Un écrivain turc célèbre se retrouve légataire d’un héritage imprévu autant que surprenant : un inconnu lui lègue sa bibliothèque. Et quelle bibliothèque ! En réalité, un domaine arboré dans la banlieue d’Istanbul, gardé par un couple de domestiques, où trône un vaste bâtiment de verre contenant plus de trente mille livres, romans et autres catégories littéraires. Un cabanon adjacent, sert de salon de lecture. Notre héros tombe des nues, abasourdi par cet encombrant legs et les questions multiples vont surgir : qui est le donateur ? Comment sont classés les ouvrages, ils ne le sont pas par ordre alphabétique ce qui aurait été le plus simple…
Ca, c’est l’angle d’approche du romancier, le pitch intrigant auquel viendront se greffer des problèmes collatéraux comme les relations qui vont se tendre avec sa femme quand obsédé par la situation, notre héros va s’y consacrer corps et âme…
Le contenu plus exact de ce petit livre, ce sont toutes les questions, toutes les pratiques, tout ce qu’englobent et sous-tendent, les termes de « lecteur » et de « livres ». Enis Batur aborde tout ce qui concerne le métier du livre avec ses multiples intervenants dans la création et la vente de l’objet. Le monde du lecteur est décrit avec beaucoup de justesse : « L’amoureux des livres, lors de sa première rencontre avec une bibliothèque personnelle, procède à une sorte de contrôle d’identité à partir des livres qu’il trouve sur les étagères », nos bibliothèques nous procurent un sentiments de sécurité etc.
La découverte du trésor hérité nous vaut des pages très cultivées, car ce sont des livres rares, le plus souvent annotés par l'ancien propriétaire de réflexions intelligentes faisant passerelles avec d’autres livres. Et quand la colonne octogonale au centre du bâtiment, livrera son trésor secret, on tutoie la métaphysique.
Certes, il y a m’a-t-il semblé quelques tirages à la ligne, mais ce délicieux ouvrage est un véritable bonheur de lecture pour tous les lecteurs obsessionnels amoureux de livres et de bibliothèques qui font rêver. Bref, je m’y suis senti comme un poisson dans l’eau !