De l'image de couverture émane le mystére, le titre énigmatique intrigue, le résumé est on ne peut plus alléchant, voici le nouveau roman de R.J Ellory, auquel je n'ai pu résister : passionnant et envoûtant, une réussite!

En 1972, dans le Nord-est du Canada, les monts Torngat (signifie lieu du diable en inuktitut) surplombent une plaine glaciale et balayée par les vents au coeur de laquelle se niche le village isolé de Jasperville, une petite bourgade qui survit grâce aux mines d'acier. Les conditions de vie y sont difficiles : huit mois d'un hiver rude, à peine compensés par quatre mois d'été où le soleil ne se couche jamais. Alentour, une nature hostile où vivent quelques ours et des loups. Lorsque Lisette Roy, une adolescente de 17 ans est découverte aux bords du village, le corps lacéré de profondes entailles, on suppose qu'elle a été victime d'une bête sauvage. Or quelques temps plus tard, une autre jeune fille appartenant à la communauté décéde dans les mêmes circonstances. Ce n'est que le début d'une longue série...

En 2011, après avoir passé son enfance à Jasperville, Jack Devereaux vit à Montréal, en s'efforçant d'oublier son passé. Lorsqu'il apprend que son jeune frère Calvis qui n'a jamais quitté le village, est en garde-à-vue pour tentative de meurtre, il prend la décision de retourner sur les lieux de son enfance. Sur place, il retrouve des personnes qu'il a trahi malgré de belles promesses et comprend vite qu'il n'est pas le bienvenu. Jack découvre également que l'assassin a continué de frapper durant des années et que Calvis suspectait l'homme qu'il a agressé d'être le tueur. Pour le protéger, Jack va devoir trouver des réponses à des questions qui l'impactent parfois personnellement.

R.J Ellory est un conteur hors-pair, sous sa plume le récit devient vite envoûtant, un peu hors du temps : une petite ville austère dont la seule ressource est l'industrie minière, voit des générations de famille se succéder car si les courageux employés acceptent de venir y travailler quelques temps, ils renoncent parfois à y passer leur vie faute d'avenir pour les enfant. On imagine volontiers les rues obscures balayées de courant d'air glacial, les volets clos d'une pension dont les propriétaires endeuillés ne se remettront jamais des drames qui touchent leur famille, on frissonne en imaginant la lande alentour, où rugissent les animaux sauvages... et quoi d'autres encore... le wendigo, cette créature de légende amérindienne qui dévore ses proies...

" La conscience est un pays intérieur. On a beau changer de décor, il y a toujours quelque chose qui vient vous rappeler ce que vous avez fait de pire dans votre vie ".

R.J Ellory prend le temps de poser le décor, de présenter les faits qui se sont déroulés dans les années 70, à l'époque où Jack enfant a vécu la découverte des premiers meurtres et était témoin de l'émoi de la population. Bien qu'il ait souhaité oublier cette période de sa vie, il en garde des souvenirs particulièrement précis qu'il se remémore lors de son trajet en train jusque Jasperville. L'occasion pour le lecteur d'apprendre tranquillement les évènements qui se sont déroulés à cette époque. L'enfance et l'adolescence de Jack ont également été marquées par une ambiance familiale assez lourde auprès d'un père alcoolique et d'un grand-père qui n'a plus toute sa tête et qui murmure des propos inquiétants. Un lien indéfectible l'unie à son petit frère et bien qu'il l'ait abandonné pour vivre sa vie à sa majorité, Jack revient pour l'aider lorsque celui-ci se trouve dans une situation périlleuse. Ce sera l'obligation pour lui de faire face à ses démons et à ses erreurs passées: le thème de la culpabilité tient une place importante dans ce récit par cet homme à la fragilité insoupçonnée, qui cherche à combler ses failles et dont la volonté de rédemption lui donne la force de découvrir la vérité sur une affaire qui impacte toute la communauté, ainsi que sa propre famille. Un roman profondément humain et talentueux.

Je remercie les Editions Sonatine via Netgalley pour ce parfait moment de lecture!