Les méduses n'ont pas d'oreilles

Je remercie les Editions Grasset pour ce premier partenariat.

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 Adèle Rosenfeld

Biographie de l'auteure

Adèle Rosenfeld est née en 1986, Les méduses n’ont pas d’oreilles est son premier roman.

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Présentation de l'éditeur

Quelques sons parviennent encore à l’oreille droite de Louise, mais plus rien à gauche. Celle qui s’est construite depuis son enfance sur un entre-deux – ni totalement entendante, ni totalement sourde – voit son audition baisser drastiquement lors de son dernier examen chez l’ORL. Face à cette perte inéluctable, son médecin lui propose un implant cochléaire. Un implant cornélien, car l’intervention est irréversible et lourde de conséquences pour l’ouïe de la jeune femme. Elle perdrait sa faible audition naturelle au profit d’une audition synthétique, et avec elle son rapport au monde si singulier, plein d’images et d’ombres poétiques.
Jusqu’à présent, Louise a toujours eu besoin des lèvres des autres pour entendre. C’est grâce à la lumière qu’elle peut comprendre les mots qu’elle enfile ensuite, tels des perles de son, pour reconstituer les conversations. Mais parfois le fil lâche et surgissent alors des malentendus, des visions loufoques qui s’infiltrent dans son esprit et s’incarnent en de fabuleux personnages  : un soldat de la Première Guerre mondiale, un chien nommé Cirrus ou encore une botaniste fantasque qui l’accompagnent pendant ces longs mois de réflexion, de doute, au cours desquels elle tente de préserver son univers grâce à un herbier sonore. Un univers onirique qui se heurte constamment aux grands changements de la vie de Louise  – les émois d’un début de relation amoureuse, un premier emploi à la mairie, une amitié qui se délite. Le temps presse et la jeune femme doit annoncer sa décision…
Dans ce texte plein d’humour et de douceur, Adèle Rosenfeld tient en joue la peur du silence en explorant les failles du langage ainsi que la puissance de l’imaginaire. Les méduses n’ont pas d’oreilles est une plongée dans le monde des sourds et des malentendants, un premier roman éblouissant.

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Ma chronique : 

Un étonnant voyage en surdité vous attend auprès de Louise. A peine quelques sons déformés dans l'oreille droite et le néant dans l'oreille gauche. Alors même si depuis l'enfance elle a appris à lire sur les lèvres, à compenser, à imaginer, à combler, lorsque les derniers sons disparaissent peu à peu, elle entreprend de les consigner dans un herbier sonore pour ne pas les oublier. Louise est un personnage attachant à l'imagination fertile et quelque peu débridée. Elle fait apparaître des personnages tout droit sortis de son inconscient, un soldat bien amoché de la Première Guerre mondiale, un chien errant qui s'attache à elle et une botaniste qu'elle ramène de sa visite au Musée d'histoire naturelle. L'univers de Louise nous transporte entre poésie et rêverie aussi lorsque l'unique solution proposée est la pose d'un implant, le choix de Louise l'obligera à sortir de son monde bien à elle pour ce confronter au réel. J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir le talent de l'auteur à tordre les mots, à manier un humour décalé et à vivre des scènes kafkaïennes comme celle de son entretien d'embauche où encore ses rendez-vous avec le corps médical. Ce handicap invisible est un combat de chaque instant pour comprendre et se faire comprendre sans quoi la vie serait faite de malentendus et d'incompréhension à vivre au quotidien on comprend à quel point ce doit être épuisant. Les descriptions de la langues des signes, de la gestuelle ou encore de sa vision de la bouche des autres afin de comprendre ce qu'ils disent sont des moments intenses dans le récit. La peur du silence y est constamment évoquée mais aussi celle d'entendre à nouveau, à travers un implant où les sons qui lui parviendront ne seront plus ce qu'ils étaient. Un superbe premier roman qui lève le voile sur ce handicap avec sensibilité. Bonne lecture.

Citations: 

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Mes forces se fracassaient sur tous les malentendus. Chaque mot incompris devenait une injustice de plus. J’avais beau tendre mon cou, dirigé mon regard sur les lèvres, écarquiller les paupières, polir mon lexicographe interne, garder confiance et me répéter « tu vas l’avoir cette phrase », l’échec envahissait mon existence.


J'ai longtemps réfléchi et je me suis dit que si le silence faisait partie du langage. Il n'était pas son contraire mais une entité intrinsèque à la langue.
Le silence était un lieu où résider dans le langage. Le silence libérait des mots et des images que le langage retenaient prisonniers. Je n'étais donc pas perdue mais en chemin.

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