Coeurs vides

Coeurs vides

" Cœurs vides "

Ce roman de Juli Zeh que le Lecteur tenta de trouver dans le rayon " Littérature " de la librairie Sauramps à Montpellier fut en fait entreposé parmi les ouvrages de Science-fiction, le libraire ayant pris pour argent comptant les assertions notifiées blanc sur noir en quatrième de couverture par l'éditeur (Actes Sud). Ce qui semble indiquer que chez Sauramps, on considère que la politique est une science, puisque ce roman aurait pu et dû trouver sa place dans la catégorie " Politique-fiction ".

En effet. Angela M. essuie une larme que l'on pourrait qualifier de furtive : les fachos (qualifiés en termes pudiques de populistes) viennent de remporter les élections législatives. Ce qui aura pour conséquence la sortie de l'Allemagne de l'Europe qu'elle avait pourtant dominée et sur laquelle elle avait exercé une tutelle vigilante. Sauf qu'il y a un os dans le fromage teuton : Britta. Britta, c'est derrière des apparences fort sages, celles de la bienfaitrice, spécialisée dans le bien-être des nantis en souffrance, une affairiste habile qui vend à des groupes terroristes des individus pressés d'en finir avec eux-mêmes ainsi qu'avec celles et ceux qui ne leur conviennent pas. Or, un attentat perpétré à Leipzig fait découvrir à Britta qu'elle n'a plus le monopole du marché florissant dont elle avait tiré jusqu'alors de substantiels revenus. S'engage dès lors une course poursuite aux trousses de ceux (celles ?) qui ont eu l'outrecuidance de contester sa suprématie.

Bon. Certes, les cœurs sont vides. Donc dans l'incapacité de conférer au roman un peu de cette densité dont rêva le Lecteur. Car celui-ci avait gardé d'un précédent roman de Juli Zeh un souvenir plutôt agréable ( Brandebourg). Cœurs vides ne laissera en sa mémoire que d'inconséquentes traces.