Avers

Avers

LE CLEZIO J.M.G.

Le Lecteur n'en a pas encore fini avec sa découverte de ce nouveau recueil de nouvelles concoctées par J.M.G. Le Clézio. Il y reviendra donc au cours des prochaines semaines. Juste une brève parenthèse. Au terme d'une nuit d'insomnie durant laquelle il passa près de deux heures en la compagnie du Prix Nobel. Le choc. La nouvelle qu'il relut par trois fois avant de refermer le livre et de s'essayer en vain à trouver le sommeil. Car cette nouvelle-là (page 143) - La rivière Taniers - l'avait à ce point bouleversé que le dit sommeil se refusa à lui. Les yeux clos, au plus profond de ses songes, il vogua à son tour vers l'île Maurice, à la recherche de Yaya. L'esclave qui eut en charge l'allaitement puis l'entretien de quelques-uns des ancêtres de J.M.G. Le Clézio. Un texte prodigieux. Que le vieux Lecteur proposera très bientôt à la curiosité de sa petite-fille.

Je l'écoute et je sais que c'est la voix de mon, grand-père qui parle par sa gorge, cette voix grave et chantante, qui dit le seul poème créole que j'aie jamais connu, le poème qui vient du fond des âges, du fond de la ravine où les travailleurs noirs sont enfermés le soir, du fond de la gorge des femmes qui font téter leurs bébés, et je sais que c'est ce lait que mon grand-père a bu dans son enfance, ce lait blanc de la nénéne noire, et qu'il a bu avec le lait les paroles du chant mélancolique des serviteurs et des servantes... "