Éditions Le livre de poche, 2020 (223 pages)
Ma note : 16/20Quatrième de couverture ...
Est-ce une très bonne idée de réunir, à l'occasion des fêtes de fin d'année, des enfants et petits-enfants qui ont tous de bonnes raisons de vous haïr ? Surtout quand il s'agit de leur annoncer que vous modifiez votre testament ?La première phrase
" Stephen releva le col de son pardessus et s'engagea sur le quai d'un pas vif. Un brouillard opaque pesait sur la gare. De grosses locomotives sifflaient fièrement en lâchant des tourbillons de vapeur dans l'air glacé. "
Mon avis ...
Quel bonheur de retrouver ce cher Hercule Poirot et ses petites cellules grises ! Le Noël d'Hercule Poirot (1938) fut à nouveau une lecture inoubliable. Impossible de démêler le vrai du faux pour deviner l'identité du coupable : la Reine du crime aura, une fois de plus, réussi à me mener en bateau.
Les fêtes de fin d'année approchent. Mais plutôt que de profiter de vacances bien méritées, Poirot se trouve une nouvelle fois sollicité pour enquêter sur un meurtre. Et pour cause, le corps d'un vieil homme richissime et acariâtre (Simeon Lee) est retrouvé baignant dans une mare de sang. Qui aurait pu faire le coup ? Tout le monde ! Puisque les héritiers de la victime tentaient de faire bonne figure espérant remporter un jour le magot. Et si en plus quelques diamants sont en jeu... Hercule Poirot n'a pas dit son dernier mot. En visite chez le chef de la police, le colonel Johnson, le voici qui accourt chez les Lee bien décidé à résoudre cette affaire chargée d'hémoglobine (ce qui tranche avec les codes d'écriture d'Agatha Christie). L'autrice nous prévient d'emblée : Le Noël d'Hercule Poirot a été rédigé pour son beau-frère qui lui réclamait "un de ces bons meurtres bien sanglants".
L'enquête se révèlera plutôt compliquée car, comme chez Gaston Leroux, la porte du lieu du crime est retrouvée verrouillée de l'intérieur, et ce sans aucune trace d'effraction. Et que dire de cet horrible cri d'agonie... Les quatre fils de Simeon Lee sont ajoutés à la liste des suspects : Alfred, le fils modèle et totalement dévoué ; Harry, mystérieusement revenu après des années de silence radio ; David, au tempérament passionné ; et George le politicien. Prenez les suspects, rajoutez-y leurs épouses, un climat de mésentente familiale ou encore un majordome qui écoute aux portes, et vous obtiendrez un Cluedo géant plutôt haletant.
Je ne suis jamais déçue avec les enquêtes d'Hercule Poirot. D'autant plus que nous retrouvons ici notre détective belge en grande forme ! J'admire les talents de conteuse d'Agatha Christie qui réussit toujours à me surprendre. Mais j'aime aussi cette atmosphère si réconfortante qui se dégage des Poirot (plutôt curieux lorsque des meurtres sont mis en scène me direz-vous... mais je fais ici allusion au charme désuet qui se dégage des romans d'Agatha Christie, aux rapports toujours très comme il faut qu'entretiennent nos personnages (si l'on excepte évidemment la présence du meurtrier), à la bienveillance de Poirot. Si notre héros se montre toujours d'une modestie incommensurable (!), il possède un petit côté bien à lui, original mais attachant. Alors lorsque j'ai besoin d'une lecture doudou, ou tout simplement de souffler un peu, voici que je m'installe avec un Poirot (et un carré de chocolat à la main). Il me tarde déjà de poursuivre l'aventure, pour réussir un jour à tous les lire dans leur ordre de publication.
Extraits ...
" Le colonel Johnson secoua la tête. Il envoya un coup de pied dans les bûches du foyer pour passer son humeur.
- Comme je le dis toujours, remarqua-t-il tout à trac, rien ne vaut une bonne flambée !
Hercule Poirot, qui sentait un vent coulis dans son cou, se murmura in petto :
- Quant à moi, ce serait plutôt : vive le chauffage central... "