Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 329
Résumé : Peu nombreux sont les rôdeurs à avoir échappé au siège de l’auberge. Ignorant souvent la survie de leurs compagnons d’armes d’un jour, ils s’éparpillent, chacun poursuivant ses propres objectifs. Quelle n’est pas leur surprise lorsque le sort les contraint une nouvelle fois à faire équipe, se retrouvant désormais complètement mêlés à la guerre déclenchée par l’Empire et à ses conséquences politiques. Peu à peu, ils découvrent que la motivation du conflit est beaucoup plus complexe et obscure qu’à première vue.
Un grand merci à Guy-Roger Duvert pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -« Cassandra se positionnait plus vis-à-vis de ses compagnons que par rapport à la quête que ceux-ci décidaient d’entreprendre. Elle se surprenait elle-même, étant convaincue jusqu’alors d’être par définition en opposition à tous et à toutes. Mais, au sein de ce groupe, elle avait un sens, une utilité, une raison d’être. Devenir indispensable aux yeux de ses compagnons pour le moins disparates était une envie de plus en plus présente, et force était de constater qu’elle avait tout à fait sa place parmi eux. »- Mon avis sur le livre -
Laissant derrière eux l’auberge où ils furent assiégés et assaillis par un groupe militaire d’élite, les quelques survivants fuient chacun de leur côté, blessés mais conscients de ne pouvoir s’octroyer le luxe de panser leurs plaies, bien décidés à reprendre le cours de leur petite vie de mercenaire, brigand, pillard ou chasseur de primes. Mais le destin semble en avoir décidé autrement : quelques jours à peine plus tard, rattrapés par les autorités, Ethan, Logan, Tobias, Trevor et Cassandra se retrouvent tous dans la même geôle ... et dans la même galère. Le conflit larvé entre l’Empire et le petit royaume de Derenos a finalement éclaté, la capitale de Derenos est encerclée de toutes parts et ses dirigeants n’ont d’autre choix que de faire escorter leur diplomate – chargé de supplier l’aide ou du moins la neutralité du pays voisin – par un groupe de malfrats dont l’instinct de survie (quelque peu stimulé par un petit tour de passe-passe empoisonné) représente la meilleure assurance-vie. Bien malgré eux, nos infortunés Rodeurs se retrouvent donc embarqué dans cette guerre dont ils ne comprennent ni les tenants ni les aboutissants … et ils vont vite découvrir que les choses sont encore plus complexes et ambiguës que ce qu’ils pouvaient imaginer. Alors que leur mission s’avère chaque jour un peu plus périlleuse que prévue, parviendront-ils à mettre de côté leurs différences et leurs différents pour se sortir tous vivants de ce guêpier infernal ?
Nous retrouvons nos « héros » là où nous les avions laissés : en fuite. S’ils sont sortis vivants de l’attaque de l’auberge, ils savent qu’ils ne sont pas encore tirés d’affaire : les voici désormais dépositaires d’un puissant et dangereux secret que l’Empire tient à tout prix à posséder … et que Derenos tient à tout prix à protéger. Les deux camps feront donc tout ce qu’ils peuvent pour mettre la main sur ces quelques survivants, soit pour les faire parler, soit pour les éliminer. Et ils ne peuvent désormais tous compter que sur eux-mêmes : à peine le danger écarté, le groupe a éclaté. Et si, quelques heures plus tôt, ils combattaient main dans la main, se protégeant mutuellement, les fuyards doivent maintenant surveiller leurs arrières de crainte d’être fauchés par leur allié d’un jour … Car nos « héros » restent ce qu’ils sont : de véritables malfaiteurs, des mercenaires et des brigands, qui ne suivent aucun autre code d’honneur que leurs intérêts propres. Ils ne sont pas là pour sauver la veuve et l’orphelin, tout ce qu’il leur importe, c’est de rester en vie, et éventuellement de vendre une information si capitale au plus offrant. Tout le contraire de ce qu’on peut attendre d’un héros conventionnel en heroic-fantasy, qui sera prêt à se sacrifier pour la victoire du bien et la survie des innocents. Et c’est assurément cela qui rend ce récit si original, si unique. Si honteusement attrayant, également.
