Code : bleu merveille (Charlotte Cottu)

Par Gabrielleviszs @ShadowOfAngels

Auteur : Charlotte Cottu

Éditions : Les 3 colonnes

Paru le : 09 septembre 2022

160 pages

Thème : Policier

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon

J'ai aimé :)

 Résumé 

  « Un soir de 1902, soeur Thérèse Lacombe découvre deux bébés devant la porte du couvent. Les deux nourrissons abandonnés sont deux soeurs. Thérèse leur donne son nom de famille. C'est ainsi qu'elles deviennent Honorine et Victorine Lacombe. En 1920, au couvent de la Bonne Foi, Augustine la mère supérieure, est retrouvée empoisonnée dans son lit, un étrange liquide bleu sortant de sa bouche. Le soir même, les deux soeurs prennent la fuite. Neuf ans plus tard, Honorine et Victorine décident de mener l'enquête sur une terrifiante épidémie qui se propage au Mont-Saint-Michel, un virus qui pousserait les malades au suicide. Cependant, l'idée d'un empoisonnement général est mise sur la table... Dans une société patriarcale, les deux jeunes femmes vont tenter de se faire un nom dans le milieu du journalisme aux côtés d'Ernest Dubois, un célèbre journaliste misogyne, au passé trouble, et d'un jeune photographe maladroit du nom de Léopold Gautier. »    

 Ma chronique

Je remercie l'auteur pour m'avoir fait parvenir son roman. Une couverture particulière, qui change de ce que je lis habituellement et l'intérieur l'est tout autant. Un roman court où nous suivons les aventures de deux sœurs, Honorine et Victorine Lacombe, recueillie par une sœur Thérèse du couvent de La Bonne Foi. C'est cette femme qui leur a donné ces identités, car deux bébés dans un panier en osier sans papier, impossible de savoir qui elles sont vraiment et si elles sont vraiment sœurs. Durant leurs premières années, elles vont vivre au couvent et si Victorine est la petite fille modèle, Honorine est son contraire. La première est choyée, la seconde martyrisée pour ses bêtises de jeunesse et même un peu plus encore. Il faudra du temps, de la patience et une fugue pour que les deux sœurs retrouvent un brin de liberté. Nous sommes dans les années 20/30 et la place de la femme est encore incertaine. Elle tente de se libérer de sa condition de femme dans la cuisine ou auprès des enfants, elle se veut plus libre de pouvoir exercer le métier qu'elle désire. Des hommes qui ne voient en elle que la mère ou l'épouse, mais travailler autrement qu'en servante ou bonne ? C'est impensable et pourtant Honorine rêve de pouvoir faire ce qu'elle désire. Et enquêter en fait partie.

