" Les sables de l'empereur "
Le Mozambique. La colonisation portugaise. Fin du 19° siècle. Laquelle se heurte à une résistance désordonnée des tribus qui peuplaient cet immense pays africain. Et qui doit composer avec l'hostilité des autres puissances européennes qui étendent leur emprise sur le continent. Une violence extrême. Que bénissent les Eglises qui accompagnent et soutiennent les œuvres impies perpétrées par les soldatesques. Les Eglises dont la plus puissante d'entre elles, l'Eglise catholique.
Dans ce cadre historique succinctement résumé, Mia Couto a composé une fantastique chanson de geste (le vieux Lecteur s'autorise à ranger le roman sous cette bannière littéraire-là), laquelle s'articule autour de deux personnages principaux : Germano et Imani. Germano, le jeune républicain portugais, embrigadé de force dans l'armée coloniale, et qui sait qu'il ne retrouvera jamais sa terre natale où vieillit sa mère. Imani, éblouissante jeune femme africaine qui, et parce qu'elle maîtrise la langue portugaise, deviendra son interprète. L'un et l'autre embarqués dans ces guerres qui visent à la soumission des peuples indigènes aux Puissances européennes lesquelles, tout au long de la fin du 19° siècle, n'auront eu de cesse de piller les richesses de cette terre martyrisée par des conflits internes qu'elles suscitent et nourrissent. Germano et Imani. Leurs amours contrariés. Leur volonté de résister à la violence qui les cerne. Celle dans laquelle se complait Mouzinho de Albuquerque, l'exécuteur des basses œuvres qui sont le lot de la monarchie portugaise, personnage central des conquêtes nécessaires à la survie de son pays et d'un régime politique finissant. Celle dans laquelle évolue sans jamais savoir où il va et ce qu'impliquent pour lui ces guerres l'empereur Ngungunyane.
Un roman d'une prodigieuse puissance. Qui a passionné de bout en bout le vieux Lecteur !