Auteur : Gérard Saryan
Éditions : Taurnada
Parution le : 19 Janvier 2023
384 pages Thème : Thriller
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Une seule seconde d'inattention et la vie d'Alice bascule : Dimitri, 4 ans, le fils de son compagnon, échappe à sa vigilance.
En panique, la jeune femme part à sa recherche, mais elle est victime d'un grave accident. À son réveil, elle doit se rendre à l'évidence : l'enfant a été kidnappé.
Rejetée de tous et rongée par la culpabilité, la " belle-mère négligente " n'a désormais qu'une obsession : retrouver Dimitri, coûte que coûte. Ignorant alors tous les dangers...
Sans le soupçonner un instant, Alice va se précipiter au centre d'une toile tissée par la pire des trahisons. "
Je remercie la maison d'éditions Taurnada pour l'envoi de cette nouvelle lecture. J'avais déjà eu la chance de découvrir la plume de Gérard Saryan avec son premier livre Prison Bank Water, dont vous pouvez retrouver la chronique en suivant ce lien et cela avait très très bien fonctionné. J'avais beaucoup aimé la plume de l'auteur et son imagination, alors forcément quand les éditions Taurnada propose un titre avec un auteur que j'ai déjà lu et grandement apprécié, impossible de dire non. D'ailleurs, j'ai adoré cette lecture également, et je dirais même plus : il a frôlé le coup de cœur. Je parlais d'imagination, alors continuons de suite : l'auteur n'en manque pas. Le résumé n'est qu'une infime parcelle de ce que vous allez retrouver dans ce récit. Une femme enceinte qui part quelques jours avec les enfants de son futur époux ; la gare où tout est possible et la disparition de Dimitri laisse perplexe tout le monde. Comment un enfant de 4 ans a bien pu disparaitre dans cette foule, alors que deux trains sont arrivés en même temps que des musiciens jouaient pour les enfants, que des caméras sont partout ? Justement, trop de monde, trop de péripéties, trop de gens peu honnête pour être crédible, mais face à la police, tout le monde se tait. Alice qui va vivre un enfer personnel suite à cette disparition et un accident qui va la mettre dans tous ses états va décider de faire sa propre enquête. Jusqu'où peut aller une belle-mère qui adore les enfants de son fiancé et qui voit la plupart des gens lui tourner le dos ? Son destin n'est plus entre ses mains depuis bien longtemps et l'avenir reste bien incertain autant pour elle que pour Dimitri...
C'est une multitude d'enquêtes qui nous tombent dessus, une multitude qui tombe sur Alice et nous ne pouvons nous demander qu'une chose : cela va s'arrêter quand ? L'auteur ne s'arrête pas uniquement à l'enlèvement de ce petit garçon qui n'a rien demandé à personne, il ne s'agit que du haut de l'iceberg. Impossible de comprendre en quelques pages ce qui se trame véritablement, il faut creuser et mettre de côté tous les soupçons, autrement il faut bien comprendre que tout le monde est coupable d'un phénomène ou d'un autre. C'est peut-être bien le cas, les crimes impunis peuvent le rester longtemps, mais un jour, la roue tourne et c'est là que la police fera son œuvre d'une manière ou d'une autre. Ce qui est entre mes mains, c'est un véritable puzzle. Concours de circonstances ? Non, l'auteur pose des éléments et s'ils paraissent aux premiers abords un "truc" qui ne sert à rien, c'est faux. Tout sert, tout se transforme, tout se crée en autre chose. C'est réfléchi, prenant et absolument pharamineux. La vie d'Alice a pris un tournant sans qu'elle ne s'en rende compte et bien avant que Dimitri ne soit enlevé. Entre Paris et Lyon, quelques heures de train, mais que dire entre la France et l'Albanie ? Quel rapport avec l'enlèvement et surtout pourquoi Dimitri ? Car si Alice touche du doigt un trafic d'enfants, ce petit garçon ne fait pas partie de ceux qui sont habituellement enlevés, alors que se passe-t-il réellement ? C'est noir, sournois et absolument fou d'imaginer un plan si diaboliquement crée. Je me suis un peu perdu avec les nombreux personnages et je dois admettre que si ce n'est pas un coup de cœur, c'est parce que j'avoue que certains d'entre eux m'ont laissé un gout particulier : un de ceux qui me fait me demander, mais il a fait quoi en fait ? Passé ces légers détails, le récit est prenant, impossible de le lâcher, je devais savoir qui, où, pourquoi, comment, bref je me devais de tout savoir avant de dormir, merci pour la nuit trop courte monsieur l'auteur, mdr.
Pas de maître corbeau sur un arbre perché, mais plutôt un écureuil qui veut continuer à vivre au-dessus des autres sans être atteint par la méchanceté, la cruauté et la trahison. Alice se sent coupable de la perte de Dimitri et son enquête va la mener bien plus loin que les frontières de la France. Entre ceux et celles qui ne la comprennent pas et les autres qui vont l'aider, les personnages montrent leurs vraies natures. Amis, ennemis, inconscients, solidaires, il suffit de peu pour retrouver ceux qu'on aiment et qui vous aiment vraiment, il faut peu de choses pour finir dans un caniveau la tête en feu. Rechercher Dimitri c'est mettre le doigt dans un engrenage qui ne va pas apporter que la paix de l'esprit. D'autres enfants ont disparu, des enquêtes policières sont en cours, de la terreur qui s'étale autour de ce personnage féminin qui n'a plus vraiment personne à ses côtés. Meilleurs amis, amant, famille du sang ou non, Alice va faire de nombreuses rencontres. Si pour certaines d'entre elles cela adoucira quelque peu ses esprits, d'autres sont vraiment là pour l'envoyer en enfer. Le récit se fait sur plusieurs mois, voire des années. Nous avons un saut dans le temps qui fait froid dans le dos. Les longs séjours obligés qu'elle a vécu la rende plus fragile physiquement et mentalement, mais elle a gardé toute sa hargne, sa combattivité et surtout son esprit vif malgré certains points. Je ne peux en dire plus à son sujet, il faut juste garder en mémoire qu'une femme mise le dos au mur à deux solutions et celle d'Alice et de combattre à n'importe quel prix pour la liberté, celle de son enfant et la sienne.
