Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition détermine quel clan va dominer l'île pour la décennie à venir. Les perdants subiront la tradition du « banquet » : une journée d'orgie où les vainqueurs peuvent réduire en esclavage, tuer, violer, et même dévorer leurs adversaires. Il y a dix ans, Faolan, fils du chef de clan déchu, a assisté au massacre de sa famille. Sauvé par le fils du chef victorieux, Torok, il est depuis lors son esclave et doit subir ses fantaisies perverses. Sa seule perspective d'avenir est de participer à la compétition de « l'homme-oiseau », afin de renverser l'équilibre des pouvoirs en place et de se venger. Qui du maître ou de l'esclave va remporter la bataille ? Quel enjeu pour les habitants de l'île ? Quel est le prix à payer pour la victoire ?
Pourquoi ce livre ? J'ai découvert l'autrice dès ses débuts chez Scrinéo et j'ai bien aimé son imaginaire. De fait, je suis toutes ses parutions et si je ne les lis pas rapidement, chacune de ses œuvres finit à un moment ou à un autre entre mes mains.
Pour une fois, j'ai eu grandement du mal à entrer dans l'univers du Dieu Oiseau. On découvre un personnage torturé, Faolan, esclave d'un jeune homme monstrueux. Cela laisse forcément des séquelles dans le corps, l'âme et la pensée du protagoniste, très morose. Les envies de vengeance étreignent son cœur et le motivent pour les épreuves à venir, un rituel qui revient tous les dix ans. On comprend très vite à quel point l'univers est sombre, la situation géopolitique assez faible présente des inégalités prononcées. Ce début a souffert de ma lecture en parallèle. À deux jours près dans mon planning de lecture, les deux héros principaux ont vécu le même drame familial dans leur jeunesse. C'est quelque chose de très dur, vraiment horrible, très inhumain. Mais c'était précisément les mêmes exactions. Et je l'ai découvert en deuxième dans le roman d'Aurélie Wellenstein, si bien que son introduction très lourde a souffert de cette répétition. C'est malchanceux mais c'est ainsi.
Il m'aura fallu un bon tiers pour enfin être happée par le récit, étant donné le début très psychologique, manquant d'intensité. Une fois au coeur des épreuves, et mieux encore sur cette fameuse île oiseau, la tension enfle progressivement et c'est devenu de plus en plus difficile de lâcher le livre. J'adore les battle Royal et j'ai été servie ici, avec des menaces qui reposent sur le mystère voire le rêve. Avec ce nouveau Faolan, il est impossible de départager ce qui revient de la réalité ou du fantasme. Je me suis laissée entraîner dans cette jungle où tous les dangers, tous les coups sont permis. J'ai moins aimé la fin, qui oscille entre délire métaphysique et compréhension de son moi. Ce fut passionnant de voir les réactions de Faolan, ses discussions et ses décisions, mais je reste sur ma faim quant à son choix final. Pour moi, un de ses concurrents avait donné la solution à ce problème qui revient inexorablement tous les dix ans… et Faolan a préféré ne sauver que lui-même… Déception de ce côté-là, l'intrigue aurait pu prendre une autre tournure.
Malheureusement je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages. En dehors de Faolan, je ne trouve pas qu'ils servent un discours, ils font simplement le jeu de ce culte. Seul l'homme qui a donné une solution à Faolan a gagné ma sympathie mais ce n'est qu'une apparition de quelques lignes. Quant au Dieu oiseau, je ressors sceptique quant à sa véritable nature, ce qui me donne le sentiment de ne pas avoir eu toutes les clés en mains pour comprendre son rôle.
Autre point qui a enfoncé ma lecture, c’est le manque total de sentiment dans le style d’Aurélie Wellenstein. Alors que je lui trouvais une force dans mes autres lectures écrites par cette autrice, je ressors avec le sentiment d’avoir lu sans m’être sentie concernée par les problèmes terribles qu’il y a sur l’île. Le style d’écriture ne m’a pas immergé dans ce monde dangereux, dans la pensée de Faolan comme elle aurait dû le faire. Oui, elle se lit toujours aussi bien, même avec un sujet aussi grave, cependant je ne l’ai pas trouvé en phase avec l’univers et son décor - ou, au contraire, trop en phase avec l’absence de compassion et d’émotions positives dans cet horizon morne.
Je ne suis pas totalement passée à côté de cette lecture, étant donné que j’adore les battle royal et que c’est ce qui se déroule ici sous nos yeux pendant une bonne moitié du roman. C’est l’autre moitié qui ne m’a pas convaincue, avec des personnages dont il est impossible de s’attacher et d’une plume qui manque d’âme. Ajoutez à cela une fin qui ne m’a pas convaincue, je ressors ainsi mitigée. J’ai bien aimé les moments de tension et les réflexions, sans apprécier et être en accord avec ce qu’il en découle. Deux déceptions à suivre pour cette autrice, j’espère que ma prochaine découverte, prévue dans quelques semaines avec Yardam, me convaincra davantage… En attendant, je ne conseille pas d’entamer votre plongée dans sa bibliographie par celui-ci.
11/20