Z comme zombie - Iegor Gran
P.O.L (2022)
Dès le début, Iegor Gran nous prévient :
Les transes zombies retranscrites ici, aussi démentes qu’elles paraissent, sont absolument avérées. Rien n’a été exagéré et beaucoup a été omis. Certes, « tous les Russes ne sont pas comme ça », comme le clame la sagesse du bistrot de gare – à laquelle je souscris volontiers. Il n’empêche. La mutation de la Russie en un Zombieland toxique est ce qui a rendu la guerre possible. Il s’agit maintenant de comprendre les rouages de cette folie, ou, à défaut, de s’en approcher, pour pouvoir nous en prévenir, et, éventuellement, soigner les sujets atteints.
C’est ainsi que commence ce livre, un pamphlet assumé contre une partie de la population russe, composée de ceux que Iegor Gran nomme les zombies.
Ceux qui n’ont jamais digéré la fin de L’URSS, ceux qui rêvent à un retour de la Grande Russie. Ceux qui nient la réalité, ceux qui accusent l’Ukraine de se bombarder elle-même, ceux qui voient avec fierté leurs enfant partir combattre et qui sont tout aussi fiers quand il revient dans un cercueil. Encore ont-ils la chance de récupérer un cadavre, car beaucoup de corps de soldats russes ont été abandonnés sur les champs de batailles.
Z comme zombie mais aussi comme cette lettre peinte sur les chars russes, les véhicules militaires, les bâtiments en signe de soutien à l’armée Russe ou alors comme une menace sur les portes de ceux qui ne manifestent pas suffisamment leur soutien, ou qui ont eu le courage de dire leur désaccord.
D’où vient ce sentiment de supériorité de certains, cette « certitude qu’ils ont été désignés par quelque puissance divine pour accomplir de grandioses et tragiques desseins » ? L’auteur l’explique en convoquant les grands auteurs russes, et Pouchkine en particulier. Il montre aussi que ces russes ne reconnaissent que la violence, la domination, considérant toute indulgence à leur égard comme une faiblesse dont il faut tirer profit, comme une raison d’écraser l’autre.
Iegor Gran rapporte aussi l’influence de la télévision, surnommée la Zombocaisse, et nous livre quelques fake news, qui feraient sourire si elles n’avaient pas des conséquences aussi dramatiques.
Alors, oui, c’est un livre qu’il faut lire de toute urgence pour comprendre les sources de l’attaque en Ukraine, mais c’est un livre qui donne aussi la nausée, qui fait peur, face à la bêtise humaine, l’ignorance et l’inhumanité.
Un exemple de propagande à la télévision :
Ou bien : des agents subversifs ukrainiens ont tartiné des faux billets de banque avec une mélasse à haute teneur en bacilles de Koch. Puis ils ont distribué ces billets à des enfants à la sortie des écoles dans les environs de Slovianoserbsk, en territoire indépendantiste de l’est, dans le but de lancer une épidémie de tuberculose. (page 68-69)D'autres avis sur Babelio.