Quand je disais pas de maitre corbeau, c'est en souriant que je note de nouveau ces mots, car en y réfléchissant bien, point de camembert en l'état, mais nous avons malgré tout des corbeaux qui attendent de foncer sur leurs proies et des détails qui semblent insignifiants qui ne le sont pas. Les dossiers s'empilent sur les tables, enlèvements, séquestrations, prise d'identité, violence aggravée ou non, meurtres, Alice ne sera pas seule dans cette enquête et va apprendre à ses dépends que les plus proches sont parfois les plus terribles aussi bien en mots qu'en actes. C'est un peu trop par moment, impossible de souffler vraiment et heureusement que le saut dans le temps le permet quelques secondes avant de comprendre que rien n'est vraiment terminé. Les personnages se mêlent, s'emmêlent, se cachent, font ce qu'ils désirent : l'appât du gain ou l'envie de faire du mal peut-être, toujours est-il que la jalousie est mise en avant et que l'identité des uns se perds dans celles des autres. Plus nous avançons dans cette enquête à plusieurs branches, plus nous risquons de nous perdre un peu plus et Alice ne résiste pas non plus. Le rythme s'accélère, les balles font mouche et alors que des personnages semblent lui en vouloir à mort pour une raison que nous ignorons, ils seront présents : personne n'a le droit de toucher un enfant. Et puis nous avons de nombreuses révélations qui nous laissent assis, la trahison n'est rien en comparaison des trafics, des mensonges et des non-dits. La trahison n'est rien lorsque nous nous retrouvons face à une vérité qui fait terriblement mal : comment imaginer qu'une personne est capable de cacher autant de choses ? Comment imaginer l'horreur provenant d'une personne si proche ? Qui est capable de perdre son humanité ?
De nombreux thèmes sont mis en avant également : les frontières et les migrants, les enlèvements d'enfants, les pertes de connaissance, l'envie de prendre la place d'un autre, la médisance, la jalousie, le rôle de la belle-mère dans une famille, les enfants dans un ménage recomposée, la place de la mère dans tout cela, les envies de meurtres, le fait de dénigrer l'autre parce que c'est de sa faute. Des histoires qui ne font pas qu'exister entre ces pages, des moments terribles qui existent vraiment, pas forcément toutes en même temps, mais la vengeance semble être un plat qui se mange froid et l'attente de plusieurs années peut également donner des frissons de déplaisir dans le dos et pas que. La police enquête depuis longtemps sur une personne surnommée "la demoiselle" capable de rivaliser avec n'importe quel caméléon. De nombreuses pistes sont désignées du doigt sans pour autant que nous comprenions bien le pourquoi. Existe-t-il un lien entre tout ce qui arrive à notre personnage principal ? Car même si je n'ai paré que d'elle, c'est Alice qui prend tout en pleine face. Alors oui, nous avons Guillaume qui m'a tapé sur le système, tout comme son père et son ex bien sur. La façon de parler des gens qui ne savent pas ce qui s'est passé, mais qui ont toujours le dernier mot de l'histoire. Les quelques mots de Barbara, la grande sœur de Dimitri qui nous dirige sur un point crucial qu'il ne faut pas oublier et qui était visible depuis un moment. Et puis nous avons Diane/Diana qui a une vie compliquée avec son époux, toujours prête à aider Alice, sans oublier Hugo (tiens il me fait penser à mon propre frère lui...) sans oublier Annie (la peau de vache, du départ je ne l'aimais pas de toute façon pour une raison propre), Sara douce, gentille et pleine de bonnes intentions, Brigitte qui sera un véritable souffle nouveau pour Alice, Marco et son besoin d'être justicier... Et tant d'autres qui ont plus ou moins d'importances que ceux déjà désignés au-dessus, mais qui laissent des traces sur le lecteur et sur le fait qu'il faut toujours se méfier malgré tout.
" J'avais roulé à travers bois sans but précis. Empruntant un itinéraire qui n'en était pas un, j'espérais avoir semé mes poursuivants, mais malheureusement il n'en était rien. Nous entendions leurs sirènes se rapprocher sans cesse. Soudain les yeux lumineux et orangés d'un animal apparurent dans la nuit. On aurait dit un renard.Je détournai le tout-terrain de sa trajectoire pour éviter une collision. Ce réflexe fut salutaire, mais il obligea le Range Rover à s'immobiliser à mi-chemin d'un talus en terre. Les roues motrices patinèrent l'espace d'un instant, et comme me l'avait précisé Guillaume lors d'une excursion, il était préférable de laisser le véhicule glisser sur l'arrière afin de reprendre de l'élan. Guillaume. C'est drôle comme la vie peut parfois vous jouer des tours en vous adressant un clin d'œil approprié. J'avais une pensée pour lui, l'imaginant me sermonner pour une prise de risques incompréhensible. Cette image eut le mérite de me galvaniser tout autant que la proximité de la police albanaise à nos trousses me terrifiait. J'appuyai franchement sur l'accélérateur avec l'idée de franchir cette butte coûte que coûte. J'y parvins dès le premier essai, éteignant ensuite feux et moteur. "