Plus haut que les flammes est un livre de poésie écrit par Louise Dupré après sa visite aux camps d’exterminations d’Auschwitz et de Birkenau. Ce livre est divisé en quatre parties numérotées en chiffres romains qui ne portent pas de titre. Le recueil est composé de poèmes en vers libres qui ne riment pas. Les vers sont courts, les strophes également mais le livre est grand.
Un sujet fort
;Ce qui rend ce recueil de poème si particulier c’est son sujet fort et poignant. Le thème prédominant est l’extermination des juifs et plus particulièrement les camps d’exterminations : « à Auschwitz on exterminait / des enfants » (p. 16). Louise Dupré revient avec émotion sur les actes terribles qui ont été commis à cette époque « pluies d’obus lancés / sur les villes / comme des œufs » (p. 19) et surtout ce qu’il en reste, sur le souvenir impérissable qu’on veut pourtant oublier. Comment vivre après un tel drame ? Comment élever un enfant qui ignore ce qu’il s’est passé comme si de rien n’était, comme si des hommes, des femmes et surtout des enfants n’étaient pas morts à Auschwitz ou à Birkenau ? Ce sont toutes les questions qu’évoque Louise Dupré dans ce recueil.
De plus, Louise Dupré accorde une place importante à Francis Bacon. Son nom est mentionné à plusieurs reprises dans le recueil, dans presque toutes les parties. Francis Bacon est un peintre anglais réputé pour peindre la violence, la cruauté, la tragédie dans ses triptyques. Dans l’œuvre de Louise Dupré, il représente l’horreur du souvenir d’Auschwitz et Birkenau ( « dans le regard crucifié / de Francis Bacon » p. 40).
La figure de l’enfant
Dans tout le recueil, il y a la présence d’un tu « tu ne parviens pas / à détruire la douleur » (p. 62). Ce tu renvoie à une mère qui essaye d’élever son enfant innocent et ignorant le passé qui la hante : Auschwitz et Birkenau. Des images qu’elle n’arrive pas à oublier, et peut-être même qu’elle a peur d’oublier. Des images de « biberons cassés » (p. 17) qui appartenaient à des enfants exactement comme le sien.
L’enfant a une place très importante dans le l’œuvre de Louise Dupré. En effet, c’est tout d’abord une figure d’espoir, c’est la jeunesse qui n’a pas connu les camps d’exterminations. L’enfant, c’est l’après Auschwitz et Birkenau, l’après souffrance, l’après douleur. C’est le symbole du renouveau, de l’avenir. Mais l’enfant, c’est également la madeleine de Proust, c’est l’élément qui fait revivre le souvenir : « une seule caresse / de l’enfant / dans tes bras // porte en elle tous les minuscules / vêtements d’Auschwitz / et les biberons cassés » (p. 69).
Plus haut que les flammes
Le titre du recueil provient de la volonté des personnes ayant connu Auschwitz et Birkenau, y compris Louise Dupré, à oublier ce passé douloureux, à créer « des ponts-levis / des îles / improbables // des échelles / plus hautes que les flammes» (p. 25) pour s’échapper de ce souvenir terrible et continuer à avancer malgré tout. D’ailleurs, cette volonté de continuer à avancer, «de continuer/à danser» ( p. 106) tient une place importante dans cette œuvre de Louise Dupré et particulièrement dans la partie 4.
Plus haut que les flammes est un livre de poésie qu’on oublie pas. Très bien écrit, et traitant d’un sujet fort avec justesse, on ne peut être qu’émue par cette œuvre.