Aux Forges de Vulcain – 2022 – 272 pages
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Dans une ville détruite par la guerre, en Ukraine, les œuvres d’art et la mémoire culturelle du passé ont été mises à l’abri des bombes et du chaos, dans les sous-sols de la bibliothèque… Une jeune femme, archiviste, est chargée de veiller sur elles. Elle semble être la dernière encore en vie pour les protéger. Chaque nuit, ne trouvant le sommeil, K se réfugie auprès de ces œuvres et se plonge dans la lecture de manuscrits.
Une nuit, l’archiviste reçoit la visite d’un des envahisseurs, qui lui demande d’aider les vainqueurs à détruire ce qu’il reste de son pays : ses tableaux, ses poèmes, ses chansons… Son patrimoine culturel. L’homme au chapeau lui demande de falsifier les œuvres. Si elle refuse, il s’en prendra à sa sœur Mila, retenue captive, ou encore à sa mère, mourante.
Nuit après nuit, K s’attelle donc à cette tache de falsification créatrice. Heureusement, des ombres semblent veiller sur elle. De curieuses scènes surgissent devant ses yeux, tout droit venues du passé – de troublants voyages à travers les époques et les arts. A la fin de chacune des visions, un objet lui reste entre les mains – une fleur, une partition… Un passé qui n’est pas prêt à disparaître.
K se sent profondément coupable de devoir ainsi falsifier ces œuvres qui représentent son pays ; mais elle va parvenir à se jouer de l’envahisseur et à glisser des messages cachés dans chacune des œuvres falsifiées. Au fil de ses re-créations, ses propres souvenirs émergent – petite et grande histoire s’entremêlent.
J’ai été déroutée au début par ce côté surnaturel auquel je ne m’attendais absolument pas. Et puis finalement, j’ai trouvé ce procédé très beau et subtile. Ce roman est un magnifique chant d’amour à la culture ukrainienne, à la littérature, aux arts, tout simplement. Un roman qui m’a surprise et conquise.
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« La joie et le jeu colonisaient les œuvres depuis des lustres, les artistes étaient ces êtres qui déjouaient les exigences de leurs commanditaires, trouvant toujours assez de liberté entre les mailles des contraintes pour leur faire un pied de nez sans qu’ils le sachent. »
« Les textes sont ces tissus que les êtres portent, même quand ils sont nus. »