La Trilogie de Daevabad, tome 1 - La Cité de Laiton

Par Mana_


Dans les rues du Caire du XVIIIe siècle, Nahri est une jeune escroc aux talents inégalés : lecture de la main, exorcismes et un mystérieux don de guérison ; elle a fait des nobles ottomans sa cible principale dans le but de survivre. Un jour, pendant l'un de ses "coups", elle invoque accidentellement Dara, un mystérieux guerrier djinn, et elle va comprendre trop tard que même les stratagèmes les plus intelligents peuvent avoir des conséquences mortelles. Forcés de fuir Le Caire, Dara et Nahri voyagent ensemble à travers des sables chauds et balayés par le vent, grouillants de créatures de feu et de rivières où dorment les mythiques Marids. Des ruines de métropoles humaines autrefois magnifiques aux montagnes où les oiseaux de proie ne sont pas ce qu'ils semblent, leur périple a pour destination Daevabad, la légendaire Cité de Laiton.

Pourquoi ce livre ? Pour tout vous dire, cette fantasy d’apparence (couverture et résumé inclus) très young adult n’aurait jamais atterri dans ma PAL si je n’étais pas abonnée à la Kube, cette box de livre mensuelle. Je m’étais d’ailleurs dit non sans ironie que le livre allait traîner un moment dans ma bibliothèque sans que j’y touche… C’étant sans compter sur le Prix Livraddict, une bonne initiative pour éviter que des parutions récentes prennent la poussière sur une étagère. Bref, six mois après sa réception, le livre est lu. Hallelujah.
La Cité de Laiton n’est pas aussi young adult que je le craignais. Le début m’a d’ailleurs fait bonne impression avec des bases solides : l’héroïne nous est présentée dans un quotidien à la fois dur et comique alors qu’elle extorque deux clients. Oui, notre héroïne est une diseuse de bonnes aventures, le tout dans l’objectif de se payer des études de médecine coûteuses. La médecine a toujours été le centre de sa vie, alors que certaines capacités lui confèrent la possibilité de voir les maladies dans les corps des gens et possiblement de les soigner voire de les guérir. La première partie du roman nous plonge dans l’ambiance orientale des ruelles du Caire. C’est un décor assez peu visité dans la fantasy, si bien que j’ai eu le sentiment d’un réel voyage. Les senteurs, les couleurs étaient au rendez-vous. Après, on quitte très rapidement ce décor pour voguer au-delà du désert mais la chaleur et le soleil sont restés de la partie.
Ce premier tome est conçu sur l’alternance de point de vue entre Nahri, la fameuse héroïne douée de magie guérisseuse, et Ali, un prince de Daevabad. J’aime beaucoup cette construction, qui rend la narration dynamique et permet de nous offrir des panoramas diversifiés sur les institutions et la politique de la cité éponyme.
Mais voilà, pour une fantasy politique (ce que je souhaitais recevoir dans ma Kube ce mois-là), je suis restée sur ma faim. Oui, nous avons des échanges assez houleux entre plusieurs personnages, dans des situations où chacun tente de tirer son épingle du jeu. Oui, on a un jeu d’alliances et de manipulation dès qu’on met les pieds à Daevabad - et même avant ! Seulement, ce n’est pas très creusé et c’est assez simple de démêler le vrai du faux, la vérité derrière les masques de façade.
Pour ajouter du sel sur ma déception, la fin est bâclée. Tout va trop vite, rien n’est cohérent avec tout ce qui a été mis en place précédemment. Je parle surtout de l’émir, dont le caractère change du tout au tout sur le fondement de simples rumeurs de trahison. J’ai trouvé ça scandaleux, compte tenu des relations avec l’autre personne concernée. Par ailleurs, l’action finale est trop brouillonne, c’est difficile de suivre ce qui se passe réellement lors des combats. Enfin, l’épilogue nous envoie une “révélation” en pleine tête sauf que, pour un quidam de la fantasy, cela n’a rien d’une surprise, c’était compris dès le moment où le sujet a été évoqué.
Je ne me suis pas attachée aux personnages et leurs relations m’ont paru peu crédibles, simplement en raison d’ellipses qui ne permettent pas de percevoir combien de temps ils ont réellement passé ensemble. Je suis tout de même restée fascinée à suivre les uns et les autres et je reconnais que mon cœur s’est serré de voir l’éloignement des uns et la colère des autres. Certaines choses vont trop vite, mais il fallait bien ça pour instaurer un certain triangle. Pour un roman que je classerai tout de même en young adult par certains aspects, la romance est assez discrète et se découvre par petites touches - un peu brutales par moment, toujours en raison des ellipses. J’ai en revanche adoré les personnages secondaires comme Ghassan ou son fils émis, riches de sentiments contradictoires et de jeu de dupes.
Je ne saurais comment décrire le style de l’autrice. C’est un sacré pavé que ce premier tome et je dois reconnaître que ça se lit plutôt bien. Seulement je n’ai ressenti aucune âme dans la narration, même si les sentiments des uns et des autres sont bien retranscrits. Ce n’est pas non plus une plume vilaine, je ne la trouve simplement pas en adéquation avec son décor oriental.

Ce ne fut pas une totale réussite avec ce premier tome très difficile à appréhender pour un novice du genre mais la curiosité de lire la suite est tout de même là. Le rythme est assez inégal dans cette lecture et les événements ne sont pas amenés de façon réfléchie, l’autrice ayant préféré les éléments de surprise impromptues. Je ne me suis pas attachée aux personnages mais j’ai tout de même eu certaines réactions pour leurs relations dans l’ensemble belliqueuses. La fin est précipitée, confuse, et manque de cohérence avec tout le développement qui précède, toutefois je reste curieuse d’en apprendre plus sur l’avenir de Nahri et avide de découvrir le reste du monde des Djinns. Je partais très pessimiste quant à ce roman mais force est de constater que je lirai probablement la suite prochainement.

14/20
Les autres titres de la saga :
1. La Cité de Laiton
2. Le Royaume de Cuivre
3. L'Empire d'Or
- saga terminée -