début du XVIIIe siècle, dans la campagne bourbonnaise rongée par la misère et la famine, deux adolescents bousculés par la vie abandonnent leurs foyers. Pourchassés et désespérés, ils suivent les conseils d'un étrange forgeron et choisissent de se réfugier dans une mystérieuse forêt interdite. D'après une vieille légende, rares sont ceux qui ont osé y pénétrer, et personne n'en est jamais ressorti indemne. Malgré la certitude de nombreux périls, ils espèrent y trouver enfin un peu de temps pour vivre et s'aimer. Parviendront-ils à survivre au prochain hiver ? Petit garçon sensible et mystérieux, Nicolas Jacquemin passe une grande partie de sa scolarité au fond de la classe, à écouter d'une oreille. Il préfère regarder les nuages par la fenêtre et dessiner des dragons et des licornes dans les marges de ses cahiers. Curieux des autres et du monde, il montre des capacités pour les disciplines artistiques et se passionne très tôt pour les romans d'aventures, le cinéma et la musique. À quarante ans et après avoir exercé une dizaine de professions différentes, il propose aujourd'hui une synthèse de ses réflexions sur la vie et la nature humaine.» Ma chronique
Je remercie la maison d'éditions Baudelaire pour l'envoi de ce livre. Le résumé et le côté fantasy proposé m'a conquise et je dois admettre que lorsque le format est arrivé je me suis demandé où tout allait se mettre. Petit format certes au vu du nombre de pages, mais par contre il est imposant par l'aventure proposée par l'auteur. Il est indiqué pour adolescent, mais connaissant certains d'entre eux pour travailler dans un collège, certains termes sont un peu trop difficile à comprendre pour eux, par contre pour un peu plus vieux (Lycéens) et nous adultes, aucun problème !
Le récit est composé de nombreux chapitres très courts, permettant ainsi de créer du mouvement. 18ème siècle et un petit Louis, orphelin, vivant avec des sœurs décide de disparaitre en pleine nuit, tout juste 12 ans. Les temps sont durs, la misère est partout et la vie rude. Alors lorsque Louis décide de partir pour vivre sa vie, il ne sait pas ce qui l'attend. Un fil de pêche, une vieille couverture et très peu d'objets dans sa poche, il va pour autant perdre de quoi s'offrir du poisson et se retrouver dans la gadoue. Une main tendue alors qu'il n'y croyait plus, car un enfant comme lui sans parent, sans toit ne mérite que le mépris, traité de voleurs, bien qu'ils n'aient rien demandé. Pour Louis, l'aventure ne s'arrête pas là, le résumé nous donne déjà beaucoup d'indications, peut-être un peu trop, car je dois avouer que je pensais entrer dans la fantasy plus vite que au-delà de la moitié du livre. Un petit gout de trop peu, je parle de suite de ce qui est en manque pour ma part comme ça je n'en parle plus. La fantasy est vraiment infime même passé la moitié du livre, elle est vraiment base sur la nature et il faut bien lire pour le comprendre (d'où les plus jeunes risquent de ne pas comprendre pourquoi le livre est catalogué en fantasy). Passé ce manque et le thème mis de côté, l'histoire est vraiment intéressante de part la plume de l'auteur qui est très travaillée, par le contexte et par l'aventure de Louis qui n'est pas simple.Une histoire pas comme les autres. Louis, Orphelin prend sa vie en main. Il a du courage, de la volonté et l'envie de vivre autrement que de travailler jusqu'à l'épuisement. C'est un travailleur c'est juste le fait que bosser pour un autre sans pouvoir toucher son argent et vivre de miettes, ça non ! Son courage n'a pas de limite, petit et jeune gringalet, il va malgré tout marquer les esprits, comme ce Robert, forgeron de son état qui va lui proposer de travailler pour un homme dur, mais presque juste. Presque juste, ce n'est pas le mot, mais cela y ressemble. Cet homme fait trimer ses hommes et femmes à son service sans qu'il ne bouge le petit doigt et a des idées fixes sur les jeunes femmes, mais ce n'est pas un violeur ou un tueur. Il arrive même à rester correct dans ce qu'il donne en échange du travail fourni. Ne pensez pas que c'est un saint, loin de là, mais