Ceci n'est pas un fait divers

Je remercie les Editions Julliard pour leur confiance.

Philippe Besson

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Un mot de l'auteur

Auteur de premier plan, Philippe Besson a publié aux éditions Julliard une vingtaine de romans, dont En l'absence des hommes, prix Emmanuel-RoblèsSon frère, adapté au cinéma par Patrice Chéreau, L'Arrière-saisonLa Maison atlantiqueUn personnage de roman" Arrête avec tes mensonges ", prix Maison de la Presse, en cours d'adaptation au cinéma, et Le Dernier Enfant.

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Présentation de l'éditeur

​Ils sont frère et sœur. Quand l’histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans.
Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant : « Papa vient de tuer maman. » 
Passé la sidération, ces enfants brisés vont devoir se débrouiller avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et remonter le cours du temps pour tenter de comprendre la redoutable mécanique qui a conduit à cet acte.
Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits réels, raconte, au-delà d’un sujet de société, le long combat de deux victimes invisibles pour réapprendre à vivre.

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Ma chronique : 

Cette année Philippe Besson a choisit de délaisser pour un temps, l'autobiographie au profit d'un roman sur notre société. Rien qu'avec le titre vous avez déjà une idée du sujet. Une terrible histoire qui débute par les mots d'une sœur à son frère : « Papa vient de tuer maman ». C'est la vie qui bascule pour ce grand frère de dix neuf ans qui se destine à une carrière de danseur à l'Opéra de Paris et sa petite sœur Léa, treize ans qui a été témoin du drame familial. Avec un tel postulat de départ, on ne peut que s'en prendre plein le cœur et vivre toutes les émotions des personnages à 100%. On aurait pu aussi se sentir comme dans la peau de voyeurs mais non, ce n'est pas le cas. La narration est entièrement portée par le frère qui nous raconte ce fait divers particulièrement violent qui fait de lui et de Léa des victimes. On va assister à cette lente descente vers des lendemains sombres. Il fallait tout le talent qu'on lui connaît pour écrire à l'os, au plus prêt avec sobriété et justesse. Le père assassin, fugitif et violent ne sera pas le sujet central de ce roman, le point de vue des enfants est privilégié, ce qui apporte un éclairage complètement différent au récit. Le désespoir, la vie qui doit continuer malgré tout, la place du grand-père maternel qui est aussi importante, tout cela nous donne un texte unique où se mêlent sidération, chagrin, vérité, force et courage. Comme souvent par delà le côté effroyable de ce féminicide, l'auteur nous offre un magnifique personnage, ce grand frère comme un phare dans la tempête, droit, déterminé et protecteur vis à vis de sa sœur. C'est beau, c'est violent. Cela nous laisse désemparé devant ce qui est devenu un fait de société. Heureusement cette écriture possède aussi des moments lumineux, elle ouvre une nouvelle dimension à ce qui n'aurait pu être qu'un fait divers. Bonne lecture.

Citations : 

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Sur le couvercle, nous avons découvert une plaque mentionnant son nom, son prénom, l'année de sa naissance, celle de sa mort. Comme si on pouvait résumer les gens à ça, deux mots, deux nombres. Comme si ça pouvait contenir les rires, les espoirs, les étreintes, les danses, les désillusions et les peurs.


Cet homme était encore mon père, il le serait jusqu’au bout, j’étais de son sang, il y avait eu toutes ces années partagées, il y avait eu des sentiments, et même si j’étais convaincu qu’ils avaient disparu dans un grand feu, demeuraient des cendres mal éteintes.


Pour le monde extérieur, nous n'étions que des victimes collatérales. Pour cette raison, on nous priait d'être des victimes invisibles et silencieuses. Et j'ai refusé de me résoudre à cette invisibilité, à ce silence. Je crois que j'écris aussi pour tenter de reconstruire nos existences détruites. Nous en avons bien le droit.

julliard

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