Ce pays qu'on appelle vivre - Ariane Bois

Ce pays qu'on appelle vivre   -   Ariane Bois
Ce pays qu'on appelle vivre   -   Ariane Bois
















PlonParution : 12/01/23Pages : 288
EAN : 9782259311151
Prix : 20.50 €
Présentation de l'éditeur
Un grand roman d’amour et de résistance à travers l'histoire des Milles (Aix-en-provence), le seul grand camp d’internement et de déportation français encore intact.

Jeune caricaturiste de presse juif allemand, Leonard Stein voit sa vie basculer quand Hitler arrive au pouvoir. Réfugié sur la Côte d’Azur après avoir combattu pour la liberté en Espagne, la guerre le rattrape. À l’été 40, il est envoyé aux Milles, camp d’internement situé à sept kilomètres d’Aix-en-Provence.
Leo n’a qu’une idée en tête : s'échapper par tous les moyens. D’échecs en vaines tentatives, il finit par rencontrer une volontaire marseillaise d’un réseau de sauvetage, juive elle aussi, Margot Keller. Alors que leurs efforts conjugués paraissent porter leurs fruits et annoncer la liberté, l’été 42 arrive, meurtrier et cruel, faisant vaciller leurs espoirs. Mais les deux amants semblent croire à l’impossible…

L'usine de tuiles des Milles verra passer 10 000 étrangers, en majorité juifs. Un lieu de détention effroyable mais aussi un centre de culture, de création, peuplé par des intellectuels et des artistes opposés au nazisme, dont Max Ernst et Franz Hessel. Une histoire encore très peu connue, l’ouverture au public du site-mémorial datant de 2012 seulement. 

Ce pays qu'on appelle vivre   -   Ariane Bois

Ariane Bois

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Ariane Bois est romancière, grand reporter et critique littéraire. Elle est notamment l’auteure, récompensée par de nombreux prix littéraires, du Gardien de nos frères (Belfond, 2015), Dakota Song (Belfond, 2017), L’Île aux enfants (Belfond, 2019), finaliste du prix Maison de la presse, et L’Amour au temps des éléphants (Belfond, 2021). Son dernier récit, Éteindre le soleil, est paru chez Plon en 2022.

Mon avis

J'ai toujours beaucoup de plaisir de retrouver l'écriture d'Ariane Bois qui dans ce dernier opus nous raconte les oubliés de la guerre.

Direction le camp des Milles près de Aix en Provence, un camp d'internement et de déportation conçu et administré par des français durant la seconde guerre.

Léo Steim, ancien dessinateur de presse allemand d'origine juive, pensait avoir trouvé refuge avec d'autres intellectuels allemands indésirables à Sanary sur la côte d'Azur.

Cependant l'été 40, la guerre le rattrape et il est emmené par la gendarmerie française dans le camp des Milles, une ancienne usine de tuiles désaffectée, dans laquelle on rassemble les étrangers indésirables.  Ce camp deviendra  avant de devenir un camp de déportation, un camp d'internement, de détention aux conditions innommables.

Pour y survivre, les "détenus" s'accrochent à la culture, à la création : théâtre, dessin, peinture leur permettent de tenir !

Parmi les personnes enfermées on trouve entre autre Max Ernst, Karl Bodek (peintre de fresques dans le réfectoire des gardiens), Max Schlesinger (théâtre), Franz Meyer (dessinateur) , ce sont ces personnages qui ont inspiré Ariane Bois pour ce roman.

Mais il y a aussi l'amour en la rencontre de Margot, une jeune juive française qui apporte son aide avec l'association CAR apportant de l'aide aux réfugiés.

Les personnes enfermées n'ont qu'une seule envie: FUIR pour échappper à ce qui suivra, la déportation.

Ce magnifique roman c'est aussi l'occasion de mettre en avant les Justes ayant oeuvré au sauvetage de nombreux Juifs : le journaliste américain Varian Fry, le diplomate mexicain Gilberto Bosque ou encore le pasteur Henri Manen ou le couple Boyer.

Merci Ariane pour ce magnifique roman très documenté qui permet de découvrir un pan de l'Histoire peu glorieux mais surtout de ne pas oublier.

Ma note : 9/10

Cela m'a donné envie de me documenter, allez faire un tour sur le site mémorial du camp des Milles


Les jolies phrases

Chacun se bat ici contre les mêmes ennemis : l'incertitude, l'angoisse, l'errance immobile, l'absurdité et la poussière rouge. Celle-ci envahit tout, une fine couche sanguinolente qui pénètre dans les pores, la nourriture, les yeux, les vêtements. 

Le sommeil est une denrée précieuse, au camp : il symbolise la liberté, l'envol, les souvenirs d'une vie meilleure, l'oubli de tout.
Comment la France, ce pays qui leur avait offert l’hospitalité, accordé le droit d’asile, pouvait-il ainsi les parquer comme des bêtes ?
La guerre ne tue pas seulement les hommes, elle massacre aussi les rêves, les espoirs de toute une génération.

Les rares hommes consignés aux corvées s'estiment chanceux ; tout pour échapper à la torpeur des jours qui se ressemblent, à l'inaction qui rend fou.  Le camp avale les hommes, en commençant par leur esprit, et recrache des êtres brisés, à la limite de la folie.

L’enfance est un pays éphémère dont on est chassé trop tôt.
Le camp détruit toute individualité, toute velléité de se démarquer des autres. On fait partie d'un troupeau, celui des internés.
Les émigrants finalement ne survivent que grâce à la bonté des uns et à la négligence des autres.
La guerre, c’est ça aussi, ne vivre que dans le moment, tenter d’oublier le reste et, surtout, ne pas imaginer un futur plus qu’incertain.
Il comprend enfin que celle-ci a maintenu Jakob en vie, les livres ont été ses amis, ses confidents, ses refuges, et la littérature un abri, un monument de papier, un mausolée pour apaiser sa peine.
C'est l'éclipse de l'humanité.  Il ne reste que le silence, le recueillement dans cette douleur qui enserre son coeur.  Comment imaginer un lendemain ?


Combien de camarades faudra-t-il enterrer avant de rompre leurs chaînes?
Avec Franz, Oskar et Lisandro, ils formaient un rempart contre la folie du monde et puisaient courage et force dans leur camaraderie.  Comment continuer?  Qui sait quand ils se retrouveront?

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