Publié aux éditions Pocket, 2014, 763 pages. 1321. Les habitants d'Ulewic, une petite cité isolée de l'est de l'Angleterre, sont sous le joug de leur seigneur et de l'Église, celle-ci ayant supplanté, depuis quelques années, le paganisme qui régnait dans la région. Non loin du village s'est installée une petite communauté chrétienne de femmes, des béguines originaires de Belgique. Sous l'autorité de sœur Martha, elles ont jusqu'alors été assez bien tolérées. Mais les choses commencent à changer. Le pays connaît en effet des saisons de plus en plus rigoureuses, les récoltes sont gâchées, les troupeaux dévastés et le besoin d'un bouc émissaire se fait sentir. Neuf hommes du village, dont on ignore l'identité, vont profiter de la tension qui commence à monter pour restaurer un ordre ancien et obscur. Renouant avec de terribles rites païens, usant de la terreur, du meurtre et de la superstition, ils vont s'en prendre aux béguines, qui devront les démasquer et élucider les secrets du village avant que la région ne soit mise à feu et à sang. En 1321, en Angleterre, le petit village d'Ulewic est sous le joug du seigneur D'Acaster qui accable ses paysans d'impôts et fait régner la terreur. Le prêtre de la paroisse, quant à lui, peine à rassembler ses ouailles le dimanche à l'église. Dans le même temps, une communauté de béguines s'est installée. Ces femmes vivent en parfaite harmonie et autarcie, suscitant la jalousie des villageois qui doivent, en outre, faire face à des récoltes désastreuses. D'anciennes superstitions refont alors surface: le owlman serait de retour pour restaurer un ordre ancien et punir les béguines... J'ai adoré ce thriller historique au point que je l'ai dévoré en quelques jours. Il m'a été difficile de ne pas le lâcher tant l'autrice maîtrise son intrigue à la perfection. Elle nous plonge dans une période sombre du moyen-âge, marqué par les épidémies de famine, les mauvaises récoltes, la dévastation des troupeaux. On suit à la fois les béguines mais aussi le prêtre du village et certains villageois. Autant de points de vue qui permettent une intrigue dense et passionnante. Il y a d'abord ce prêtre qui a été " muté " dans ce village pour lequel il n'éprouve que de l'aversion. Tourmenté par ses désirs et sa passion, il peine à maintenir son autorité dans le village. La religion catholique prélève, de plus, des impôts et devient de plus en plus impopulaire. Les béguines vont devenir le bouc émissaire du prêtre, celles par qui tous les maux sont arrivés, des sorcières en somme. C'est l'autre point fort du roman, montrer cette communauté de béguines qui vit en autarcie complète. Mais bien vite, ces femmes, vivant seules, sans mari, sans prêtre pour les guider, vont cristalliser toutes les jalousies du village. L'Histoire nous apprend que les femmes, indépendantes, sont toujours la première cible de la religion et du pouvoir. La vie au béguinage nous laisse avec des personnages très différents. Chaque Martha a son rôle et son importance et ce n'est pas le courage qui manque à ces femmes. Il y a enfin le village et ses habitants. Sans éducation aucune, sans possibilité de mener une autre vie, les villageois sont à la merci des puissants. Les superstitions ont toujours lieu et quand des hommes masqués agissent dans la nuit, on y voit très vite la marque du Mal et du Diable.
J'ai adoré cette ambiance sombre et poisseuse. Karen Maitland exacerbe les tensions. Avec de solides connaissances historiques, elle livre ici un roman intense qui vous prend à la gorge.
Les âges sombres est donc un énorme coup de cœur pour moi, la découverte d'une autrice au talent indéniable.