Un récit bestial entre un père et un fils, d’un seul souffle, qui prend aux tripes !
╰☆ Résumé ☆╮
Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose.
Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours.
À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude.
Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux.
Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.
Dans la lignée de Et toujours les Forêts, Sandrine Collette plonge son lecteur au sein d’une nature aussi écrasante qu’indifférente à l’humain.
Au fil de ces pages sublimes, elle interroge l’instinct paternel et le prix d’une possible renaissance.
✿ Mon avis ✿
Ce roman me fait de l’œil depuis sa sortie. Je ne sais pas pourquoi. Je n’ai jamais Sandrine Collette mais ce titre, ce petit bandeau coloré et puis les prix qu’il a déjà gagné (Prix Renaudot des lycéens notamment) m’ont poussé à le mettre dans ma wish-list. Et je ne le regrette pas ! Quelle aventure. Quelle plume !
Je serais curieuse de voir si les autres romans de l’autrice sont de cette trempe-là. En tout cas, ce qui m’a surpris et bouleversé dans ce récit, c’est avant tout la voix du narrateur. Si brute, comme si Sandrine Collette transmettait par écrit ce que cet homme pensait à longueur du temps. Un peu comme de l’écriture automatique ou un journal intime, les phrases sont longues et manquent parfois de ponctuation. Pas dans le sens où l’édition est mal faite mais bien par choix, pour nous montrer que le protagoniste pense et parle comme cela. Cruement, comme il a vécu toute sa vie. Un style bien particulier qui donne un ton glaçant mais tellement authentique. Un peu moins de 3h de lecture (200 pages) que je vous conseille de lire d’une traite si possible. Une fois immergé dans ce récit, on n’a pas envie d’en sortir jusqu’à ce que la dernière page soit tournée.
C’est l’histoire d’un homme qui vit dans la forêt, à la dure. Qui chasse, qui élève des animaux avec sa femme Ava et qui n’a besoin de rien ni personne d’autre pour survivre. Un mode de vie qui lui convient. Pas de civilisation ni de téléphone, juste la nature et son petit microcosme. Ava souhaitait un enfant et ils ont donc eu Aru, un petit garçon. Il est là mais notre héros ne se sent pas vraiment père. C’est le travail de la mère d’élever cet enfant qu’elle a voulu. Un jour, une tragédie va forcer cet homme et ce petit garçon a passé plus de temps ensemble… C’est le début d’une traversée à travers un territoire sauvage où les loups hurlent dans la montagne et où le bruit de la terre nous lie et nous dévore.
Un gouffre s’étend entre les deux personnages. Son père l’avait élevé à la dure et il n’a pas d’autre modèle pour savoir comment prendre soin de son propre enfant. Une histoire de parentalité, de filiation, d’éducation, d’amour aussi et de survie. Grâce à l’autrice, on est dans la tête de ce personnage. On sait tout ce qu’il pense. On vit totalement le récit. On n’est pas juste là pour contempler le paysage mais pour vivre le grand dehors. On y est !
Ce fut une lecture inhabituelle, haletante, dure et froide mais aussi poignante et sensible. Passé les premières pages, je me suis habituée à la plume et au ton du narrateur et j’ai passé un excellent moment à ses côtés. Un flux de pensée qui hante, qui frôle l’oralité. Un deuil à surmonter pour un duo de personnages fragiles et un mode de survie primitif. Une belle claque pour ce récit initiatique mémorable !
CHRONIQUE #801 – Janvier 2023
- Parution : 2022
- Editeur : JC Lattès
- Nombre de pages : 208 pages
- Genre : Littérature