Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier
Heine Bakkeid
Heine Bakkeid est né en 1974 en Norvège. Il a grandi entre les eaux brumeuses et les sommets les plus spectaculaires de Scandinavie. Après Tu me manqueras demain, Rendez-vous au paradis est la deuxième enquête de Thorkild Aske.
Présentation de l'éditeur
L'ex-flic Thorkild Aske est de retour à Stavanger, sur le droit chemin de la réinsertion professionnelle. Sa consommation de médicaments est sous contrôle, un brillant avenir de fabricant de chandelles se profile à l'horizon.
Mais c'est sans compter cette urgence qui l'envoie en Islande avec sa soeur Liz. Après vingt-cinq ans, il revoit son père, Úlfur, un vétéran de la lutte environnementale, qui vient d'être écroué pour meurtre.
Dans des paysages arides plongés dans la grisaille, la visite familiale ne tarde pas à prendre un tour mouvementé...
Troisième opus et troisième coup de cœur en ce qui me concerne pour la nouvelle enquête de l'ex policier Thorkild Aske. Les romans précédents sont : Tu me manqueras demain et Rendez vous au au paradis. Une intrigue bien plus personnelle nous attend, puisqu'elle oblige Thorkild à quitter la Norvège et revenir en Islande, là où sa sœur Liz et lui ont passé une partie de leur enfance. Ils vont rendre visite à leur père Ulfur activiste écologiste fanatique en prison pour meurtre. Cancéreux en phase terminale, il a souhaiter revoir ses enfants une dernière fois. Thorkild ne va pas pouvoir rester en dehors de l'affaire alors que de nouveaux cadavres surgissent sur leur chemin. Dans ce chaos, nous sommes à la recherche d'un tueur que nous pouvons rencontrer en tant que lecteur grâce à quelques chapitres en italique qui font froid dans le dos. On retrouve toujours l'humour noir de Thorkild et son côté auto destructeur, mais très vite cela devient plus profond avec une belle place donnée à la famille, à l'enfance et à leur relation les uns avec les autres. J'ai beaucoup apprécié cet façon d'explorer la psychologie des personnages. Tous les personnages ont leur propres démons intérieurs et les voir à l'œuvre était touchant. La narration est construite sur une double temporalité qui renvoi à une manifestation écologique passée et de quelle façon les meurtres d'aujourd'hui y prennent leur source. L'Islande est à elle seule un personnage du roman, elle est représentée comme bafouée, violée. Le paysage est toujours triste, gris, froid, désertique. La nature en grand danger est en alignement avec la détresse des personnages. L'atmosphère se veut volontairement terne et mélancolique, la préoccupation environnementale donne ce qu'il faut de grandeur au roman. Bonne lecture.
Maman ne veut plus habiter ici, poursuit-il. Je crois qu'elle veut partir et vous emmener.
- Agni aussi va déménager. " Le regard de Liz reste rivé au maigre éclat qui brille dans les yeux de son père, elle ne peut se concentrer sur rien d'autre. " Elle dit qu'elle ne va jamais revenir. Que les petits patelins finissent par étouffer tous ceux qui y habitent.
Mon regard tombe sur le sac en plastique. Je n'ai pas touché au moindre médicament qu'il contient depuis mon retour d'Oslo il y a bientôt deux mois. Je continue en revanche de prendre ceux qu'Ulf me prescrit. Des gélules de Neurontin. Des injections de Risperdal tous les quinze jours. Quant aux comprimés de Seroplex, ils sont inefficaces, je les enfonce dans la terre de la seule plante verte que je possède, en espérant qu'ils germeront un jour et deviendront un arbre du bonheur plein de vitalité.
Mon père se redresse. " Mais l'Islande est un jeune pays. " [...] " Nous sommes le cancer qui tue ce pays. " [...] " De perpétuels insatisfaits qui courent dans les centres commerciaux à la recherche de choses dont ils n'ont pas besoin, qui tuent et mangent plus que nécessaire, qui creusent et construisent où bon leur semble, sans se soucier de ce qu'ils détruisent, dans le seul but d'avoir une belle vue pour boire leur verre de vin. Les gens sont le cancer qui tue notre planète, ils détruisent l'organisme dont ils ont eux-mêmes besoin pour survivre... "