Folio – 2002 – 320 pages
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A seize ans Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer, afin de subvenir aux besoins de sa famille suite à l’accident de son père, céramiste devenu aveugle. Nous sommes à Delft, au XVIIème siècle – l’âge d’or de la peinture hollandaise.
La jeune fille s’occupe du ménage et des six enfants Vermeer. Elle a surtout en charge le ménage de l’atelier du peintre, une tâche on ne peut plus délicate – chaque objet devant retrouver sa place exacte après avoir été dépoussiéré. Griet se retrouve sous tension permanente, elle doit en effet arrondir les angles avec la gouvernante aigrie, l’épouse taiseuse et la belle-mère qui semble tenir tout ce petit monde sous son autorité. Griet doit faire attention à ses moindres gestes et ses moindres paroles.
Peu à peu, son maître commence à lui confier des tâches qu’il n’aurait jamais confié à quiconque… Préparer les couleurs, se rendre chez l’apothicaire… Au fil des jours, le peintre semble lui accorder une confiance et une intimité qui rendrait jalouses les autres femmes de la maisonnée.
La Jeune fille à la perle est un roman délicat et envoûtant ; les descriptions de tableaux sont hypnotiques. L’atelier du peintre concentre toutes les obsessions et les mystères ; la beauté des tableaux qui naissent et l’enchantement des couleurs permettent à Griet de survivre à l’ingratitude de ses tâches de servante, à ses mains crevassées, à l’éloignement de sa famille, à la perte de sa sœur... La beauté, à portée de main, est une façon pour la jeune fille de s’échapper du quotidien, et d’oublier pour un temps qu’elle n’appartient pas au même monde que les Vermeer ; au risque de se perdre.