  Victorine et Honorine ne savent pas marcher l'une sans l'autre. Seules elles sont vulnérable, ensemble elles se complètent. Leurs caractères bien différents les obligent souvent à se confronter l'une l'autre, pour autant elles sont inséparables et se protègent mutuellement. Victorine est plus douce, plus tendre, plus encline à imaginer son futur mari sous les traits d'un homme qu'elle voit une seconde. Honorine est plus vive, plus farouche et ne se laisse pas conter fleurette pour n'importe quelle moustache qui peut apparaitre. Elles sont drôles et la façon de faire pour avoir une chance d'enquêter est amusante. Je passe sous silence cette manière de procéder, dans tous les cas, ces deux femmes ont de la ressource et l'envie de trouver avant des hommes qui est derrière cette histoire de produit bleu qui coule des lèvres des suicidés. Car oui, il s'agit apparemment de personnages qui ont envie d'en finir avec la vie, sur le Mont St Michel. Est-ce qu'il y a un micro-climat sur cette "île" ? Est-ce que la folie règne sur ce petit bout de terre et amène les habitants à user de stratagèmes pour couper court à leur vie ? Les sœurs Lacombe s'incrustent afin de trouver le ou les coupables, raisons surnaturelles ou non et permettre ainsi à la femme de se montrer sous son meilleur jour.
    Ce n'est pas sans compter sur un journaliste enquêteur, Ernest Dubois qui ne veut pas voir de femme autre que dans son lit, ou aux fourneaux. Et de Léopold Gautier, photographe (en herbe ?) et accessoirement très maladroit sur ses paroles, actes et autres qui aimerait un peu plus que cela. Deux hommes qui enquêtent, deux femmes qui veulent leur passer devant. Tout cela ne risque pas d'avancer dans le bon sens, surtout si la fameuse équipe de ces 4 personnages ne comptent pas communiquer sur leurs avancées. Cela permet des confusions, des redites et du tracas, surtout pour nos deux sœurs qui n'arrivent pas à trouver leurs places et pour cause : deux femmes détectives ? Personne ne les prend au sérieux voyons ! Personnellement, lorsque je lis et comprends les caractères des deux hommes, ainsi que leur façon de faire, bon sang, ceux-là sont vraiment risibles. Je n'aurais pas aimé être à cette époque, je les aurais envoyé paître depuis bien longtemps. La résolution ne se fera pas sans perdre des personnages et l'enquête part un peu dans tous les sens. Avec une équipe divisée en deux et ainsi de suite, nous les suivons afin de tenter d'éclaircir cette affaire. Je dois admettre que dès le départ, j'avais déjà l'un des personnages en ligne de mire et je ne me suis pas trompée.  
J'ai adoré la façon de mettre en avant la place des femmes dans la société ainsi que l'hommage que nous retrouvons à la fin du livre. Par contre, il y a quelques points qui m'ont malheureusement gêné. Le côté burlesque du livre est de trop, les situations que les sœurs apportent rien qu'avec leur façon d'entrer dans la danse était très bien, mais à cela rajouter tout ce côté enchaînements pour faire rire sur du rire, cela n'a pas fonctionné avec moi. Je me suis posée également la question de savoir si les fautes restantes étaient pour ce burlesque (j'ai vu des mots "parlé" écrits bizarrement) et pour d'autres mots (et verbes), une relecture aurait été pas mal. Le fait aussi que certaines scènes sont trop rapides, je n'avais pas compris le décès de la sœur du début du livre qu'une fois arrivé beaucoup plus loin dans le récit. Un peu plus de descriptions et de développement auraient été un plus pour ma part, bien entendu. Personnellement, j'aime chercher le ou les coupables, ressentir le frisson de l'enquête que je n'ai pas ressenti ici, j'en suis navrée. Après, je me dis qu'il s'agit d'un premier roman court et que les petites lacunes trouvées dans cette histoire ne se retrouveront pas dans le prochain. Impossible de ne pas ressentir par contre, l'engagement de l'auteur pour montrer comment libérer la femme de son carcan. Du couvent de la bonne foi au Mont Saint Michel, nous avons une évolution de deux sœurs totalement différentes par le caractère et la posture et le physique aussi, pour obtenir le résultat escompté. Pour autant, ce n'est qu'un pavé dans la marre qui vient d'être jeté. Quelques remous pour les montrer du doigt dans le bon sens jusqu'à ce que l'époque, les gens, la population se rende compte que tout est possible pour qui veut ; as uniquement parce que c'est un homme. Ce liquide bleu n'est pas anodin et amène les personnages à se soucier des autres malgré tout ce qui a pu leur arriver dans le passé. D'ailleurs en parlant de passé, j'ai adoré que nous ayons une grande partie de celui de Ernest Dubois, cela le rend un peu plus... humain ! Suivre les traces d'une future veuve éplorée va redorer le blason, mais celui de qui ?
  En conclusion, un roman court qui a de bonnes qualités, comme l'engagement envers la liberté de femmes et ce qu'elles sont obligées de faire pour y parvenir. Rien ne se fait en un instant, mais les éléments sont là. Un pas après l'autre, nous arrivons encore à nous émerveiller lorsqu'enfin les femmes sont mises sur le même pied d'égalité. Le récit est malheureusement trop burlesque à mon gout pour avoir été apprécié plus. L'auteur a mis en avant des thèmes qui plairont à bon nombre de lecteurs ou plutôt devrais-je dire, lectrices ?
   

 Extrait choisi :  

« _ Ah ! Mais décidément, je tombe de surprises en surprises ! Je croise premièrement deux folles à la gare qui se prennent pour Sherlock Holmes. Et ensuite un nigaud qui n'a pas la notion du temps ! Ah, mais franchement dans quoi je me suis fourré ?!
La police entra, un commissaire bien en chair avec un air à jouer de la comédie se présenta. C'était Henri Mi-Doux, un commissaire de police qui était à Beauvoir depuis ces débuts. Honorine pouffa face à son narcissisme exponentiel, pire qu'Ernest. Il ne manquait plus que son barbier personnel pour lui peigner la moustache. Moulé dans un costume très voyant, ensemble vert foncé qui laissait apparaître un nœud papillon à pois. Sa tignasse était recouverte d'une chose très brillante et grasse qu'on appelait la gomina. Il s'était amusé à se faire des petites boucles sur le devant de son crâne, un peu à la Betty Boop.
Extravagant, on aurait dit qu'il sortait tout droit d'un cirque, il jouait ses paroles et aimait se montrer. »