Je remercie les Editions Métailié pour ce partenariat.
Sigrún Pálsdóttir
Biographie de l'auteure
Sigrún Pálsdóttir est née en 1967 à Reykjavík. Écrivaine et historienne, elle a un doctorat de l’Université d’Oxford sur l’histoire des idées. Un coup de tête a remporté le Prix de littérature de L’Union européenne 2021.
Présentation de l'éditeur :
À la fin du XIXe siècle, à Reykjavík, un veuf excentrique élève sa fille pour tenir la maison, cuisiner, broder (elle y révèle un talent rare), mais aussi l’aider à cataloguer ses recherches archéologiques islandaises. C’est sans compter sur les rêves de voyage et l’esprit d’indépendance de la jeune fille.
Elle décide sur un coup de tête de partir pour New York proposer ses compétences à un collectionneur en emportant avec elle un objet unique et inestimable. Un malheureux hasard la conduit dans un atelier de couture des bas-fonds de Manhattan. Elle nous surprendra grâce à sa ténacité et son intelligence.
Un court roman efficace et passionnant, une tragicomédie sur la préservation de l’héritage culturel, un texte sur les coïncidences qui déterminent les destins autour d’un personnage attachant et déroutant qui suit sans faille son chemin vers la liberté.
Ma chronique :
Nous sommes en 1897, afin de fuir un quotidien tout tracé, la jeune Sigurlina va tenter le tout pour le tout et quitter son Islande natale pour New York. Elle laisse un père copiste auprès duquel elle à appris la profession et un jeune frère qui a le droit d'aller à l'université alors qu'elle n'y a pas sa place. De sa défunte mère elle a appris la couture et la broderie où elle excelle. Sur un coup de tête cette jeune fille courageuse et éprise de liberté va devoir affronter la dure réalité. Une belle histoire d'indépendance et de femme qui nous parle d'une autre époque où le patriarcat prédominait. L'auteur nous dévoile aussi sa passion pour l'histoire de son pays en plaçant des éléments qui s'intègrent parfaitement à la fiction. J'ai aimé découvrir la compétition pour savoir qui de Christophe Colomb ou de Leif Erikson avait découvert l'Amérique. L'arrivée à Ellis Island passage obligé pour tous les émigrants à cette époque, premier pas pour cette jeune femme forte et vulnérable à la fois, qui possède des ressources insoupçonnées. On imagine aisément la rudesse de la vie en Islande, sévérité Luthérienne, pauvreté et conditions de vie difficiles. Il faut dire qu'elle n'est pas parti sans rien, elle a au fond de sa poche un objet précieux du patrimoine culturel qui ne lui appartient pas et qui va jouer un rôle important pour la suite des événements. Une écriture lente et posée qui apporte une ambiance bien particulière et nous fait ressentir l'époque et ses diktats. Le personnage de Sugurlina est touchant, on ne peut qu'éprouver de l’empathie et une dose d'admiration pour sa détermination et sa fidélité à son pays. Elle traverse de nombreuses épreuves et poursuit son chemin sans faiblir. Un roman court et original qui donne une nouvelle définition des coïncidences et de la destiné. Bonne lecture.
Citation :
Tout cela avait marqué le début d'une existence étrange, une vie dénuée de sentiments, des événements qui se perdaient dans le brouillard, puis quelque temps plus tard le petit garçon, son autre frère, était mort également. Sans qu'on sache comment, la maison avait fini par s'emplir de meubles. Sans qu'on sache comment, Sigurlina avait fini par se retrouver à la cuisine, s'affairant aux fourneaux, ils avaient fini par s'asseoir tous les trois à tables pour prendre leurs repas. Et elle avait fini par s'habituer à l'image que son père et son frère suscitaient en elle l'absence de sa mère, à cette impression qu'on a de ne pas exister tout en ressentant l'immense souffrance engendrée par le vide infini qui vous déchire l'âme. Entrée dans un univers tout nouveau en arrivant à Reykjavik, elle avait l'impression de ne plus percevoir le monde qu'à moitié. Le monde, elle l'avait jusque-là observé au côté de sa mère.