La série de BD Blake et Mortimer n’a pas bercé mon enfance, je ne l’ai découverte que beaucoup plus tard et si j’en ai lu les principaux volumes, ceux de l’époque de leur créateur Edgar P. Jacobs (1946-1987) j’en étais resté là. La série ayant depuis était reprise par de nombreux continuateurs. Jusqu’à ce que paraisse ce nouvel album, le tome 29, peut-être attiré inconsciemment par une association d’idée avec les excellents romans de Philip Kerr ? Une bonne idée, car cette BD est très bien !
Si la lecture de l’album est ardue, le pitch en est très simple. Berlin en 1963, la Guerre froide (1947-1991) a coupé la ville en deux par un sinistre Mur, entre l’Ouest et les pays du bloc soviétique. En Juin de cette année, le président des Etats-Unis, J.F. Kennedy doit se rendre dans la ville très brièvement, huit heures, pour y prononcer son fameux discours « Ich Bin Ein Berliner ». C’est aussi l’occasion rêvée pour l’ignoble, machiavélique et increvable Olrik, de réaliser un coup de maître lui assurant le pouvoir mondial ! Pas de chance, Blake et Mortimer sont sur l’affaire… ce qui fait dire à l’ignoble « Décidément, c’est une aimantation plus forte que l’amour. Où que je sois dans le monde, je finis toujours par vous voir arriver. »
Les habitués de la série vont retrouver dans ce nouveau volume tout ce qu’ils attendent et espèrent y trouver. Une intrigue qui part dans plusieurs directions au début, au propre comme au figuré, de l’Oural à Londres puis à Berlin. De sinistres soviétiques, un savant fou digne des laboratoires nazis, le fameux Olrik derrière tout ça et nos deux compères, à la vie à la mort, se tirant de pièges invraisemblables autant qu’abracadabrant sans être dépeignés, ponctuant leurs efforts de « Old Chap ! » et autre « Good Heavens ! »
J’ai dit que la lecture était ardue car si vous n’êtes pas habitué de cette série, vous ignorez qu’ici nous sommes au royaume du phylactère copieux ! Le genre de BD où s’il y a beaucoup à voir évidemment, il y a encore plus à lire ! Ca se lit et ça se relit, ne serait-ce que pour boucher les ellipses du scénario.
Une intrigue épatante, des héros aussi sympathiques que leur adversaire inusable est affreux, et un contexte historique qui rajoute un peu de sérieux à cette chouette aventure.