« Je suis de l’autre côté. Dans le monde du souvenir. »
Syrie. Mahmoud est un vieil homme à présent. Il a pris l’habitude de sortir seul et de naviguer sur sa barque en bois de pin, sur le lac artificiel el-Assad qui a englouti sa ville natale il y a de cela plusieurs années, en 1973. Lorsqu’il plonge, il se retrouve à palmer et nager au-dessus des ruelles de son passé, il survole sa mémoire. Il rame au-dessus de ses souvenirs – sa maison d’enfance, ses parents, l’enfant qu’il a été, son premier amour.
« Chaque jour je nage jusqu’à me revoir enfant. »
La guerre gronde. Le sang coule. Et le vieil homme égrène ses souvenirs au fil de ses escapades sous-marines. Sa femme Sarah, éprise de poésie russe. Son séjour en prison. Sa première femme, Leila. Ses enfants. Ses poèmes.
Un roman-poème qui se déroule, vers après vers, mélancolique, où l’écriture, à l’image de la nage, ravive la douleur tout en apaisant le cœur. Un texte hanté par l’absence qui ne se laisse pas qualifier aisément : poésie ? théâtre ? Une certaine mise en scène poétique, pleine de grâce. C’est la voix d’un homme au seuil de la fin de sa vie, un poète, qui parle de la perte d’êtres chers, de la guerre qui ravit tout.