Je remercie les Editions Albin Michel et l'Agence Gilles Paris pour cette nouvelle lecture.
Biographie des auteurs
Ghyslène Marin a 57 ans, et elle est professeure de Lettres à Paris. Elle est ce qu’on appelle une « Enfant de la Creuse » : un des milliers de jeunes Réunionnais qui ont été exilés en France par l’État entre 1964 et 1984 afin de repeupler les régions vidées par l’exode rural.
Son fils, Léo Marin, 22 ans, a étudié la philosophie et l’économie à Henri IV et à McGill. Il a intégré le Cours Florent en septembre 2022. Ils ont co-écrit ce premier roman, très inspiré de l’émouvante histoire de Ghyslène Marin.
Présentation de l'éditeur
Saint-Avre, village de la Creuse vidé par l'exode rural. Le château, devenu un orphelinat, vient d'accueillir des enfants d'ailleurs, dont Mila, une petite Réunionnaise, arrachée à son île et à sa famille. La fillette trouve auprès d'Ernestine et d'Hector, les épiciers du village, un peu de réconfort. Or, l'attachement profond qui se crée entre ce couple sans enfant mais débordant d'amour et cette gamine livrée à la solitude et au racisme semble contrarier les autorités administratives...
Avec son fils Léo, Ghyslène Marin, puisant aux sources de son propre passé, signe un roman où la fiction se mêle à l'histoire. Au-delà de la grande sensibilité avec laquelle il décrit le lien qui se crée entre des êtres blessés, L'Enfant du volcan donne chair à cet invraisemblable drame vécu par des milliers d'enfants déplacés entre 1962 et 1984 vers des communes dépeuplées de la métropole, dans une totale indifférence.
Ma chronique :
Une histoire familiale à quatre mains cela ne se refuse pas surtout quand elle est aussi intense que bouleversante que celle-ci. Elle prend sa source dans un épisode honteux de l'histoire de France. A l’époque de la désertification des campagnes, la Creuse s'est vu enrichir d'enfants « orphelins » venant de l'île de la Réunion, un repeuplement voulu par l’État français entre 1964 et 1984. L'enfer est pavé de bonnes intentions et ce qui partait, osons l’espérer d'un bon sentiment va se transformer en rapt abusif.
C'est au travers de l'histoire d'un couple vieillissant Ernestine et Hector que nous allons rencontrer les enfants et plus particulièrement la petite Mila 10 ans. Hector passe pour l'arriéré du village et Ernestine tient l'épicerie, c'est là qu'elle rencontrera la petite Mila. La narration se partage entre Ernestine, ses souvenirs au crépuscule de sa vie, principalement son regret éternel de ne pas avoir eu d'enfant et Mila dont l'innocence et le côté écorché vif vient nous serrer le cœur. J'ai trouvé très émouvant de lire la peine, la blessure jamais cicatrisée d'Ernestine et celle que l'on devine chez Mila. Dans un style sensible et imagé, l'histoire se déroule et vient faire vibrer des notes d’injustice face aux épreuves de la vie. On y parle du désir d'enfant mais aussi de l'enfance sacrifiée. Une histoire qui n'est pas s'en invoquer la généalogie, le besoin de savoir d'où l'on vient, de connaître son histoire. Des thèmes atrocement douloureux quand ils ne sont pas comblés et que l'on a tous le droit de connaître. On comprend alors la nécessité de lever le voile sur cet épisode insensé qui fait froid dans le dos. Qui en parlera le mieux qu'une ancienne enfant de la Creuse et son fils dans un travail de l'ordre de la réparation. Bonne lecture.
Citations :
Quand on a une famile, on construit des châteaux de sable. Quand on n'a pas de famille, on croit vivre dans un désert.
lls avaient atteint l’âge où la vie se transforme en souvenirs.