Publié aux éditions Folio,2018, 160 pages. À Sokcho, petite ville portuaire proche de la Corée du Nord, une jeune Franco-coréenne qui n'est jamais allée en Europe rencontre un auteur de bande dessinée venu chercher l'inspiration depuis sa Normandie natale. C'est l'hiver, le froid ralentit tout, les poissons peuvent être venimeux, les corps douloureux, les malentendus suspendus, et l'encre coule sur le papier, implacable : un lien fragile se noue entre ces deux êtres aux cultures si différentes. Ce roman délicat comme la neige sur l'écume transporte le lecteur dans un univers d'une richesse et d'une originalité rares, à l'atmosphère puissante.Hiver à Sokcho est un roman très court qui se déroule en Corée du Sud, à la frontière avec la Corée du Nord. Dans cette petite ville balnéaire, désertée l'hiver par la foule, la narratrice va faire la rencontre d'un français, auteur de BD. Elle est attirée par cet homme parce qu'il vient de France, ce pays exotique et lointain d'où vient son propre père qui l'a abandonnée avec sa mère. Le temps d'une semaine, un étrange ballet se noue entre les deux personnages.C'est un roman singulier que voilà qui donne la parole à une jeune femme qui préfère la solitude de son village au bruit de Séoul. Poétique et doux, voilà les deux termes qui définissent ce petit roman. Mais sous la douceur apparente se cachent des secrets de famille et des non-dits. Elisa Shua Dusapin a le don de suggérer beaucoup de choses: la perte, l'absence, la maladie. Que vient donc chercher ce jeune français dans ce village isolé? Pourquoi cette jeune femme refuse de vivre une vie pleine de rires, de joie et de sorties? Entre eux se noue une relation sensuelle et équivoque. L'autrice nous fait sentir le froid qui gèle les os et les canalisations, l'odeur forte et rance du poisson, celle plus chaude et enveloppante des bouchées vapeurs. On voyage pendant quelques pages dans cette Corée authentique. Cette rencontre éphémère ouvre une jolie parenthèse de lecture pendant quelques heures.