La Maligredi

La Maligredi

" La Maligredi "

CRIACO Gioacchino

L'Italie du sud, la Calabre, les monts de l'Aspromonte. Un village dont les habitants furent transférés sur les bords de mer, dans un recoin quasiment invivable. Une déportation vécue par Nicolino, un adolescent qui dépeint les conditions d'existence qui sont tout à la fois celles qu'il subit et celles qui s'imposent à l'ensemble des villageois. La misère. L'isolement. Jusqu'au train qui ne s'arrête pas dans une gare qui n'existe pas (encore ?) et qui ralentit afin de permettre, à l'aller comme au retour, aux collégiens de sauter des wagons. Les combines, et tout ce qui en découle. La survie. Mais aussi des formes primitives de résistance. Un sens de l'honneur que seuls partagent les pauvres. Et la découverte que d'autres venus d'ailleurs lointains se sont exilés sur ces terres pourtant inhospitalières afin de s'affranchir - du moins l'espèrent-ils - d'une misère plus infâmante encore que celle qui s'impose à Nicolino et ses pairs.

Un foisonnant et vibrant roman social qui laisse entrevoir qu'il existe d'autres chemins que ceux de la résignation et de la soumission. Une belle découverte dont le Lecteur recommande la fréquentation à celles et ceux qui croient encore que la Littérature ne relève pas seulement du supplément d'âme. " Les âmes noires, c'est ainsi qu'on appelait chez nous ceux qui fuyaient quelqu'un et surtout leur propre conscience noircie par un péché presque impossible à expier, et plus ils couraient, plus ils savaient aller à la rencontre du triste destin du charbonnier : plus il se teint visage et mains de la noirceur du charbon, plus il prolonge son travail et sa vie infâmes, plus il abat de chênes et plus son ventre se remplit, jusqu'à ce que la douleur qu'il donne et celle qu'il reçoit restent son unique aliment. "