avec tout ce que Louis a déjà connu, c'est un petit gout de paradis sur terre. Il est vrai qu'entre lui et Robert, ce sont deux hommes totalement différents, mais qu'importe, le premier apportera le "soutien" financier à Louis et le second un soutien moral et bien plus encore. Louis grandit et sa vie change au fil du temps. Ses envies deviennent celles d'un presque homme (oui, j'aime ce mot en ce moment) et son chemin va rencontrer celui de Rose, une douce jeune fille qui lui fait palpiter le cœur bien trop fort. Un amour naissant entre eux deux, une vie rude qui ne pourra pas être plus douce surtout en ces temps mouvementés. Nous entendons parler de seigneurie, d'hommes qui n'ont pas de valeurs, de curés qui commencent à prendre l'église pour leur trône, de mariages arrangés et de légendes. Ces derniers laissent entendre quelque chose sur une forêt, maudite ? L'auteur nous en parle, nous la décrit et le voyage commence véritablement à ce moment précis. Une plénitude, une sérénité une fois quelques obstacles mis de côté. Et puis cet univers va montrer des trésors de tout genre. La patience va devoir être de mise, les cadeaux sont des deux côtés. Cette "magie" nous emporte dans un monde insoupçonné qui peut-être à la fois la perte ou une bénédiction pour nos personnages. L'écriture est un sacré plus dans l'histoire, elle nous entraine sur des sentiers qui paraissent perdus au départ et qui pourraient l'être si Louis n'était pas un personnage qui donnait envie qu'on se batte pour lui. Il est droit, fier de ce qu'il accompli et n'hésite pas à se mettre en danger pour sa belle.
Je me suis attachée à Louis et sa vie qui passe de misérable à quelque chose de plus beau. Il faut du temps, de la patience, du courage encore et du travail pour parvenir à obtenir un bout de bonheur. Tout cela ne peut réussir sans Robert (le forgeron, j'en ai parlé plus haut) qui a une bonté et voit au travers des corps. Il sait des choses et fait ce qu'il peut pour l'aider, avec ses moyens, ses manières de tromper les empêcheurs de tourner en rond. Les animaux ont une grande place dans le récit, tout comme la nature, les arbres, les ruisseaux... J'ai eu un peu plus de mal avec Rose, dans le sens où nous en savons très peu sur elle, j'espère que la suite nous en apprendra plus sur elle et les autres personnages. La forêt reste intrigante et le récit de Robert qui va avec nous laisse un petit gout d'en savoir plus. Les légendes semblent se mettre en place dans la réalité de Louis et l'utilisation de l'instrument semble avoir un effet sur la nature et les hommes. J'ai hâte d'en découvrir encore plus et d'être émerveillée !
En conclusion, j'ai beaucoup aimé suivre le petit Louis qui devient plus grand. Son courage ne manque pas et sa ténacité non plus. Des chapitres courts apportant du mouvement. La plume de l'auteur est à découvrir, elle ne manque pas de nous emporter dans son monde. Une ambiance féérique qui arrive un peu tardivement, mais qui promet des aventures encore plus extraordinaires par la suite !
Extrait choisi :
« Rose atteignit le sommet la première. Elle s'arrêta, le souffle coupé, alors que le soleil se levait à peine sur l'immense forêt endormie dans la brume. Très haut dans le ciel strié de délicats nuages orangés, un milan royal planait sans efforts et son cri perçant résonna sur les cimes. Un second rapace répondit, puis rejoignit le sillage du premier dans son immense courbe. Louis arriva quelques instants plus tard et s'arrêta sur sa gauche.
Elle ne pouvait détourner les yeux du somptueux spectacle qui s'illuminait dans les lueurs de l'aube. La brise balaya subitement les vallons et toute la forêt scintilla de perles d'or. Louis n'avait de sens que pour Rose. Ses yeux brillaient de milliers d'éclats. Le vent jouait dans ses cheveux, caressait sa nuque et emportait jusqu'à lui cette inimitable fragrance sucrée d'un miel de mille fleurs. Il glissa délicatement sa main dans la sienne. S'il existait un mot pour dire à quel point son bonheur était complet, il l'aurait gardé pour lui. Cet instant était bien trop précieux.»