Abir Mukherjee : Avec la permission de Gandhi

abir mukherjeeAbir Mukherjee, né en 1974 à Londres, est un romancier britannique d'origine indienne. Diplômé de la London School of Economics il s’est lancé dans le monde de la finance avant d’entamer en 2017 une carrière d’écrivain de polars avec une série mettant en scène le capitaine Sam Wyndham, ancien inspecteur de Scotland Yard qui faisait partie de la police impériale et le sergent Surendranath Banerjee. Troisième volet de la série Une enquête du capitaine Sam Wyndham, Avec la permission de Gandhi (2022) vient de paraître en poche, ce que j’attendais avec impatience.

Décembre 1921 à Calcutta. Sam Wyndham qui reste toujours accro à l’opium, satisfait son vice dans une fumerie sordide de la ville quand devant fuir lors d’une descente de police il découvre un cadavre de Chinois atrocement mutilé, les yeux arrachés. Le lendemain il s’étonne que personne n’ait déclaré cette mort et lui ne peut rien dire au vu de sa situation, mais plus encore quand ailleurs, c’est un autre cadavre présentant les même mutilations dont on le charge de l’enquête ! Un troisième viendra confirmer qu’il n’y a pas de hasard. Un serial killer dans Calcutta ? Sam a du pain sur la planche car c’est aussi le moment où le Prince de Galles s’annonce en visite officielle dans la ville et que Gandhi et ses hommes lancent des manifestations pacifiques d’ampleur pour obtenir l’indépendance de l’Inde, le tout sous les yeux des journalistes du monde entier…

Principe commun à toutes les séries, les acteurs principaux en sont connus des lecteurs, Sam et son problème de drogue, Sat Banerjee, son jeune adjoint Indien partagé entre son métier et son pays il est le fils d’un proche de Gandhi ; leur patron Taggart aime bien Sam malgré ses écarts aux règlements et il y a aussi Annie, anglo-indienne, ils se tournent autour sans savoir comment conclure.

Globalement l’intrigue a à voir avec une vengeance liée à des expériences scientifiques sur les gaz moutarde (tristement connus pour leurs dommages durant la Guerre 14-18), ce qui nous vaudra un suspense final haletant : une foule énorme de manifestants attendant l’arrivée du Prince de Galles et un « fou » avec trois bouteilles de gaz prêt à les faire exploser dans cette marée humaine ! Sans vous divulgâcher la fin, vous devinez que Sam va torcher l’affaire.

« Nous ne pouvons dominer l’Inde que par la force des armes, mais la force est inefficace contre un peuple qui ne contre-attaque pas ; parce que vous ne pouvez pas tuer sans tuer aussi une part de vous-même. » Constate, amer, Sam Wyndham tandis qu’il s’efforce de faire annuler la manifestation avant qu’un carnage ne se produise.

Encore un bon épisode de cette série, mêlant une intrigue policière classique à des considérations plus politiques où l’Inde s’émancipe lentement de sa dépendance à l’Empire britannique, Sam le constate et comprend que c’est le vent de l’Histoire, Sat est partagé entre son devoir de policier et sa nationalité.