Tom Drury : La Contrée immobile

Par Lebouquineur @LBouquineur

Tom Drury, né en 1956 dans l’Iowa, est un écrivain américain. Diplômé en journalisme de l'Université de Iowa en 1980 il a travaillé dans plusieurs quotidiens avant de publier des nouvelles dans de prestigieux magazines comme le Harper's Magazine ou le New-Yorker. Auteur de six romans à ce jour, La Contrée immobile son avant-dernier, date de 2012.

Un roman que j’ai aimé mais vraiment très spécial ! Bien que difficile à résumer, je suis bien obligé d’en passer par là pour évoquer ce livre.

Shale, petite ville du Midwest. Peter Hunter notre héros, est un jeune homme assez tranquille de nature, ne tentant jamais de forcer le destin, il se laisse porter par la vie. Un jour, patinant sur le lac gelé, la glace cède et il ne doit la vie qu’à l’intervention de Stella qui l’observait depuis chez elle. Plus tard, lors de la soirée du Nouvel An chez des connaissances, il sort prendre l’air, croise un vieil homme se présentant comme Tim Geer, quand il revient à la soirée, ce n’est plus la même maison et ses occupants appelle la police qui l’emprisonne. Peter ne comprend rien, nous non plus, et dès la page 39, le mystère nous choppe car Tim Geer et Stella se connaissent et ont un but concernant Peter (« - Comment savez-vous que c’est lui ? demanda-t-elle. - Sinon il n’aurait pas été là. Et puis tu as vu le patineur. »)

La suite du récit enchaine des faits plus ou moins anodins avant de tourner au polar bizarre ; Peter fait du stop, un mec louche le prend dans son pick-up pourri puis le largue sauvagement embarquant son baluchon, furieux Peter lui balance un caillou, le touche (!) et le véhicule fait un tonneau. Peter récupère son sac et en profite pour s’emparer d’un gros paquet de fric caché sous le capot. Le type n’est pas mort et va se lancer à ses trousses.

Résumé comme ça, ça ressemble à un vrai polar, pourtant c’est bien plus mystérieux/intrigant que cela, déroulé sur un rythme aérien/éthéré, avec une petite pointe de surnaturel/métaphysique qui donne tout son sens au roman : la vie, la mort, quelle différence si on part du principe qu’il y aurait une autre vie après la mort ? Ou pour reprendre le propos de Stella commentant un livre qu’elle vient de lire : « L’idée du livre est que le temps n’existe pas. Et que tout ce qui est jamais arrivé ou arrivera jamais était déjà là depuis le début. » Alors est-on maître de son destin, a-t-on le pouvoir de contrecarrer son déroulé ?

Je ne dis pas que ce roman est un chef-d’œuvre, mais moi, il m’a suffisamment étonné pour que je ne tarde pas à lire un autre livre de cet écrivain pour mieux asseoir mon jugement.