La constance du prédateur – Maxime Chattam

Un charnier de dix sept cadavres de femmes datant des années 1980 est découvert dans une mine désaffactée de l'est de la France. Les corps miraculeusement conservés en raison des conditions environnementales apportent un ADN et en prime une signature criminelle peu commune : des oiseaux dont les têtes ont été décapitées. Alors qu'elle vient d'intégrer le Département des Sciences du Comportement, la profileuse Ludivine Vancker est chargée de l'enquête, épaulée par Lucie Tonnens : deux femmes décidées à pénètrer le cerveau de ce qui s'avère être l'un des pires tueurs en série... A l'autre bout de la France, deux crimes viennent d'avoir lieu, deux jeunes femmes sur lesquelles est prévelé le même ADN masculin que celui retrouvé sur les corps de la mine souterraine. Les questions affluent : quarante ans plus tard, est-il possible que le tueur frappe de nouveau ? Une jeune mère de famille a disparu, une course contre la montre s'engage pour la sauver des griffes de celui que l'on a baptisé Charon, comme le mythologique passeur des Enfers.

Je n'ai pas lu les trois précèdentes enquêtes de Ludivine Vancker, ce qui ne m'a pas posé problème pour suivre ce récit, mais ce tome me donne totalement envie de remédier à cela : addictif et terriblement efficace, La constance du Prédateur joue avec nos nerfs et nous entraîne dans les profondeurs abyssales de l'âme humaine. Deux enquêtes menées de front, l'une dans une mine abandonnée peuplée de cadavres vieux de plus de quarante ans, au cours de laquelle les enquêteurs vont tenter de déterminer le passé d'un tueur dément. L'autre enquête en parallèle concerne des crimes récents, dont une disparition qui mène l'équipe de policiers sur la brèche. Ludivine Vancker qui est prête à tout pour remonter aux origines du mal et coincer le monstre avant qu'il ne fasse de nouvelles victimes n'est pas à l'abri d'erreurs dommageables pour sa carrière.

Glauque à souhait, ce récit atteint une limite non égalée : une thématique recherchée qui tourne autour de l'ADN, documentée et maitrisée, un scénario assez inédit et des personnages sous l'emprise de leurs convictions, prêts à se donner corps et âme pour leur métier en dépit des conséquences. Tout y est : le rythme, la profondeur du récit, l'originalité... On compare d'emblée à Ed Kemper ce frenchy serial killer pour le moins retors, ce qui donner le ton: scènes parfois à la limite du supportable, fausses pistes et retrournements de situation, et surtout un dénouement incroyable à la mesure de l'imagination débordante et franchement morbide de l'auteur.

J'aurais assurément apprécié ce roman en version papier, mais la lecture audio valorise magistralement ce roman: le comédien Sylain Agaësse excelle dans sa performance, capable de s'adapter à l'ambiance morbide du récit, dans ses moindres nuances. Des descriptions angoissantes de scènes de crimes aux actes abominables proférés par le tueur, le ton employé se révèle à l'écoute très perturbant! Je remercie chaleureusement les Editions Audiolib via Netgalley pour ce partage.