Car malgré toutes les réticences de notre sens moral, malgré toute la désapprobation que l’on peut avoir face aux décisions et actions de ces Rodeurs … on ne peut malgré tout pas s’empêcher de « s’attacher » à eux, et de craindre pour leur vie, et de souhaiter la réussite de leur mission. Parce qu’on se rend compte que, tout criminels qu’ils soient, ils n’en restent pas moins des innocents quant au jeu des puissants, quant à cette guerre qui éclate bien malgré eux : ils sont certes loin d’avoir eu une conduite exemplaire tout au long de leur vie, mais sur le coup, ils n’y sont pour rien si l’Empire a attaqué Derenos. Encore une fois, c’est parce qu’ils se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment qu’ils se retrouvent embarqués dans une mésaventure qui risque fort de leur couter la vie. Certains estimeront peut-être que « c’est bien fait pour eux », que ce n’est finalement que justice, mais pour ma part, je ne peux m’empêcher de me révolter contre le mode opératoire de leur nouvel « employeur » : ces soi-disant représentants de la « justice » ne valent en réalité pas mieux que ceux qu’ils se donnent le droit de juger, ils ne sont pas plus moraux, pas plus éthiques, et ils le sont d’autant moins qu’ils rajoutent l’hypocrisie à leurs crimes. Shennea, elle, assume qu’elle est une « contrebandière » et non une « marchande » : au moins, elle est plus honnête que d’autres …
Et voici que débute une nouvelle aventure pour nos illustres inconnus que les coups du sort ne cessent de rassembler. Une nouvelle fois unis dans l’adversité, ils vont devoir se serrer les coudes plus que jamais pour faire face aux nombreux obstacles qui se dressent sur leur route. C’est vraiment une aventure des plus trépidantes que nous offre une nouvelle fois l’auteur : aucun temps mort, aucune longueur, tout est vraiment fait pour tenir le lecteur en haleine, pour lui donner l’envie irrésistible d’avaler toujours un chapitre supplémentaire. Et quand bien même certains schémas restent très convenus, très prévisibles, quand bien même quelques facilités scénaristiques se glissent fort peu discrètement par-ci par-là, l’intrigue est des plus efficaces. De la bonne fantasy bien palpitante, avec quelques bonnes batailles, avec quelques plans incroyables d’audace et quelques embûches angoissantes au possible : en somme, tout ce dont un lecteur peut rêver pour s’évader quelque peu du quotidien lourd et monotone en vivant par procuration une aventure haletante à souhait ! Et on n’oublie pas le goût immodéré de Guy-Roger (je me permets) pour les révélations totalement imprévisibles, les rebondissements complétement inattendus, les découvertes follement improbables et les suspenses absolument insoutenables. J’ai beau savoir que chacun de ses livres en contient, je n’arrive jamais à m’y préparer, je reste toujours ébahie, et c’est vraiment précieux, un auteur qui arrive à surprendre même ses plus fidèles lecteurs !
En bref, je pense que vous l’aurez bien compris : si j’avais beaucoup apprécié le premier tome, déjà fort prometteur, je suis encore plus charmée par celui-ci. Alors je ne peux pas nier que certains points restent encore fort confus, d’autant plus avec les retournements de situation des derniers chapitres, mais cela ne m’a nullement empêché de dévorer et savourer ce roman de la première à la dernière page ! Il y a vraiment de tout : de l’action, certes, mais aussi pas mal d’introspection, de la politique mais aussi du mystique, du mystère bien sûr … mais aussi ce qui ressemble à une petite pointe de science-fiction ! Et j’aime vraiment beaucoup ces changements d’ambiance, pour ne pas dire de genre, en cours de saga : l’auteur nous avait déjà proposé ceci avec Outsphere (où nous étions passé du space-opera à la science-fantasy), et cette fois-ci, il semblerait que nous fassions le « chemin inverse » … au point d’ailleurs que je me demande (avec une petite touche d’espoir) si les deux univers ne seraient pas en réalité reliés ! J’ai donc vraiment hâte de découvrir la suite de cette saga et de retrouver nos Rodeurs qui, petit à petit, deviennent toujours plus humains et attachants …